La seule seconde
Il a dit « je suis désolé » — un murmure à peine audible, comme un souffle qui voulait se cacher. Sur le moment, ça aurait pu être pour la tasse cassée sur la table, celle qu’on avait achetée ensemble l’été dernier. Mais son regard, lui, m’a démentie. Ce n’était pas la vaisselle, non. C’était plus lourd, plus vrai, plus déchirant.
Ses yeux étaient embués d’un mélange d’épuisement et de regrets, comme si tout le poids du monde s’était soudainement posé là, entre nous, sur cette mince couche d’air. C’était un adieu déguisé, une confession sans mots, un aveu de ce que même lui ne voulait pas nommer à voix haute.
Je l’ai regardé, figée, le cœur battant à un rythme qui ne m’appartenait plus. J’ai compris que cette phrase ne réparait rien. Elle scellait l’instant où tout a basculé, le point de non-retour, cette seconde où l’amour s’est effrité dans le silence.
Avant même qu’il se lève pour partir, j’ai su. Savoir, c’est un coup de poignard qui ne guérit jamais vraiment. Il ne s’agit pas seulement d’une séparation, mais de la fin de tout ce qu’on avait imaginé ensemble. Le rêve, la promesse, la confiance.
Et moi, là, j’ai juste laissé tomber la tasse, sans bruit, comme un symbole brisé de ce que nous étions.

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