Le faucheur de l'enfer

de Image de profil de Myriam ArboMyriam Arbo

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14-juillet 2016. Nice. 21h30

Je suis venue passer quelques jours à Nice.

- Si tu veux on peut aller à pied jusqu'à la prom' pour voir le feu d'artifice, propose mon ami.

- Pourquoi pas !

Un instant de réflexion. Je regarde une mouette voler. Son cri est bizarre.

- Finalement je préfère qu'on aille à Saint-Laurent-du-Var, il y aura moins de monde.

- Comme tu veux, me répond-il.

Nous avons profité d'une balade sur le bord de mer. Les peintres du ciel n'étaient guère en osmose. Orange, rose, bleu, de grosses taches noires, des nuages gris clair, des trainées blanches. Le vent se levait.

Nous nous sommes assis sur une terrasse, le feu d'artifice a commencé. J'ai pris quelques photos. Une sur Facebook pour les copines, une autre sur Snap pour les enfants.

Il y avait beaucoup de monde sur la promenade des goélands. Trop de monde entassé. Une exposition de véhicules militaire attirait les curieux. 

22h45. Un sentiment de panique m'envahissait au milieu de cette foule qui n'avançait pas. Je voyais des poussettes, des bébés, des enfants en bas-âge.

Je ne comprenais pas. Comment est-il possible d'emmener des enfants si petits ?

Nous avons rejoint la voiture. J'ai envoyé les photos.

- J'ai eu un énorme sentiment de panique dans la foule, confiai-je à mon ami.

J'ai regardé l'alerte annoncée par le dl (Dauphiné libéré).

Nous sommes rentrés. La télé branchée sur BFM, nous étions atterrés.

J'ai essayé de joindre ma fille. Elle avait passé la journée à Fréjus. Elle ne répondait pas. Son compagnon non plus.

Facebook a très vite mis en place Safety Check. Les vidéos d'horreur se propageaient. Sur BFM, les journalistes racontaient tout et son contraire et surtout n'importe quoi.

Les hélicoptères, les sirènes n'arrêtaient pas. L'horreur est à deux pas de l'appartement.

Ma fille m'a enfin appelée. Ils avaient assisté au feu à Sainte Maxime.

Mon fils m'a appelée. Mon gendre routier qui venait d'entendre l'info à la radio a fait de même.

Je les ai rassurés.

Aujourd'hui, le téléphone risque de sonner plus que d'habitude.

Je pourrai les rassurer.

Mais combien ne le seront pas ? Combien de personnes ne pourront pas rassurer leurs proches ?

Une centaine de personnes venue là pour célébrer la liberté. Chacun devait avoir un truc à finir, à faire, un projet, un espoir, de la joie, de l'amour à donner.

Je n'ai pas fermé l'oeil de la nuit.

La conception de cette horreur, de ce camion fauchant au passage des dizaines et des dizaines d'êtres humains. C'est à deux pas d'ici, et il y a comme un côté irréel.

Nice, baie des anges. 14-juillet 2016 22h45. Nice, baie de l'enfer.



AutobiographieTragédie
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Le faucher de l'enferChapitre10 messages | 7 ans

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