POESIE

un jour une naissance

Ma mère m'a mise au monde
Un été d'août 69, un été chaud
Des larmes coulent de son visage
Des douleurs interminables
La petite rose se décide enfin
Le visage de ma mère s'illumine
Une larme, un sourire
Ma mère me serre contre elle
C'est l'heure de la tétée
La petite rose s'endort
Le ventre repus
Elle se repose en silence
La tétine à la bouche
Dans la nacelle de son berceau
Le temps s'écoule d'heure en heures
Quand une visite vient tout chambouler
Ce sont les parents de ma mère
Ils se penchent sur mon berceau
Pour me regarder et m'admirer
Ils me prennent dans leurs bras
Trop tard la petite rose est réveillée
Des pleurs toujours et encore
viennent me chagriner mon sommeil
Bercer par les bras de ma grand-mère
Qui pousse la chansonnette
En racontant son histoire
La petite rose se rendort blottis
Au creux de ses bras bien au chaud
Elle me repose tout doucement
Dans la nacelle de mon berceau
En me regardant une dernière fois
Le sourire au coin des lèvres
Mes grands-parents s'éloignent
Laissant le temps à ma mère
De se reposer en fermant les yeux
La tête vide et l'esprit tranquille
Ma mère s'endort paisiblement
Dans son lit d'hôpital matinale
Les journées se ressemblent et s'assemblent
Une nouvelle journée commence
Pour nos deux petites roses joyeuses
Elles se réveillent gaiement
Les yeux bien écarquiller
Le sourire au lèvre
La petite rose s'agite dans son berceau
Les pleurs toujours et encore
Fond de ma mère une femme inquiète
Elle se penche sur mon berceau
M'attrape doucement avec amours
Me berce et me console
Elle me met au sein
Prend mon bain
M'habille avec délicatesse
Me parle, chante des berceuses
Puis me repose dans mon berceau
La petite rose s'endort doucement
Ma mère se divertie
Quand viens l'heure des visites
Ce sont les frères et sœurs de ma mère
Ils se penchent tous sur mon berceau
Pour me regarder et m'admirer
Ils me prennent tous à tour de rôle
Dans leurs bras soyeux
Trop tard la petite rose est réveillée
Elle les regarde avec ses petits yeux rond
L'air de dire (laissez-moi dormir)
Ma tante me repose dans mon berceau
La petite rose est soulagée
Le sourire au lèvre
La petite famille quitte la chambre
Enchanté d'avoir connu ce petit bout
Un jour je grandirais
Un jour se serais adulte
Tant d'espoirs pour une vérité
Je ne connaîtrais jamais mon père
Un jour je serais vieille et moche
Quand la mort viendra me chercher
Je serais prête à l'accueillir
Quand tous mon passé resurgira
Je ne suis qu'une poussière
Qu'on montre du doigt
La peur au ventre
Elle me prendras sans un mot
Je donnerais mon corps à la science
Qui sauveras des vies
Quand tout s'éteint
Je me retrouve dans le noir
Il n'y a plus d'espoir
Je suis sereine et reposée
Mon cœur s'est arrêté de battre
Mais n'a jamais cesser de t'aimer.

Catherine régent.

Fin