Chapitre 7

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J'avais décidé de prendre un jour de congé, après la nuit que j'avais subie à cause de Victoria, je méritais bien un peu de repos. J'avais malgré tout envoyé un mail à ma secrétaire pour interdire l’accès de l’entreprise à Victoria. C’était hors de question qu’elle vienne mettre son nez partout dans mes affaires. C’était d’ailleurs avec bonheur que j’avais appris qu'elle ne s’était pas présentée non plus.

Lorsque Liam était venu m’apporter le double de mes clés, lui et Nate avaient tenu à me raccompagner. Sans oublier le détour pour me racheter une cafetière. Je les soupçonnais de craindre qu’une nouvelle dispute puisse éclater entre Victoria et moi. Seulement la maison était vide. Aucune trace d’elle.

Nous avions décidé d’appeler Nathan et de profiter tous ensemble du beau temps.

J'avais cogité toute la nuit à la manière de me venger, mais pas moyen de trouver quelque chose à la hauteur de ce qu’elle avait osé faire. Elle était douée. Très douée. Mais je trouverais mieux.

Lorsque Nathan était arrivé, Liam et Nate, comme bons amis qu'ils étaient, avaient raconté tout ce qu’il s’était passé hier soir sans oublier leur petit commentaire personnel. Souvent à mon désavantage. Nathan, dans une grande solidarité, soutenait mes chers amis, et rigolait de bon cœur avec eux.

— Alors ?

— Quoi ? répondis-je sans comprendre où voulait en venir Nathan.

— Tu vas te venger ?

— Bien sûr que oui.

— Tu vas faire quoi ?

— Alors là, je n’en ai aucune idée. Elle a vraiment mis la barre haute.

— Qu’est-ce qu’elle aime ?

— Manger sur mon canapé, marmonnais-je. Parlons d’autre chose, rien que d’y repenser, j’ai envie de la noyer.

— Comme ta cafetière.

À la remarque de Nathan, un éclat de rire général s’était répandu parmi eux. Pendant ce temps, je fixais mélancoliquement l'objet en question qui dérivait dans l'eau. Je n’avais toujours pas eu le courage d’aller la chercher.

— Tu comptes un jour aller la chercher ?

— Il faudrait.

— C’est qu’une machine, pas ton gosse.

Je fixais Liam du regard, comme si un troisième œil lui poussait sur le front. Je m’étais approché de lui doucement avant de le pousser dans l’eau.

Un énorme plouf s’était fait entendre et lorsqu’il avait refait surface, la tête qu’il affichait était mémorable avec ses cheveux trempés et son expression choquée.

— Qu’est-ce que tu fais ? Mon portable va être mort avec tes conneries ! avait-il bougonné.

— C’est qu’une baignade, pas ton gosse, et puis tu as largement les moyens de t'en prendre un autre, avait plaisanté Nathan en riant.

— Puisque tu es à côté, tu peux aller chercher ma cafetière ?

— Tu n’as qu'à aller la chercher, aller Thomas, lance-toi ! m’avait taquiné Liam en éclatant de rire.

Sans réfléchir, j’avais sauté à l'eau, rejoignant Liam qui semblait encore sous le choc de ma réaction. La fraîcheur de l'eau avait apaisé quelque peu la tension accumulée depuis hier soir.

Puis Nate et Nathan, restés jusque-là assis sur les transats, avaient couru dans notre direction avant de sauter. Malheureusement, je n’avais pas eu le temps de m’éloigner suffisamment et je m’étais retrouvé en train de me noyer sous le corps de Nathan.

— Mais comment peux-tu être si lourd, avais-je réussi à lui demander entre deux quintes de toux ?

— De longues heures à la salle de sport. Ne sois pas jaloux, on sait tous que je suis le plus beau de nous deux.

— N’importe quoi, c’est moi.

— Tu es sérieux ? Je me tape plus de filles que toi.

— C’est normal, elles pensent toutes qu’elles ne méritent pas une perfection comme moi.

— LIAM, NATE ! avions-nous hurlé tous les deux pour qu’ils nous départagent.

Seulement ces derniers, lâches comme ils étaient, s’étaient levés leurs mains en l’air en signe d’innocence.

— Je suis le plus beau, avais-je repris en noyant Nathan.

Lorsqu’il était remonté à la surface, il en avait fait de même avec moi.

Après quelques instants de baignade et de plaisanteries, nous étions retournés sur la terrasse, prenant place sur les transats. Même si le poids de la vengeance planait toujours dans mon esprit, j’avais décidé de profiter de ce moment de détente avec mes amis.

— On dirait vraiment un poisson quand tu es dans l’eau Liam, tu as loupé une vocation.

La phrase de Nathan avait déclenché comme un déclic dans ma tête.

— Mais oui ! Bubule et Bouboule !

Je regardais les gars fiers de mon idée, mais eux me regardaient comme si je sortais tout droit de l’asile. Évidemment, j’avais oublié de leur parler des bestioles qu’elle avait ramenées chez moi.

