Chapitre 4 – Le Fardeau Silencieux
La pluie persistait depuis trois jours. Elle n’avait rien de violent. Juste cette insistance fine, morne, qui faisait paraître les pierres du domaine Lux Aeterna plus lourdes que d’ordinaire.
Azraël balayait les marches du temple, comme toujours. Personne ne lui demandait de le faire. Mais c’était un geste familier. Répétitif. Apaisant.
Mais aujourd’hui, même ce refuge lui pesait.
Depuis le rêve de la sphère, il avait du mal à se concentrer. Quelque chose dans son plexus solaire semblait… irrité. Comme si sa Source, d’ordinaire si silencieuse, commençait à bouger dans son sommeil.
Il n’en parla à personne.
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— “Tu portes leur nom, mais tu ignores encore tout.”
Azraël se figea. Il était seul, ou du moins le pensait.
Derrière lui, Maître Altheon l’observait. Il ne souriait pas. Il ne paraissait ni bienveillant, ni hostile. Juste… fatigué.
— “Tu crois que ton rôle est de rester dans l’ombre ? De passer inaperçu ?”
Azraël ne répondit pas.
— “C’est ce qu’ils ont demandé. Et nous avons obéi.”
Le garçon releva les yeux. Son cœur battait plus fort.
— “Qui ?”
Altheon détourna le regard.
— “Un ancien chef de clan… et une prêtresse disparue. Tes parents.”
Un silence lourd tomba. Altheon fit quelques pas.
— “Ils ont tenté d’altérer la Trame. Ils ont échoué.”
Il se tourna de nouveau vers Azraël.
— “Et Ye Fan les a scellés. Non par haine, mais pour préserver l’ordre. Ce fut... juste.”
Le vent souffla entre les colonnes du temple.
— “Avant leur disparition, ils ont laissé un seul ordre au clan : te cacher la vérité. Te protéger. Et attendre.”
— “Attendre quoi ?” murmura Azraël.
— “Ton Éveil.”
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Cette nuit-là, il ne dormit pas.
Il sortit de sa chambre et s’assit dans la cour centrale, sous la pluie. Il resta là, les yeux dans le vide.
Des fragments de voix flottaient dans sa tête.
Des noms. Des mots. Des bribes de mémoire qui n’étaient pas les siennes.
Un murmure invisible résonna soudain dans son esprit.
“Tu portes notre serment. Et notre faute.”
La pluie cessa.
Il regarda ses mains. Elles tremblaient.
Quelque chose venait.
Il le sentait.
Et cette fois… ce n’était plus un rêve.
C’était une promesse.
Une fracture.
Un prélude.
À l’intérieur de sa poitrine, sa Source frémissait. Non plus comme une graine oubliée… mais comme une étoile prête à s’effondrer.
Et renaître.
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Dans un autre recoin du domaine, Maître Altheon parlait à voix basse à une silhouette encapuchonnée.
— “Il sait. Un peu.”
— “Et s’il échoue ?”
— “Alors le Destin aura gagné. Une fois de plus.”
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