Introduction

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Balzac n'est pas mort


J'ai rencontré Balzac, il y a 52 ans en lisant l'article qui lui était consacré dans l'encyclopédie "Tout l'univers". Vous savez, cette encyclopédie pour la jeunesse, avec ses belles illustrations en couleurs dont les éditions modernes ne reproduisent que de pâles imitations.

Ensuite, j'ai lu "La peau de chagrin" et "Illusions perdues", et j'ai subi de plein fouet l'impact de l'oeuvre et de son auteur. Depuis l'onde de choc ne s'est pas atténuée et Balzac m'accompagne partout où je vais.

J'aime Balzac parce que ses personnages ne sont pas simplement gentils ou méchants; ils sont angéliques ou démoniaques. Ils ne sont pas chauds ou froids; ils sont bouillants ou glacés. Ils ne sont pas amoureux ou indifférents; ils sont passionnés ou impénétrables.

J'aime Balzac, pas seulement parce qu'il communique à ses personnages une énergie qui les rend pittoresques et expressifs, mais tout simplement, parce qu'il leur donne la vie.

Balzac a ouvert la voie au roman moderne, chacun le sait. Afin de décrire les mœurs de son temps, il a créé un monde peuplé de plus de 2000 personnages. La vie de Balzac est aussi un roman où le personnage principal est successivement : clerc de notaire, dramaturge, romancier, critique d'art, essayiste, journaliste, éditeur, imprimeur, fondeur de caractère et infatigable voyageur. Sa vie trop courte l'a empêché de mener à bien mille autres projets, tels que : l'exploitation de mines argentifères en Sardaigne, la culture d'ananas dans sa maison des jardies à Sèvres, l'exploitation des forêts d'Ukraine et bien d'autres entreprises encore.

Balzac avait ses entrées dans tous les milieux sociaux de son temps. Il a tout vu, tout senti, tout analysé, tout décrit et tout vécu. Grâce à son don de double vue et à sa puissance d'observation, il pénétrait dans l'âme humaine et en décomposait tous les constituants.

On reste stupéfait devant l'ampleur de son oeuvre : 91 romans écrits en une trentaine d'année. Et quels romans ! Sur ce sujet on ne pourra pas dire mieux que Victor Hugo dans son oraison funèbre à la mémoire d'Honoré de Balzac : "Tous ses livres ne forment qu'un livre, livre vivant, lumineux, profond, où l'on voit aller et venir et marcher et se mouvoir, avec je ne sais quoi d'effaré et de terrible mêlé au réel, toute notre civilisation contemporaine...".

Cette oeuvre est le résultat d'un travail de forçat qui le tenait rivé à sa table de travail parfois 18 heures par jour. On l'imagine en robe de chambre, la plume à la main, devant une cafetière fumante. Il se maintenait éveillé par une consommation abusive de café.

Dans son Traité des excitants modernes, Balzac écrit : "Le café tombe dans votre estomac [...]. Dès lors, tout s'agite : les idées s'ébranlent comme les bataillons de la Grande Armée sur le terrain d'une bataille, et la bataille a lieu. Les souvenirs arrivent au pas de charge, enseignes déployées ; la cavalerie légère des comparaisons se développe par un magnifique galop ; l'artillerie de la logique arrive avec son train et ses gargousses ; les traits d'esprit arrivent en tirailleurs ; les figures se dressent ; le papier se couvre d'encre, car la veille commence et finit par des torrents d'eau noire, comme la bataille par sa poudre noire."

Je ne saurai prétendre ici faire une analyse de son oeuvre, encore moins expliquer son génie, des volumes entiers y sont consacrés.

Cet essai n'est pas un travail d'écriture mais plutôt une compilation de portraits rédigés par des amis ou des relations de Balzac. Cette manière d'aborder Balzac n'ayant, à ma connaissance, pas d'équivalent dans l'exégèse balzacienne, j'espère apporter ainsi une modeste contribution à son rayonnement.

Quel meilleur hommage pour Balzac, que de rassembler tous ces portraits pour décrire un écrivain qui en a tant rédigé lui-même.

Pour conserver l'image laissée par Balzac, les textes des contemporains qui l'ont décrit, valent plus qu'une simple photographie. À la description physique s'ajoute la peinture du caractère et de l'âme du grand romancier.

L'impression faite sur la rétine peut être restituée dans toutes ses nuances par l'écriture, alors que l'empreinte figée sur la pellicule est le simple écho d'un instant dépourvu de souffle vital.

Laissez-moi vous conduire dans la galerie de portraits d'un homme aux mille visages.

Dans le dernier chapitre de cette étude, je vous révélerai le titre de l'ouvrage qui selon moi, vous permettra de découvrir l'univers balzacien. Cette révélation ne sera faite, seulement si vous consentez à prendre le risque de subir le choc qui fut le mien il y a 50 ans.


à suivre...


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