Chapitre 49: Course contre la montre

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”Mais encore ?

  • J’avoue ne pas savoir. Même après toutes ces années passées à tenter tant bien que mal de survivre, je n’ai pas pu élaborer la moindre idée qui tienne la route. Qu’est-on censés faire face à l’insensé ?

  • Rien du tout ? C’est donc ça votre plan ?

À quoi est-ce que ça vous sert que je sois là dans ce cas ?

  • Pourquoi vous m’avez amenée ici ?

Qu’est-ce que vous attendiez de moi ? Que j’arrange tout ? Je… Il y a quelques heures encore… est-ce que ce n’était vraiment que quelques heures ? Depuis combien de temps je suis là ? Vous kidnappez une étudiante, lui racontez l’histoire la plus étrange qu’elle ait jamais entendue et…

Mais qu’est-ce que vous espériez à la fin ? Comment une personne comme moi pourrait trouver les réponses aux questionnements d’un tordu même pas foutu d’aller au bout des choses ? Vous prenez-vous vraiment au sérieux quand vous me croyez capable d’émettre des hypothèses sur des ”supposées” vérités qui m’étaient inconnues jusque-là ? Des ”supposées vérités” que vous vous contentez d’asséner comme un automate. Des ”supposées vérités” tout droit sorties de votre esprit de…

De taré.

  • Vous pouvez me traiter de tordu si vous voulez. La situation restera malheureusement la même. Tout ceci est on ne peut plus sérieux et je ne peux pas y faire grand chose.

  • Oui, j'ai compris, ce n’est pas une blague et le danger nous cerne… Bla bla bla. Le genre de truc que je goberais jamais en temps normal. Ça pourrait presque faire un scénario de film tiens ! Un peu cliché, cela dit... Des monstres qui menacent l'humanité et qui ont des super pouvoirs, une sorte de jugement dernier, c'est pas bien original, rétorqua-t-elle. Voir ce genre de daube m’affligerait d’un ennui mortel. Ça me donnerait envie de vomir exactement comme en ce moment alors que j’écoute vos délires disparates de tourmenté. Je peux vous dire que des qui violent et tuent sans raison, et ça peu importe l’ordre, y en a à la pelle. Mais vous, vous vous contentez d’exposer votre grand schéma complotiste comme grande réalité d’un monde qui court à sa perte. Je me suis réveillée d’un sommeil forcé tout ça pour écouter les paroles d’un homme endormi par ses propres conneries.

  • Haha, bien drôle. Je vais te dire une chose: ça ne me fait pas rire.”

L’homme masqué s’avança d’un air menaçant vers Noémie. À quelques centimètres d’elle, il pencha son visage vers le sien, la jeune femme face à l’obscurité insondable de ce voile mensonger.

  • Rien de ton comportement depuis que je m’efforce à avoir une conversation constructive avec toi ne m’amuse. Que crois-tu ? Que ça me plaît d’avoir à endosser le rôle du dérangé ? Que je ne te raconte que des sornettes pour endormir ton esprit ?

  • Si j’avais voulu te faire du mal, je m’en serais donné les moyens sans passer par quatre chemins. Je t’ai sauvée parce que j’ai cru que tu pourrais m’apporter ne serait-ce qu’une aide subtile mais comme tu t’efforces à me prouver que j’ai tort, peu-être que je me suis effectivement trompé ? Peut-être que cette incessante solitude a fini par avoir raison de moi et que je suis devenu fou ? Qu’en dis-tu ? ÇA TE PLAÎT DE POUVOIR ME TOURNER EN RIDICULE ? De me savoir FAIBLE ? C’est peut-être ça que tu recherches ? Peu importe la vérité tant que tu peux dire que tu as raison, C’EST ÇA ? Tu n’as aucune raison de me croire puisque tu penses déjà tout savoir. Tu me fais pitié… Renfermée sur ton monde ridicule… minuscule. Tu ne vois que ce qui te plaît !

  • Je…

  • TAIS-TOI !

J’EN AI ASSEZ !

J’EN AI… KOF ! KOF !”

Il recula d’un pas, chancelant.

Pris d’une violente quinte de toux, il posa un genou à terre et entoura son visage de ses mains. Du sang coulait depuis derrière le masque sinistre.

Il se retourna à demi. Le flot érubescent perlait le long de sa joue, formait une flaque écarlate en contrebas. Il essayait tant bien que mal de soutenir son second trait, de contenir le liquide rougeâtre à l’intérieur, mais il tremblait, extrêmement affaibli. Noémie, tétanisée, immobile, silencieuse, invisible, ne respirait même plus. Tous ces évènements sans queue ni tête qui s’enchaînaient sans aucune once de logique ne pouvaient être réels. Rien de cela n’est possible. Le rêve durait depuis déjà trop longtemps. Et les faits, eux, allaient et venaient. S’écrasant avec toujours plus de force contre les portes de son esprit. S’amusant de l’effusion des monceaux de bois, les arrachaient sans pitié aucune, salivaient déjà du savoureux repas qu’ils feraient à ronger son cerveau déjà corrompu par l’infection grandissante du doute. Défiant le bon-sens, à l’encontre de la cohérence. Plus une seule des lois régissant ce monde n’avait lieu d’exister désormais. Laissant purement et simplement place… au chaos.

”M…Monsieur…

  • Tu dois le voir…”

Sa voix était devenue plus roque encore, n’ayant plus grand chose d’humaine. Atrophiée et atrocement rouillée, râle d’un corbeau en putréfaction.

”Vous… Vous saignez…

- Ainsi, tu comprendras mieux…

Je vais tout te raconter… Et après, tu n’auras plus jamais à te poser de questions, murmura-t-il dans un souffle, au bord de l’évanouissement.

Apporte-moi…

Le sac noir… À côté… feu… J’en… ai… besoin…”

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