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Tip-tappa-tip, l’eau clapote sous le ponton.
Il réfléchit.
Des enfants, vraiment ? Il ne sait pas…
Cette conversation le hante…
Son ange le rejoint. Elle se colle contre lui.
Parfum de foin fraîchement coupé, de fleurs sauvages et de liberté.
Comme toujours elle ne le juge pas.
Elle lui dit qu’elle le comprend parfaitement. Qu’il n’est pas question de le forcer. Elle s’est mariée à lui pour ce qu’il est, et non pas pour ce qu’il pouvait lui donner. Ils se suffisent à eux-mêmes.
En plus elle adore Jas.
Jas…
Certains disent qu’elle le considère comme un père. S’en sort-il bien avec elle ?
Il l’ignore.
Peut-être que…
Non, il ne sait pas ce qu’il souhaite. Il a juste peur. Peur de ce possible avenir.
Elle lui dit qu’il n’est pas comme son père. Lui a du courage, et beaucoup d’amour à donner. Elle sait qu’il ne fera jamais de mal à ses proches.
Elle a toujours cette foi inébranlable en lui.
Le soleil descend à l’horizon. C’est ici, pour la première fois qu’il a vraiment commencé à lui parler de sa maladie.
Que de chemin parcouru depuis…
Son ange frisonne, l’automne sera bientôt là de nouveau. Il faut rentrer.


Sur le chemin, elle s’arrête devant un chêne et pose sa main sur son tronc.
C’est celui devant lequel ils se sont mariés.
Elle le regarde, les yeux plissés de malice :
- Tu sais, les Junimos m’ont dit qu’ils ont adoré notre mariage.
- Les Junimos ? Tu veux dire les esprits de la forêt ?
Avec elle, il ne sait jamais si elle plaisante sur ce sujet ou bien si elle est sérieuse.
Elle hoche la tête.
- La vallée est pleine de surprises. Il faut savoir croire à la magie. Tu n’y crois pas, toi ?
Il la prend dans ses bras et la plaque contre le tronc de l’arbre :
- J’ai commencé à y croire dès que je t’ai vu la première fois au saloon.
Il l’embrasse, passionnément.
Effusion de sens.
L’odeur de la forêt.
Foin coupé, fleurs sauvages et liberté.
Son odeur à elle.
Tout se mélange. Les images dans sa tête.
Des petites jambes qui courent dans un champ de maïs. un cri d’enfant.
La forêt.
Son ange.
La magie du lieu.
S’il peut croire à ça, alors peut-être qu’il peut croire en lui…
Il interrompt leur étreinte, essoufflés, brûlants…
Son ange lève vers lui son beau visage. La fièvre dévore ses yeux.
Transe d’amour.
- Je crois qu’avec toi, je suis prêt à tout.
Il appuie sa paume sur le tronc de l’arbre. Vibre-t-il ?
- Tu sais, est-ce que ça ne serait justement pas le meilleur endroit pour faire un bébé ?
Elle rit.
Il l’aime.
Ensemble ils créeront la vie.


Le ventre de l’ange s’arrondit.
Cela l’émerveille et l’effraie à la fois.
Il aime y mettre ses mains et sentir la vie qui s’exprime sous ses paumes.
Il insiste. Faut manger plus. Faut que le bébé soit fort et grand. Bien plus que lui. Comme toujours, elle rit. Elle lui rappelle les conseils du Doc en termes d’alimentation. Et surtout qu’il est bête, il n’est pas si petit. Elle l’aime exactement comme il est.
Il a parfois encore du mal à comprendre cela.


Pourquoi n'est-il pas étonné qu’elle perde les eaux au printemps, un soir de tempête ? Les chemins sont impraticables.
Il panique.
Elle ? Elle reste calme et fait inlassablement le tour de la table pour oublier les contractions.
Elle veut accoucher à la maison. Elle a déjà tout organisé avec Harvey. Elle est têtue, il sait qu’il ne pourra pas la faire changer d’avis.
Le doc arrive enfin, avec Maru son infirmière pour l’assister. Il a aussi appelé la tante qui veut être là. Elle débarque avec Lewis qui, soi-disant, passait dans le coin… Comme par hasard. Il se demande qui ils essaient encore de tromper concernant leur relation. Il voit son ange rire sous cape.
Elle a mal, mais ne le montre pas. Elle est si courageuse.
La nuit est longue.
Il refuse de quitter la chambre et reste auprès de son ange. Il la soutient autant physiquement que moralement. Il ne cesse de l’encourager, de lui dire qu’il l’aime et qu’il est désolé qu’elle souffre autant.
Le petit Shane Junior arrive au petit matin. Jamais il n’a vu quelque chose d’aussi beau et d’aussi parfait.
L’enfant…
Non…
Son enfant dans les bras, il pleure. Il ne veut pas retenir ces larmes de joie.


A suivre…

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