Et voilà le notaire est ravi : il vient de conclure la plus grosse vente immobilière de sa carrière. Immobilière il faut le dire vite c’est une cabane en bois avec un équipement sommaire mais suffisant comme un lit, une table, une chaise. Ce n’est pas tant les murs en bois qui coûtent chers mais là où est posée cette cahute. Au milieu de nulle part. Au milieu de l’océan. Là où les voisins ne sont que les animaux marins. Voilà dans quoi j’ai investi mes milliards gagnés à la loterie mondiale « Terrenmilliards ».
Voilà j’ai signé. Je suis l’heureuse propriétaire de cette bicoque déposée sur le sable chaud et enfin je peux me retirer du monde et de sa foule.
Mes bagages sont relativement sommaires car on m’a assuré un 30/40 degrés permanents sur l’île comme le room service hebdomadaire et la livraison à domicile.
Le seul conseil de l’agent immobilier est de prendre un peu de musique car le bruit des vagues peut taper sur le système. Mais il m’a annoncé le seul hic de ce lieu paradisiaque : c’est que sans wifi sans Bluetooth l’île n’est équipée que d’une vague enceinte rechargeable solairement. Ok me direz-vous mais cette enceinte a une capacité limitée à 10 chansons.
Le piège en barres ! Raison de plus pour que j’embarque ma guitare et mon handpan en plus de cette mini clé usb.
Dix chansons à sélectionner. Une fois la blague avalée, j’ai cru mourir de choix et finalement pas tant que ça.
Une chanson douce que me chantait ma maman pour m’endormir ou m’apaiser.
Une chanson pour pleurer car parfois mes larmes restent coincées là dans la gorge. Je choisis la chanson systématique à larmes que Barbara prie à merveilles en chantant dans sa langue natale.
J’hésite à prendre une chanson à jouir mais je vous rappelle que je pars vivre seule. Et je reste femme avec des envies donc autant se faire plaisir avec de la bonne musique qui rappelle des souvenirs … rien que d’y penser d’ailleurs …
Et il me reste sept chansons. Je ne choisis que des chansons rythmées voire speed pour éveiller lentement le corps à faire des squats en jouant la sopra, pour jumper dans le van à en perdre haleine, à voir des tigres avec mes yeux sur le rocking-chair, à enlever la ptite culotte de Lolita ou vivre une nuit de gala et de désirs.
La dernière …. Celle de l’espoir de le voir arriver en me demandant « c’est quand ? » qu’il arrive … l’avion ? L’amoureux ? Ça je vous laisse le soin d’imaginer mais à priori l’avion peut venir sans l’amoureux, l’inverse est moins vrai.
Et ne pas oublier de prendre une pièce pour jouer à pile ou face aussi. Cette dernière n’est pas une chanson car je n’aurai pas aimé être accompagnée par Corynne (avec un y je viens de vérifier!).
jFA