Prologue

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« Pourquoi n’ai-je pas le droit de rester prêt des miens... ? »

Cette question ne cessait de tourner dans son esprit. Il cherchait dans les moindres recoins de ses souvenirs ce qui avait put provoquer la colère du démiurge en qui il croyait. Alors que, les mains liées dans le dos par une corde solide qui lui tailladait les poignets, deux hommes au regard imbibé de dédain, le menait au travers d’un couloir sombre, froid et humide dont il ne voyait même pas le bout. Ce demandant ce qu’on allait lui faire. Ce qui allait lui arriver dans un endroit où l’odeur du sang, de la peur et du danger était omniprésente, lui piquant le nez et la gorge. Ce n’était qu’un enfant, a peine âgé de dix ou onze ans. Séparés de ses parents qu’il avait vu mourir alors que leur village partait en fumée, incendié et mit à sang par les monstres qui le tenait maintenant pour esclave. Un enfant étant bien plus facile à éduqué et à tenir calme qu’un adulte ayant déjà ses propres convictions. Le garçon déglutit bruyamment, le regard inquiet, quand l’odeur du sang ce fit plus fort encore. Hésitant, il tourna tout de même la tête pour voir d’où venait cette odeur. A cette vision macabre, il comprit soudain, prit conscience qu’il ne sortirait certainement jamais vivant de cet endroit. Que quoi qu’il ferait, c’était la mort qui l’attendait. Si jeune et déjà trop conscient de son avenir. D’une main brutale, l’un des deux hommes l’obligea à regarder droit devant lui. Enfin… ce couloir lui avait semblé sans fin mais il en voyait enfin le bout. La pièce en face était plus lumineuse, ravivant une petite flamme d’espoir dans le cœur de l’enfant. Peut être que tous ce qu’il avait vu n’était finalement pas ce qui l’attendait. Peut être aurait il le droit de vivre. Les enfants sont si innocents…

Habitué à l’obscurité du grand couloir, le garçon plissa les yeux quand la luminosité de la pièce l’éblouie. Brûlant ses pupilles sensibles. D’ailleurs, ses pattes aussi le brûlaient. Cela faisait trois longs jours qu’ils marchait derrière les chevaux, attaché par une corde, sans eau ni nourriture. Ses pattes couvertes de crevasses et autres meurtrissures lui permettaient a peine de faire un pas, mais il n’avait pas le choix. Les deux hommes l’amenèrent au centre de la pièce et l’obligèrent à s’agenouiller au centre d’un cercle. Le garçon tremblait quand un troisième homme à l’accoutrement étrange, vint s’agenouiller devant lui. Il le regarda tendre la main à son camarade pour qu’il lui enlève son gant. Une fois sa main à nue, l’étrange homme prit le poignet du garçon et l’amena vers lui pour poser la pomme de sa grande main froide juste en dessous du poignet de l’enfant. Celui-ci grimaça et ce retint de crier quand quelque chose lui fit horriblement mal, comme une brûlure. Alors que l’homme retirait sa main, dévoilant une marque comme gravée au fer rouge. Effrayé, l’enfant ce tenant le bras fixait la marque, les yeux écarquillés de frayeur. De la magie. Cet homme était un mage et venait de lui apposé sur le corps, la même marque que celle que le garçon avait aperçu sur les cadavres qu’il avait vu dans le couloir quelques instants auparavant. Cette fois, son espoir s’envola une bonne fois pour toute. Il allait mourir et son cadavre pourrirait dans les couloirs de cet endroit au lieu de rejoindre les siens sur leur terre. Terrorisé et choqué par la douleur, il ne résista pourtant pas quand il le poussa à ce remettre sur ses pattes pour l’amener dans une autre salle. Son rythme cardiaque déjà élevé, atteint une vitesse pire encore en entendant les pleurs et les râles venir des nombreuses cellules que comptait la pièce. Et l’une d’elle étant la sienne, il y fut jeté dans le moindre état d’âme. La porte ce referma sur lui comme l’ombre des ténèbres s’abattant sur sa proie. Il était prisonnier des enfers et ne pourrait jamais en réchapper.

