Le poids d'un instant

4 minutes de lecture

Hier, j'ai vu ma vie défiler devant mes yeux...
Non, j'exagère. Je n'ai pas failli mourir, mais j'ai eu mon premier accident.

Voyez-vous, je vis dans un petit duplex. Pour accéder à mon salon et à ma chambre, je dois monter un escalier. Mais cet escalier... Je l’ai dit dès le premier jour : il est dangereux. Raide, glissant, sans rampe pour s’y accrocher. Il fallait bien qu’un accident arrive un jour.

Il arriva hier soir.

Je jouais tranquillement sur mon canapé. Puis, j'ai eu envie d'aller aux toilettes. J'avais bu énormément d'eau. J'ai laissé tomber ma manette et je me suis levée. J'ai pris mon téléphone, car je voulais répondre à un message. J'ai pris l'escalier comme je le prends tout le temps, en biais, parce qu’en ligne droite, mes chevilles heurtent les marches. Non, ce n'est vraiment pas pratique !

Première marche, tout va bien. Deuxième marche, c'est ok. Troisième...

Un choc.

Mon dos a heurté la marche. Et j'ai glissé.

À ce moment-là, je ne sais pas vraiment à quoi pensait mon cerveau. J'ai essayé de me retenir avec mes coudes. Je pensais à la chute. Au fait que je glissais. À mon téléphone dans ma main. Au moment où ça s'arrêterait. Je ne pensais pas à la douleur ou à la personne en haut. C'est aller si vite.

Puis, je suis arrivée en bas. La personne en haut à crier, m'a appelé. Je n'ai pas pu répondre. La douleur est venue crescendo. J'ai geint. Alors, elle a dévalé les escaliers pour venir m'aider. Elle m'a demandé ce qu'il s'est passé. J'ai dit que j'avais glissé.

La douleur a augmenté. Je n'osais pas bouger, mais il fallait regarder si tout allait bien. Je me suis redressée doucement, juste assez pour m'asseoir.

Alors, la personne a soulevé mon t-shirt. Je n'ai pas compris pourquoi. Je n'avais pas mal au dos. Par contre, j'avais extrêmement mal au bras gauche. Pourtant, elle a appuyé sur mon dos et m'a demandé si j'avais mal. J'ai dit non et j'ai geint de douleur une nouvelle fois.

Les larmes ont commencé à monter. L'adrénaline s'estompait.

Je lui ai dit que c'était mon bras qui me faisait souffrir. Elle a regardé : mon coude était ouvert, il saignait. L’autre allait bien. Ni une ni deux, elle s'est mis à la recherche d'un désinfectant et d'un coton. Moi, j'ai commencé à pleurer tout en essayant de rigoler. La situation aurait pu être bien pire après tout. J'aurais pu me cogner la tête, j'aurais pu rouler et me fracturer quelque chose.

Non, j'avais seulement glissé.

Après, elle a voulu que je me lève. Mais j'avais tellement mal au bras gauche, jusque dans les doigts ! C'était le choc n'arrêtait pas de me dire la personne près de moi. Et il fallait que je me lève pour être sûre que le dos n'avait pas été impacté.

Fichu escalier de malheur, avais-je pensé.

Je me suis levée. Je pouvais marcher. Je n'avais pas mal au dos. Alors je suis allée jusqu’à la salle de bain — après tout, c’était mon idée de départ.

Devant le miroir, j’ai découvert les dégâts. Deux longues marques rouges sur mon omoplate. Un hématome déjà bien visible sur la fesse gauche. Ça brûlait. Mais ce n’était rien comparé à mon coude.

Et là, d'un coup, j'ai ressenti un effet pas très agréable.

Mon cœur s'est accéléré, ma respiration aussi. J'ai eu envie de vomir. J'ai commencé à trembler. J'ai regardé la personne qui m'attendait près de la porte. Je lui ai dit que je ne me sentais vraiment pas bien, que j'allais m'évanouir. Elle a répété que c'était le choc. J'ai agi vite. Sentant mon corps partir. Je me suis assise sur le sol de la salle de bain. J'ai essayé de reprendre ma respiration. J'ai cru que j'allais mourir.

Etait-ce une de ces bonnes vieilles crises d'angoisse ? Mes vieilles amies de longue date. Ou était-ce réellement le choc nerveux ?

Je me suis remise à pleurer. La personne s'est accroupie pour me prendre dans ses bras. J'ai réussi à me calmer peu à peu. Et finalement, ce matin, à part des bleus et quelques douleurs, tout va mieux. Pas de problème grave. J'ai évité le pire.

Mais j'ai eu mon premier gros accident. Et j'ai eu peur. Je n'ai pas vu défiler ma vie devant mes yeux, mais j'ai pensé à la chute tout le long. Je n'ai pas eu de pensée pour la personne en haut ni même pour ma famille, mais j'ai réfléchi à quand la chute s'arrêterait.

En réalité, on n’a pas le temps de penser à quoi que ce soit pendant un accident. On a peur, on subit, on vit l’instant. Et après, seulement, on se souvient. On analyse. On rejoue les scènes. On mesure l’intensité de la peur.

Puis on reprend le fil de sa vie.
Un peu plus tremblant. Un peu plus fragile. Mais toujours debout.

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