— Victoria a ramené des poissons et n’a pas voulu s’en débarrasser. Je pourrais lui cacher !

— C’est puéril.

— Parce que m’enfermer dehors, ça ne l’était pas Nate ?

— Dis comme ça… vous êtes peut-être faits l’un pour l’autre.

— Même s’il y avait une épidémie de zombie, je préférais sortir avec un zombie qu’avec elle. C’était une démone derrière ses airs d’ange.

Le reste de la journée s’était passé entre rires, discussions et moments de détente. J’avais réussi à profiter du moment à cent pour cent après lui avoir caché ses poissons dans ma chambre que j’avais fermée à clé. Elle habitait peut-être ici, mais elle n’avait pas la clé des portes à l'interieur de la maison.

Seulement tous les rires s’étaient interrompus lorsque nous avions entendu la porte d’entrée claquer. Le son de cette dernière avait été comme un signal et l’irritation qui avait jusque-là disparu, était revenue en un éclair, encore plus lorsque j’avais aperçu Victoria. Je pensais qu’avec mon début de vengeance, je serais plus calme en la voyant, mais je ne pouvais m’empêcher de m’imaginer en train de l’étrangler après l’humiliation qu’elle m’avait fait subir. Me virer de ma propre maison ? Jeter ma cafetière dans ma piscine ? Elle avait de la chance d’être une fille, car je n’aurais eu aucun scrupule à la frapper dans le cas contraire.

Assis dans le fauteuil, je m’étais enfoncé dans celui-ci, tout en lançant un regard mauvais à cette intruse. Pourquoi ne repartait-elle pas d’où elle venait ? Ou mieux, pourquoi ne rentrait-elle pas chez elle ? J’espérais au moins qu’elle ne s’attarderait pas dans le salon et qu’elle irait dans sa chambre.

Je voyais Liam se lever pour aller la saluer. Je le regardais incrédule, mais pourquoi faisait-il cela ? C’était mon ami, pas le sien. Je sentais la colère décuplée et une pointe de jalousie. Je la fixais avec un regard glacial, exprimant une hostilité non dissimulée. Cette intrusion était intolérable, et je peinais à comprendre pourquoi Victoria ne semblait pas saisir l'évidence : elle n'était pas la bienvenue.

— Salut, je m’appelle Liam, tu dois être Victoria, on a beaucoup entendu parler de toi.

— J’espère que ce n’était pas trop méchant, répondait-elle en me lançant un regard rempli de haine.

La réponse de Victoria était chargée de mépris. Je répliquais en haussant simplement les sourcils avec une expression innocente. Je prenais un malin plaisir à l'agacer, à la faire réagir, même si je savais que cela ne ferait qu'empirer la situation.

Tant mieux sois agacé, ce n’est pas comme si ce n’était pas réciproque. J’en avais vraiment assez qu’elle s’impose dans tous les aspects de ma vie.

— Je dirais peut-être des choses plus gentilles si je ne me retrouvais pas enfermé dehors.

— Tu ne te retrouverais peut-être pas enfermé dehors si tu ne m’avais pas transformé en schtroumpf.

— Je n’aurais pas eu à faire ça si tu ne m’avais pas déclaré la guerre avec ton café.

— Tout comme je n’aurais pas eu à le faire si toi, tu m’avais un peu plus respecté.

Nous restions à nous dévisager avec toute l’animosité dont nous pouvions faire preuve. Le reste du groupe observait cette scène tendue, essayant de dissimuler leur malaise. Nathan, fidèle à son habitude, tentait de détendre l'atmosphère avec une pointe d'humour.

Vu l’électricité qui planait ici, on aurait pu alimenter toute la ville. Vous savez ce qu’il faut pour détendre tout ça ?

Oh non, dans tes rêves Nathan, intervenait Liam qui avait enfin décroché son regard de Victoria.

Je savais que Victoria était son style de femme, mais j’espérais sincèrement qu’il ne tenterait rien avec elle. Se serait vraiment très bizarre. Sans parler du fait qu’elle allait bientôt devenir ma femme. À mon plus grand désespoir.

— Le karaoké, c’est ce qu’il y a de meilleur dans la vie.

— Pourquoi pas, ça peut être amusant, intervenait l’autre Miss Parfaite.

Génial, on dirait qu’elle allait s’incruster toute la soirée avec nous. Manquait plus que ça.

Malgré mon irritation face à la présence indésirable de Victoria, le groupe décidait de se laisser tenter par l'idée de Nathan. Nous voilà tous réunis autour du karaoké, prêts à passer une soirée divertissante. Cependant, ma motivation pour participer à cette activité était mince, étant donné la tension palpable entre elle et moi.

Alors que chacun prenait le micro à tour de rôle, je m'efforçais de garder mon calme. Victoria, quant à elle, semblait déterminée à ignorer ma présence. Pourtant, à chaque regard croisé, nos échanges muets traduisaient la profonde animosité qui persistait entre nous.