Ce n’était pas le moment de réfléchir, les coups fusaient vers lui sans préparation. Cherchant juste à lui mettre un coup fatal qui le clouerait au sol pour de bon. Mais son pieds fut plus rapide que sa lame pour le percuter en plein visage et l’envoyer mordre la poussière après avoir cogné le mur de l’arène. Les muscles tendus et le souffle animal, il ne prit pas le temps de regarder les gradins et ce jeta sur son adversaire, tous griffes et crocs sortis. Cherchant à terminer ce combat au plus vite, il visa la gorge et lui arracha la trachée. Le glas résonna dans toute l’arène alors que le sang ce déversait au sol tel un robinet ouvert. La mâchoire et le torse couverts de sang, il fixait le cadavre de son adversaire et ne vit pas arriver le fouet magique qui vint entourer son cou pour le forcer à faire demi tour. Deux hommes lui attachèrent les mains et l’amenèrent dans les coulisses macabres de cette arène sordide. Dans un coin du grand couloir sombre, il fut mit à genoux et penché vers l’avant. Il sentit alors l’eau glacée geler violemment ses muscles encore chaud à cause de l’effort. Mais il ne prononça pas un mot, pas un son, ce contentant de serrer les crocs. Cela faisait maintenant dix ou onze ans qu’il avait été amené de force ici pour participer à des combats contre d’autres créatures comme lui ou contre des hommes socialement incompatibles. Les jours ce succédaient tous à la même vitesse et son quotidien ce résumait à deux choses : pourrir dans sa cellule ou ce battre pour survivre. Passer tous les jours devant les cadavres de ses camarades de cellule lui rappelait ce qui lui en coûterait de perdre ou de désobéir. Son seul moyen de survivre était de remporter ses combats. Dans le cas contraire, soit il mourrait tué par son adversaire, soit le maître s’occupait lui même de lui ôter la vie pour de bon, jetant ensuite son cadavre avec les autres avant d’aller trouver un autre enfant à dresser pour le combat.

Les yeux entre ouverts et les dents serrés, l’enfant pleurnichard qui était arrivé ici il y a une dizaine d’années n’était plus. Il c’était endurci, physiquement et psychologiquement pour supporter cette vie de combattant esclave. Ses pattes arrières c’étaient musclées, désormais assez puissantes pour décapiter un homme d’un coup bien placé. Chaque jours, il aiguisait ses griffes sur le mur de sa cellule et entretenait ses crocs sur les os dégarnis qui jonchaient le sol. Sûrement les quelques restent de ses camarades, étant donné qu’il avait remarqué que certains cadavres ne restaient pas bien longtemps dans ce coin du couloir.

Son ouïe fine lui permit alors de sentir qu’une troisième présence approcher. Ce qui le surprit, était que cette personne ne lui apportait pas la crainte, voir la peur qu’il ressentait avec les autres. Elle était plus douce, plus avenante et calme. Curieux de pouvoir mettre un visage sur ce sentiment, il leva la tête vers cette présence. Il s’agissait d’une femme si il ne ce trompait pas, habillée de la tenue que portaient les gardes. Elle avait une marque juste au dessus de la poitrine et son regard ce posa sur lui avec tristesse et compassion. Restant debout face à lui qui était à genoux, elle positionna la pomme de ses mains face à lui, croisées l’une sur l’autre. Une lumière chaleureuse apparut sur la blessure qu’il avait au torse. Et alors qu’elle décroisait ses mains, la blessure ce referma et disparue. Encore de la magie. Sous son regard surprit, elle ferma les yeux et tourna la tête pour laisser les deux hommes le ramener dans sa cellule.

Plus tard, alors qu’il essayait de prendre un peu le soleil à l’endroit ou la cellule donnait sur l’extérieur, enfin, sur le terrain d’entraînement à découvert des nouveaux combattants, il l’a vit. La mage qui avait soigné sa blessure était entrée sur le terrain. Il l’a regarda alors exécuter des mouvements qu’il ne connaissaient pas. Il semblait s’agir de mouvements de combat. Mais des techniques différentes des siennes qui étaient brutales, sauvages et peu réfléchies, guidées par l’instinct de survie. Sortit de sa contemplation par un sourire compatissant qu’elle lui adressa, il ce mit à imiter le moindre de ses mouvements. Positionnant ses pattes, ses poings, imitant la souplesse des coups. Puis les répétant encore et encore quand elle fut partit, pour les mémoriser.

