Chapitre 30: Vents déchaînés

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Les pupilles rouges écarlates de la créature luisaient dans la pénombre comme des rubis, tandis qu'elle s'avançait désormais vers Noémie, un rictus maléfique au bord des lèvres. Sa longue langue serpentine émit un léger bruissement, claquant l'air en répandant un relent atroce. Tout autour d'elle, un cercle de tempêtes se formait, tourbillonnant avec une violence inouïe et giflant de ses déferlantes les bâtisses endormies. Alors, la jeune fille se mit à trembler, le froid et la peur s'infiltrant par tous les pores de sa peau. Le monstre n'était plus qu'à quelques pas, irréelle apparition démoniaque, semblant flotter au-dessus du sol.

La pluie referma son rideau humide autour de Noémie, cinglant son visage avec la puissance d'une dizaine de pierres acérées, l'aveuglant à moitié. Elle sentit l'haleine de la chose à quelques centimètres de sa tête. "C'est un cauchemar, rien qu'un cauchemar." se dit-elle pour se rassurer. Mais l'odeur était si prenante, comme celle d'un cadavre en décomposition. Noémie voulut croire que ce n'était pas réel, mais au fond d'elle la terreur devenait de plus en plus grande. La bête prenait plaisir à la regarder souffrir, elle le sentait. La créature s'approcha encore un peu avant d'ouvrir la bouche sur une rangée de lames aussi tranchantes que le vent qui tenait la jeune fille en son emprise. Soudain, elle se jeta sur elle, et presque instantanément, trois coups de feu se firent entendre.

Un grognement sourd emplit les rues désertes. Un éclair vint déchirer le ciel, illuminant la chose qui se tordait de douleur et révélant son étrange anatomie. Devant le commissariat, le faux inspecteur avait l'arme au poing, un filet de fumée s'échappant de celle-ci. Mais le monstre n'était pas mort, il remuait encore et risquait de se relever d'un moment à l'autre. Dans un état de choc, Noémie ne bougea pas durant quelques secondes. Elle reprit cependant vite ses esprits. Elle ne savait pas grand chose de sa situation, elle n'y comprenait même rien à rien. Mais en tout cas, elle mourrait si elle restait là. C'est avec cette certitude qu'elle prit ses jambes à son cou, sans demander son reste.

Deux voix lointaines la poursuivirent. Contrairement à ce qu'elle avait pensé, la créature, une fois relevée, ne se concentra pas sur l'homme, qui était plus proche, mais bien sur elle, qui était déjà à une distance élevée.

S'engageant dans un dédale de rues sans nom, Noémie prit des virages à droite et à gauche, dans tous les sens, dans l'espoir de semer la bête.

Cette tactique se révéla vite à double tranchant. Elle ne connaissait pas bien la ville, et toutes les maisons se ressemblaient dans la tempête. Heureusement, le vent avait faibli depuis tout à l'heure et les gouttes de pluie qui tombaient irrégulièrement lui offraient un angle de vue respectable. Epuisée, elle s'arrêta pour souffler un peu mais reprit bien vite sa course, de peur d'être encore poursuivie. Alors, elle s'engagea dans une ruelle, et...

Une main s'agrippa à son visage, couvrant sa bouche pour l'empêcher de crier. Noémie se débattit et reçut un coup sur la tête. les yeux mi-clos, elle observa d'un regard lourd le monde tourner autour d'elle, une silhouette brouillée penchée à son chevet.

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