UN MATIN BIEN ORDINAIRE

2 minutes de lecture

La journée commence bien, la sonnerie retentit à cinq heures, comme tous les matins. Cette fois encore, j'ai réussi à programmer ce fichu réveil correctement. Je n'ai pas encore réussi à trouver la fonction répétition de l'alarme. J'essaierais demain soir.

J'ouvre un œil, j'ouvre les deux. Il fait froid, je saute dans mon jean. Il est glacé et légèrement humide. Nous sommes en hiver, il ne faut pas s'attendre à des températures très clémentes. Pour la toilette, je verrai plus tard, quand je me serai un peu réchauffé. Je cherche mes chaussures. Elles sont bien planquées, car je ne les trouve pas encore. Je pense qu'elles se sont glissées sous la vieille couverture écossaise qui traîne au sol.

J'ai assez de temps pour me préparer un café long. Je verse un peu d'eau dans ma vieille casserole noircie par des milliers d'utilisations. J'allume le butagaz avec mon briquet jetable et je m'applique à placer la casserole sur l'unique feu du réchaud sans la faire basculer. C’est un exercice périlleux que je mène à bien tous les jours.

Je veux regarder dehors, les vitres sont intégralement givrées. Je me penche sur le thermomètre extérieur, il m’indique moins douze degrés. En effet, c’est bien l’hiver ! Je dois sortir pour faire mes vérifications d’usage. Il a bien neigé, le sol immaculé tranche avec le noir de la nuit. Je glisse et manque de tomber. Je me rattrape comme je peux et je reste sur mes deux pieds.

Je m’amuse à faire fondre la neige avec l’urine accumulée dans ma vessie durant la nuit. Je fais le tour de l’ensemble, tout va bien… Pas d’effraction à déplorer, tant mieux, je n’ai pas envie de perdre du temps pour aller déposer une plainte, qui sera de toutes façons, classée sans suite. Il continue de neiger, je grelotte… Je grimpe sur mon petit escabeau pour gratter les vitres et je rentre me mettre à l’abri. J'éteins le Thermix, ce n’est pas un moyen de chauffage idéal, c’est même assez dangereux, mais quand on n’a rien d’autre…

J’allume la radio, sur toutes les stations, c’est le même sujet : il a neigé ! Les routes sont bloquées et le temps ne va pas s’améliorer. Tant pis, on fera avec... Je remplace le disque* de la veille, j’allume les feux et je démarre. Je fais fonctionner les freins en pompant pour purger l’air. Tout va bien, le camion ne patine pas et la belle-mère* suit sagement le mouvement.

Le moteur du Berliet ronronne comme il faut, les essuie-glaces balaient le pare-brise sans un crissement. Tout va pour le mieux… Comme d’habitude, je prends la route pour Paris. Je ne perds pas de temps, car je dois être chez mon client ce soir, pour décharger dans la nuit, et la route est longue depuis l'autoport d'Aoste !

DISQUE : C'était le mouchard des routiers. Un disque de papier paraffiné sur lequel s'inscrivaient les activités de la journée. Vitesse, temps de conduite etc. Remplacé depuis des années par un chrono numérique.

BELLE-MERE: Remorque.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 6 versions.

Vous aimez lire Bruno Jouanne ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0