Et qu’elle ne fut pas sa joie lorsque, le lendemain et les jours suivants, il mit au tapis ses adversaires avec les techniques qu’elle lui avait enseignées, surprenant le publique qui n’avait certainement jamais vu un esclave combattre de cette manière. Surtout que ses techniques s’amélioraient de jours en jours grâce à l’enseignement de cette femme. Pourtant, la joie du gagnant disparu quand il fit face à son prochain adversaire ; un enfant. Tenant une bouteille en verre cassée à la main, le visage couvert de meurtrissures, le gamin était terrorisé. Ses yeux vert pomme n’exprimaient que la peur de devoir ce battre. Soit celle de mourir soit celle de tuer. Il ne pouvait pas ce battre contre cet enfant, c’était injuste. Le tuer serait d’une facilité déconcertante. Quel intérêt les maîtres avaient dans un combat aussi inégale ? Ils n’y gagneraient rien dans les paris qui ce porteraient tous sur lui à l’évidence. Ne voulant pas ce résigner à pareil combat, il recula d’un pas. Mais l’un des bâtons magiques des gardes le stoppa, brûlant son dos. Il ce tournait quand un autre s’abattit violemment sur sa joue, le clouant au sol. Un autre encore frappa son dos et des dizaines de coups le martelèrent par la suite, le mettant à sang. La punition pour ceux qui refusaient de combattre. Il le savait pourtant. Mais ce battre contre un enfant était au dessus de ses forces. A demi conscient et couvert de son propre sang, les gardes le traînèrent dans les couloirs de l’arène.

Quand il sentit alors une douce chaleur couvrir son dos et ses blessures disparaître, il ce redressa de son propre chef et la regarda. Ses yeux bleus semblait pleins de peine pour lui. Elle ne pouvait rien faire pour l’aider ou le sortir de la, les gardes la tueraient au moindre signe de traîtrise. Pourtant, alors qu’il serrait les dents et ce penchait contre elle, à bout, elle posa son menton sur son épaule et glissa ses bras autour de lui. Cherchant peut être à lui donner un peu de force. Bien sur, ce moment ne pouvait durer, un fouet s’enroula autour de la taille de l’homme bête et le tira en arrière, le sortant de ces bras rassurants. On le bâillonna et l’amena alors qu’elle ce relevait. Lui ouvrit grand les yeux quand elle s’approcha avec la détermination de l’aider. Mais un homme arriva derrière elle, passa son bras autour de son cou, menaçant de l’étrangler avant d’entailler sa peau, brisant la marque sur sa peau, cette même marque qui lui permettait d’utiliser la magie.

Rapidement séparés, cette fois, on ne l’amena pas dans sa cellule. Mais dans une autre pièce où il fut attaché bien fermement à genoux, le menton posé que une espèce de petite table. La nuit fut longue ainsi dans cette position peu agréable.

Au matin, quand il vit un homme entrer avec une hache à la main, il comprit ce qui l’attendait et serra les dents. Le chemin s’arrêtait ici pour lui. Il ne verrait plus la lumière du jour ni l’herbe de la forêt. Il ne connaîtrait plus la liberté et ne verrait plus cette femme qui l’avait aidé et soutenu à sa manière malgré les risques qu’elle prenait. C’est alors qu’elle entra. Il ouvrit grand les yeux en l’a voyant, tenue par deux hommes, l’entaille à sa poitrine encore sanglante. Ils l’avaient amené pour qu’elle assiste à son exécution et comprenne la conséquence de ses actes. C’était sa punition pour avoir enfreins les restrictions qu’on lui avait imposé. Revigoré par sa présence, il ce mit à tirer sur ses liens pour ce libérer, les crocs serrés et apparents. Mais les liens étaient solides et l’homme à la hache s’approchait dangereusement. C’est alors qu’il vit, par l’une des portes de la pièce, s’arrêter un enfant. Un membre de son espèce, encore jeune. Soudain, des souvenirs de son arrivée dans cet endroit horrible remontèrent dans son esprit. Il était hors de question qu’un autre subisse pareil traitement. Sa colère monta d’un cran et il ce mit à tirer encore plus fort dans un espèce de rugissement strident. Mais le bourreau leva sa hache. Alors qu’il était persuadé qu’elle allait s’abattre sur sa nuque, ce fut ses liens qui cédèrent d’un coup. Il ce redressa dans un nouveau rugissement et vit la femme ce battre, hache à la main. Elle était parvenue à ce défaire de l’emprise que ceux qui l’a retenait et c’était emparée de la hache pour couper les liens qui le retenait. L’homme bête fonça sur l’un des homme et le mit au sol alors qu’elle ce battait contre un autre. Quand le plus grand nombre d’entre fut à terre, il ce redressa et tourna la tête vers l’enfant qui c’était un peu approché. Changeant de comportement pour ne pas l’effrayé, il ce baissa à sa hauteur et lui tendit la main. Le garçon la prit et il le prit dans ses bras pour ce relever alors que d’autres gardes accouraient pour les abattres. Il regarda la femme et lui prit la main avant de faire volte face pour courir vers les fenêtres. Il s’agissait là de leur seul moyen de fuite.

La fenêtre ce brisa... leur offrant enfin la liberté.

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