La méditation du matin fut différente.

Azraël s’était levé tôt, comme toujours, mais alors qu’il s’asseyait en position du lotus, les yeux fermés, il ressentit un malaise inhabituel. Une sensation sourde dans le plexus solaire, comme une brûlure contenue, discrète mais tenace.

Il porta la main à sa poitrine. Sa Source. Il n’y avait rien de visible, aucune lueur, aucun flux. Mais il sentait… quelque chose. Un frisson faible. Fugace.

Il chassa l’idée. Une simple crampe, sûrement.

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Plus tard, dans l’aile des arts mystiques, Maître Serën entama un nouveau cours.

— Aujourd’hui, nous parlons de l’Éveil, déclara-t-il.

L’agitation des élèves cessa aussitôt. Le sujet imposait le silence.

— Chaque Source naît dormante. Ce n’est qu’au moment de l’Éveil qu’elle se révèle — ou qu’elle se ferme à jamais.

Il se leva lentement, son bâton frappant doucement le sol.

— L’Éveil est un test. Pas de puissance brute. Un test de la Trame elle-même.
Votre Source sera confrontée à sa propre harmonie.
Cinq éléments, cinq piliers : essence, âme, conscience, volonté… et destin.

Il fit apparaître une sphère translucide, découpée en cinq segments lumineux.

— Chaque race possède un ratio naturel. Les elfes tendent vers l’âme et la conscience.
Les dragons vers l’essence et la volonté. Les démons vers le destin et la volonté.
Mais l’harmonisation reste aléatoire, propre à chaque individu.

Il marqua une pause.

— Et cela ne se tente qu’une seule fois.

Un frisson traversa l’assemblée.

— Échouez, et votre Source restera endormie. À jamais.
Vous vivrez, mais comme un mortel ordinaire. Relié à la Trame, mais oublié d’elle.

Le silence tomba.

Kael leva la main.

— Maître, est-ce pour cela que certains ne ressentent jamais rien ?

— Oui. Et c’est pour cela que d’autres… se croient vides alors qu’ils ne sont que… latents.

Il regarda brièvement Azraël. Un regard neutre, sans animosité… mais chargé de vérité.

Kael sourit, confiant. Il était un Éveillé. Sa Source de feu pourpre le prouvait. Il avait traversé l’épreuve. Cela suffisait à justifier sa fierté.

Azraël baissa les yeux. Ce cours résonnait comme une condamnation douce.

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Dans l’après-midi, il fut assigné au rangement des rouleaux anciens dans l’archive basse. Une corvée sans prestige, mais qu’il accepta sans discuter.

Alors qu’il transportait une pile de rouleaux, l’un d’eux tomba au sol. Il se déroula partiellement, révélant une série de symboles entrelacés, inconnus, mais étrangement… familiers.

Azraël s’agenouilla. Dès qu’il posa les doigts dessus, une chaleur monta dans son plexus solaire, puis s’évapora.

Un seul mot traversa son esprit, sans qu’il sache d’où il venait :

“Rupture.”

Il sursauta, regarda autour de lui. Personne.

Il remit le rouleau en place, les mains tremblantes.

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En sortant de la salle, il croisa Kael. Celui-ci le bouscula volontairement.

— Tu n’as pas honte de traîner dans des lieux sacrés avec une Source morte ?

Azraël serra les dents. Il voulut reculer, mais… le sol vibra. Une vibration ténue, localisée, presque imperceptible.
Kael sembla le remarquer. Son regard se fronça.

— Qu’est-ce que… ?

Mais la vibration cessa.

— Tch. Même les pierres te rejettent, cracha-t-il avant de partir.

Derrière un pilier, Altheon observait la scène, les bras croisés.

“Tu n’as encore rien compris, n’est-ce pas…”

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Cette nuit-là, Azraël eut un rêve.

Pas de voix, pas de visage.

Une forme sans contours, au cœur d’un néant liquide.
Devant lui, une sphère obscure, pulsante, brûlante… presque douloureuse.

Il tendit la main.

Mais il n’osa pas la toucher.

Il recula. La sphère s’éloigna.

Et il se réveilla… en sueur.

Le rouleau tombé plus tôt était ouvert à ses pieds.