Chapitre 5 : Voie 9 3/4

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Se tenant fermement au bras de James, Louise marchait d'un pas hésitant vers le quai. Depuis qu'elle avait accepté de s'y rendre, elle n'était plus sûre de rien. Quand elle avait annoncé la nouvelle à James, celui-ci avait été ravi, et ils étaient partis sur le champ acheter tout ce qu'il fallait. Cette précipitation perturbait énormément la jeune fille. Elle qui avait toujours été habituée aux horaires bien calés, tout ce chamboulement lui faisait mal à la tête.

Au milieu de tout ce monde qui courait et criait dans tous les sens, elle se sentait horriblement compressée et avait envie de hurler. Jamais elle n'aurait osé se mêler autant à la foule auparavant. Et pourtant, les gens ne semblaient pas faire attention à elle le moins du monde. Ils lui jetaient un simple coup d'œil, la dévisageant de la même façon qu'ils dévisageaient les autres enfants présents sur les lieux.

S'accrochant du mieux qu'elle pouvait à son ami, Louise savait que le moment de la séparation approchait à grand pas. Au début, elle n'en avait pas tenu compte, mais maintenant qu'elle se trouvait face au train, qui sifflait et crachait de la fumée grise, elle frissonnait à cette idée. Décidément elle vivait beaucoup trop dans le futur.

James avait tout prévu. Il avait emmené Louise quelques jours plus tôt au chemin de traverse et avait passé la journée avec elle à tout acheter. Il avait également envoyé un autre hibou au professeur Dumbledore, lui annonçant la décision de la jeune fille et lui demandant de bien vouloir la recevoir au plus tôt dans son bureau. Il avait tout prévu, sauf une chose. Le moment des adieux. Il n'avait pas planifié ce qu'il ferait, encore moins ce qu'il dirait. Il s'était dit que le moment venu, il saurait quoi faire et quoi dire. Mais plus les secondes passaient, plus il regrettait de n'avoir pas au moins une petite phrase de prévue dans sa tête.

Alors qu'il s'avançait avec elle le long du quai, essayant de se frayer un chemin parmi les passants trop nombreux, il y reconnut une silhouette familière. Vérifiant qu'il ne s'était pas trompé, il avança vers celle-ci avec la jeune fille. Elle comprit bien qu'il se dirigeait vers quelqu'un, et se demanda si c'était une simple connaissance ou un ami proche. James se dirigeait vers un homme, entouré d'enfants. L'homme possédait des cheveux d'un roux flamboyant, tout comme la petite troupe autour de lui. Louise lui donna facilement quarante ans, dû à son visage grisé et à ses nombreuses rides.

Lorsque celui-ci aperçut James, un sourire poli se traça sur son visage et il s'aventura à leur rencontre. La jeune fille serra plus fort le bras de James en voyant l'inconnu s'avancer vers eux et baissa la tête. Elle ne voulait pas encore se mêler à ce point aux autres. James le salua quand celui ci arriva face à eux, discuta avec lui pendant quelques minutes et lui présenta Louise.

— Arthur, je te présente Louise.

La prénommée leva les yeux et le salua poliment d'un signe de tête. L'homme lui sourit chaleureusement et tendrement, comme on fait à un enfant. Louise rebaissa aussitôt la tête après l'avoir vu, de peur qu'il ne lui pose des questions. James vit bien que la petite fille était gênée, et lui expliqua aussitôt la situation :

— Arthur est un de mes collègues au ministère. Il étudie le comportement et le quotidien des moldus, et il défend l'égalité des droits entre eux et les sorciers. Il m'aide d'ailleurs dans certaines de mes missions.

Le concerné approuva d'un signe de tête en souriant. Lui et James n'étaient pas très proches, mais ils discutaient souvent ensemble au ministère. Arthur lui confiait son énervement pour certains de ses collèges, James certaines de ses missions. Bien sûr, l'auror ne lui avait jamais parlé de sa vie privée, à l'inverse d'Arthur qui lui parlait tout le temps de sa famille. C'est pourquoi il n'avait pas été surpris de voir le rouquin là ce jour de la rentrée à la gare. Il se doutait bien qu'il y serait. D'ailleurs, il avait même tout prévu à ce sujet.

Il envoya Louise ranger ses affaires dans le train afin de confier sa requête à son collègue. La jeune fille hésita longtemps, ne voulant pas se séparer tout de suite et encore moins devant quelqu'un, puis promit de revenir aussitôt que ses affaires seraient en place. Elle s'engouffra dans le train, le cœur haut, priant pour que celui ci ne démarre pas.

— Je ne savais pas que tu avais une fille ! s'écria Arthur. Félicitations, elle est vraiment mignonne !

— C'est un peu plus compliqué que cela, avoua James. Arthur, je voudrais que tu me rendes un service.

  L'auror se retourna afin de vérifier que la jeune fille n'était pas revenue.

— Je sais que tu as un fils du même âge que Louise, continua t-il, et je me demandais si lui et ses amis accepteraient que Louise reste un peu avec eux, le temps de mieux s'intégrer.

—James, je ne comprends pas, renchérit l'homme aux cheveux roux, Louise n'est-elle pas en troisième année ?

— Si mais elle... Elle a une santé difficile, mentit James, et donc elle n'a pas pu aller à Poudlard les deux premières années.

Arthur s'excusa et baissa la tête, songeur. En observant Louise, il l'avait trouvée timide et renfermée, sûrement pas le genre de personne que fréquentait son fils. Cependant, James avait su le tirer plus d'une fois d'une situation pas terrible, alors il lui valait bien ça. Il accepta et promit d'en parler à son garçon avant le départ du train.

— Oh et encore une chose, ajouta James, Louise est une enfant... Peu bavarde. Mais vraiment très peu. Alors je ne voudrais pas qu'ils prennent ça pour...

— Non non, ne t'inquiète pas, le coupa-t-il. Je lui dirai tout, ne t'en fais pas. Ta fille sera entre de bonnes mains.

Il lui sourit et repartit vers sa famille, laissant James à ses pensées. Sa fille ? Quand Arthur avait prononcé ce mot, James savait pertinemment que le pauvre ne pouvait pas être au courant de sa véritable identité. Après tout, en les voyant tous les deux à la gare, en direction de Poudlard, n'était-ce pas la première chose à laquelle on pense ? Cette idée lui fit bizarrement chaud au cœur. Lui qui n'avait, jusqu'à présent pour seule famille qu'une vulgaire tante éloignée qu'il ne voyait jamais, la simple idée d'avoir une fille le fit rire et le rendit songeur. La plupart des aurors de son age étaient déjà mariés et la majorité avaient des enfants.

Lui qui soupirait toujours en entendant ses collègues raconter leurs vies sur leurs familles à longueur de journée, aujourd'hui ce souvenir le chagrinait. Il aurait tellement voulu, lui aussi, pouvoir montrer une photo de Louise, et déclarer fièrement que c'était sa fille, et ainsi entendre tous les compliments de ces collègues admirant la petite sorcière, semblable à une poupée. Mais il ne pouvait pas, et il ne pourrait jamais. La vie d'auror ne laissait guère de place à celle de la famille, enfin d'après lui.

Alors qu'il était plongé dans ses pensés, il en fut rapidement tiré en voyant la petite sorcière descendre du train et courir vers lui, une moue triste dessinée sur son visage de porcelaine. James s'avança à sa rencontre, et à sa grande surprise, la jeune maledictus lui sauta dans les bras.

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