Liam, toujours aussi insouciant, se lançait dans une interprétation exubérante d'une chanson populaire. Les autres suivaient, créant une ambiance festive, à l'exception de Victoria, réservée et peu encline à participer. Son attitude dénotait clairement son malaise, mais cela ne faisait que renforcer ma satisfaction.

Nathan, espiègle comme à son habitude, proposait un duo avec moi. Malgré mon manque d'enthousiasme, je me laissais entraîner par l'atmosphère légère. Le choix de la chanson, toutefois, me semblait ironiquement approprié : "I Will Survive". Nous entamions la performance avec une énergie contagieuse, provoquant des rires parmi nos amis.

Je finissais même par oublier ma colère contre Victoria et je profitais de cet instant.

Lorsque la soirée touchait à sa fin, Victoria se retirait dans sa chambre sans dire un mot. Mon regard ne la quittait pas, laissant transparaître ma détermination à rendre chaque instant difficile pour elle. J'attendais le moment opportun pour mettre en œuvre la prochaine phase de ma vengeance.

Le lendemain, après une nuit agitée, je me réveillais avec un sentiment de satisfaction anticipée. Mon plan se mettait en place. Discrètement, je glissais hors de ma chambre et je me dirigeais vers celle de Victoria. Avec précaution, j'ouvrais la porte, découvrant qu'elle dormait encore paisiblement.

Un sourire vicieux se dessinait sur mon visage alors que je sortais de sa chambre pour attraper un seau que je remplissais d’eau glacée. Mon idée prenait forme. Avec discrétion, je versais délicatement l'eau sur elle. Victoria sursautait, se réveillant brusquement dans un état de confusion.

— Qu'est-ce qui se passe ? s'écriait-elle, regardant autour d'elle.

— Juste une petite surprise matinale, lui disais-je d'un ton faussement innocent. Il aurait été dommage qu’on arrive en retard alors que cette semaine, c’est dans ton entreprise que l’on va.

Le regard furieux qu'elle me lançait me confirmait que ma vengeance commençait à porter ses fruits. Le jeu ne faisait que commencer, et j'avais bien l'intention de rendre chaque moment aussi inconfortable que possible pour Victoria. Après tout, elle avait choisi de s'immiscer dans ma vie, et elle devrait en assumer les conséquences.

Je sortais de sa chambre, très fier de moi. La journée s’annonçait prometteuse.

L’atmosphère entre Victoria et moi était encore plus tendue. Les regards chargés de haine fusaient à chaque croisement, mais elle restait silencieuse, refusant de céder à la provocation. J'observais sa frustration grandissante avec une satisfaction intérieure, convaincu que ma stratégie de vengeance portait ses fruits. Elle ne tarderait pas à exploser comme une cocotte-minute. Le compte à rebours était lancé.

Nous nous préparions dans le calme et partions ensemble. Nous étions censés nous afficher ensemble, n’ayant pas envie qu’on se fasse des sorties en « amoureux », je préférais l’idée qu’on prenne la même voiture.

Lorsque nous nous approchions de nos voitures, nous partions chacun vers la nôtre. Forcément aucun ne voulait faire de compromis…

Vu le regard que me lançait l’autre dinde, je comprenais qu’elle ne digérait pas ma petite blague de ce matin. Il faudrait vraiment qu’elle refasse son humour.

Je décidais finalement de lui faire plaisir. Je lui lançais un grand sourire hypocrite et me dirigeais vers la porte conductrice de sa voiture.

— Tu peux t’asseoir sur le siège passager même si je pense que ta place est dans le coffre, me répliquait Victoria en me bloquant le passage.

L’ambiance dans l’habitacle était pesante. J’allais mettre de la musique, mais je prenais une claque sur la main.

— Je n’aime pas le bruit le matin.

— Tu comptes faire la tête toute la journée ? Cinq minutes ça va, mais là franchement, ça en devient agaçant.

— Tu peux descendre si tu n’es pas content.

— Tu fais dans l’originalité ? Après m’avoir enfermé dehors et tu veux me faire sortir de voiture au milieu de nulle part ?

Elle me lançait un simple regard comme réponse.

Lorsque nous arrivions devant son entreprise, Victoria se tournait vers moi, l’air plus que déterminé.

— Les règles que tu m’avais imposées dans ton entreprise étaient les mêmes pour toi ici. Je suis la patronne, bien que nos pères veuillent que l’on collabore, c’est hors de question. Tu m’as clairement fait comprendre qu’on ne se mêle pas des affaires d’un milieu qu’on ne maîtrise pas. Vu qu’ici ce n’est pas une agence d’escorte girl, tu l’as ferme, tu restes dans un coin et tu attends que la journée se termine. C’était compris ?

— Ce n’est pas une agence d’escorte ? Vu la patronne, j’aurais cru. Heureusement que tu m’as prévenu.

Elle fulminait, de la fumée sortant presque de ses oreilles et s’extirpait de la voiture, moi sur ses talons.

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