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9 points de lune

Affinité Elisa : 10/10

Affinité roi : 5/10

Je me décidai pour la première, ne sachant de toute façon rien de ce qui allait suivre. J'étais complètement perdue, c'était certain, mais je me voyais mal le préciser une fois de plus à la gouvernante.

Curieusement, mon environnement m'était familier, remarquai-je tout en enfilant doucement la robe bleue. Le visage de cette femme également. Sahara, princesse de quel royaume ? Tout cela était très déstabilisant.

"Bien ! Elle vous va à ravir, comme prévu. Voyez." Elle me dirigea vers un miroir à la droite de mon lit, que je n'avais pas encore remarqué. Il était pourtant grand, d'or et d'émeraude, d'un parfait ovale. Mon image me choqua : j'étais si jeune ! Et si belle ! Mes yeux d'un vert profond me scrutaient avec une curiosité, une perplexité sans fin. Je ne ressemblais pas à mon aide dont le teint pâle et les yeux noirs avaient un charme désuet.

"Pourquoi ma peau est-elle si sombre ?" demandai-je alors. Elle fronça des sourcils, tapota quelques plis et me dirigea vers mes mocassins moirés.

"Que dites-vous là, princesse ? Vous savez bien que votre mètre est arabe. Votre père l'a choisie comme concubine après que le calif de Cordoue la lui a offerte en gage de paix, alors qu'elle était esclave, mais une des favorites du harem."

Ces détails me glacèrent, mais j'étais bien incapable d'expliquer pourquoi. J'enfilai mes chaussures sans un mot de plus, inspirai longuement puis passai la porte que venait de m'ouvrir la gouvernante.

Sur le dallage du couloir, ma robe glissait, bruissante. Je me sentais nerveuse pour de multiples raisons, et ces murs m'étaient habituels, ce qui ajoutait à mon malaise, moi qui ne me souvenais de rien finalement. Les peintures représentants d'anciennes personnalités jouxtaient des portes closes ; le plafond peint, à la voûte légère, reprenait un motif de losange régulier jusqu'à une sorte de large abside d'où partaient trois autres couloirs en croix. Là, une jeune fille nous attendait, d'à peu près mon âge, estimai-je en la voyant.

"Princesse, s'inclina-t-elle, et je manquai faire de même avant de me rappeler mon statut. Votre père vous attend.

- Bien, princesse Sahara, je vous laisse. Vous déjeunerez tout de suite après dans votre chambre, ce sont les ordres du roi. Nous vous habillerons ensuite en conséquence."

Je hochai la tête et suivis la dénommée Elisa.

"Est-il normal pour moi de déjeuner dans ma chambre ? la questionnai-je quand nous fûmes suffisamment éloignées de la grande femme.

- Oh, oui, princesse. Vous n'aimez pas déjeuner avec vos soeurs, d'ordinaire... Oh, pardonnez mon impudence.

- Il n'y a pas de souci, continue.

- Eh bien, aujourd'hui ce n'était pas de votre choix. Le roi l'a voulu ainsi, il vous expliquera certainement pourquoi. Il est vrai que... (elle se tortilla les mains tout en marchant, gênée. Je gardai le silence pour l'enjoindre à poursuivre) le roi ne vous prête guère d'attention, d'habitude. Oh, je ne devrais pas dire cela. C'est juste que... je suis triste pour vous, princesse Sahara."

Elle cessa là de parler, car des pas rapides s'approchaient derrière une porte latérale assez grande, à peu de distance. L'ouvrant, le jeune homme qui en sortit n'eut pas le temps de dissimuler son expression mécontente. Je le trouvai glacial. Certes, sa mise était parfaite et sa stature élégante, mais lorsque ses yeux foncés se posèrent sur moi, j'éprouvai une vague de dégoût totalement inattendue. Il s'inclina à peine, nous frôlant presque. La garde de son épée, saillant par le côté, s'emmêla dans ma manche en dentelles, déchirant légèrement le tissu.

"Oh ! Princesse, tout va bien ?" s'affola la jeune servante, jetant un regard courroucé au garçon déjà parti. J'acquiesçai, attristée par la situation : que lui avais-je fait ?

"Pfff, quel... arg ! se retint-elle, furieuse. Bon, allons-y... comme ceci, cela ne se voit pas."

Je remarquai que nous venions d'emprunter la porte ouverte ; mon "père" se trouvait donc derrière ? J'étais à la fois curieuse et inquiète à l'idée de le rencontrer. Nous traversâmes l'antichambre richement meublée, puis nous arrêtâmes face à un battant de bois ligneux éclairci d'un coffre allongé en or massif à la serrure ouvragée.

"Monseigneur, lança d'une voix affirmée quoique douce la servante. Princesse Sahara est ici.

- Entrez." Cette intonation grave fit écho, tel un lointain souvenir. Je ne sus pas le rattraper.

L'intérieur, bien rangé, présentait toutefois, dès le premier regard, un empilement de dossiers et la fatigue due aux heures qu'on devait y passer à les étudier. Le roi, ne semblant pas avoir atteint la cinquantaine, portait une barbe rasée de près et de gros sourcils couleur de blé mûr. Je ne savais pourquoi je retenais ce genre de détails. Elisa referma la porte derrière moi, nous nous retrouvâme seule à seul, mon père et moi.

"Assied-toi, j'ai quelque chose à t'annoncer." Je m'exécutai aussitôt, mais mon chapeau, un peu trop encombrant, cogna le haut dossier et se rabattit sur mes yeux. Le roi gloussa, je me redressai, très confuse, enlevant aussitôt le lourd couvre-chef.

"Ce n'est pas avec ce genre de tenue que tu pourras faire ce que je vais te demander, pointa-t-il. Comme tu le sais, nous recevons chaque mois une invitation de la part des Du Pinson et nous leur envoyons toujours un de nos membres. Toutefois, personne n'a encore su me ramener le secret de leur commerce. Ce mois-ci, je souhaite que tu le fasses à la place de tes frères et soeurs qui ont échoué tout ce temps. J'attends que tu extorques le plus d'informations au duc, bien sûr.

- Heu, je... vous voulez dire que je...

- Que tu le séduises, oui. Tu auras des vêtements appropriés, ainsi qu'Elisa à tes côtés. As-tu des questions ?

A. Pourquoi y arriverai-je si mes frères et soeurs n'y sont pas parvenu ? Après tout, je ne suis pas spéciale, père...

B. Qui était le jeune homme ayant quitté votre bureau tout à l'heure ?

C. Je n'en ai pas. Je ne vous décevrai pas et rapporterai leur secret (je ne savais rien à ce sujet et je ne voyais absolument pas comment faire, mais je n'avais qu'une envie : sortir d'ici)

D. Je ne suis pas un objet à votre convenance. Mais j'essayerai d'obtenir ce que vous désirez... autrement que par la séduction.

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