Vers l'infini et l'au-delà

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Les trois joignirent les mains, comme les faux croyants qu’ils étaient. Leur commandant, Andreas, souffla, puis appuya sur l’écran. Un petit message s’afficha aussitôt et ils explosèrent de joie. La Terre venait d’autoriser leur retour après 18 ans de mission.

— Messieurs ! Nous allons revoir nos familles ! Ria t’il.

— Il faut fêter ça ! S’exclama aussitôt le copilote, Hugo.

Désolé, son commandant secoua la tête, puis abattit sa large main sur l’épaule du jeune.

— Nous avons encore 9 à 10 ans de voyage, il vaut mieux attendre.

— Allez, viens, c’est toi qui conduis ! Proposa le pilote, Ethan, tout en lui prenant la main.

Les trois astronautes se hâtèrent de rejoindre le poste de contrôle, et mirent le cap sur leur chère Terre.

Le poste de contrôle était un large cercle vitré. Il surmontait le séjour, qui desservait le sas et quatre suites; une chambre et une salle d’eau. Un luxe permit au 23ème siècle, et surtout pour un aussi long voyage.

L’équipe d’Andreas était l’une des « 10 », dix équipes de quatre ou trois astronautes qui rallient les différentes planètes annexés pour en vérifier le bon fonctionnement. Les ordres de missions sont prévues pour 4 ou 5 ans, mais le vaisseau 5 avait mystérieusement disparu. En bon saint que les trois sont, ils ont acceptés de remplir leurs mission, rallongeant leurs voyage de 4 ans.

Sept ans s’écoulèrent, après l’autorisation de leurs retour. Sept ans où l’univers fut aussi calme qu’une mer d’huile.

Le jeune Hugo se réveilla doucement de sa nuit de deux ans, et se hâta de rejoindre le poste de contrôle. Seul le pilote, Ethan, s’y trouvait.

— Bonjour ! Où est le commandant ?

— Il dort depuis un mois ! Il a hâte d’arriver, comme nous tous.

Hugo se pencha par-dessus son épaule, jetant un œil à la carte de route. Toujours rien à l’horizon, ils devraient arriver dans les temps. Penser à cela le fit sourire.

— Je vais me chercher un verre. Et toi ?

— De l’eau.

— Ok, papi !

Il descendit au séjour, et remplit un verre d’eau pour son supérieur, puis se décapsula une bière. C’est lorsqu’il s’assit sur la table, lorsqu’il jeta son regard par-delà le sas, pour observer le système solaire terrien, qu’il la vit.

Une créature était accrochée à la carlingue du vaisseau, et semblait en piteux état. Doucement, comme si il craignait de l’effrayer, il s’approcha. Il ne pouvait détacher son regard de sa peau argent, et de sa longue chevelure aussi blanche que les étoiles.

Le vaisseau se mit à trembler. Il s’agissait d’une femme, il en voyait maintenant toute sa beauté, et ce, malgré les filaments qui remplaçaient ses jambes. Il ouvrit le sas.

— Hector !

La main d’Ethan s’abattit sur son épaule, puis il le secoua.

— Hector ! Nous sommes en approche d’une tempête solaire !

Il se réveilla brusquement. Le vaisseau clignotait furieusement et le commandant, réveillé dans l’urgence, tanguait, la veste défaite. Hector jeta un œil rapidement sur le sas. Fermé et plus aucun signe de la femme.

— Tout le monde dans le poste de commande ! Tonna Andreas.

De là, l’on pouvait très bien voir le tonnerre gronder au loin. Les tempêtes solaires sont violentes, le protocole est de les éviter… Ou d’abandonner le vaisseau.

— Ethan, rapport !

— J’ai commencé la manœuvre d’évitement vers Mars. On risque de frôler.

Le commandant acquiesça, puis se tourna vers le plus jeune.

— Va préparer les modules !

Il acquiesça, légèrement pale, car il s’avérait être sa première confrontation avec un tel événement.

Il descendit jusque dans la coque, en dessous du séjour, traversa la mer de câbles sur des passerelles instables, et parvient aux modules. Et que ne fut pas sa surprise de trouver, auprès de l’un, la créature recroquevillée.

Il s’agenouilla auprès d’elle, et tendit sa main vers son visage argenté mouillé.

La panique régnait dans le poste de contrôle. Ethan venait de certifier un impact non-évitable, et Hector tardait à remonter.

Excédé, le commandant se décida à descendre. Les modules étaient couverts de sang, et le corps sans vie d’Hector, le jeune co-pilote, s’y trouvait, la gorge déchirée.

Il se jeta sur l’alarme et le son strident se propagea dans tout le vaisseau. Le souffle court, il parvient à l’échelle et mit un pied dessus. Elle se mit à craquer. Inquiet, il serra ses mains sur les barreaux lisses, puis posa le deuxième pied sur les barreaux. Elle se décrocha, et il tomba dans la mer de câble, au même moment que les premiers éclairs s’abattaient sur la coque.

Ethan, toujours dans le poste de contrôle, était face à la femme à qui Hector avait ouvert. Elle flottait, se servant de sa voix cristalline pour tenter de l’approcher, sa lèvre retroussée sur des dents pointues.

Dans un dernier espoir, il se jeta sur le poste de télécommunication.

— Ici Ethan, vaisseau 3 ! Signale une créature non-identifiée à bord ! Vaiss…

Et elle lui trancha le cou. Le vaisseau s’éteignit, et le calme revient, comme si tout cela avait été imaginé…

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