L'attente

3 minutes de lecture

L'air glacial du matin d'automne me fouette le visage. L'été est fini pour de bon. Le soleil a cédé sa place au brouillard matinal et aux minuscules gouttelettes se déportant dans la brume.

Le goudron brûlant d'aout est désormais recouvert de feuilles craquantes sous mes pieds. J'ai troqué mes sandales pour des bottines chaudes et imperméables. J'enroule mon écharpe autour du cou et la remonte sur mon nez. Les mains dans les poches de mon manteau, j'avance en direction de la gare.

J'aime le bruit des feuilles qui craquent sous mon poids.

Arrivée sur le quai de la gare, je m'installe sur un banc. En observant autour de moi, je me rends compte que je suis seule.

C'est une petite gare de village. Deux quais, et bien sûr, pas d'abris pour y attendre au chaud. Il y a donc rarement beaucoup de passage. Mais à cette heure du matin, je ne suis d'habitude jamais seule.

"Tiens" je remarque, "Les lampadaires devraient être allumés."

Il fait encore un peu nuit, et d'habitude, je me plais à observer les luminaires faire briller la rosée du matin sur les rails. Mais ce matin, je suis délaissée dans la faible lueur matinale offerte par la brume.

"Mon train a du retard..." Je pense en observant l'horloge de la gare.

Je sortirais bien mon téléphone pour passer le temps, mais je n'ai pas de gants et mes mains sont bien trop confortablement installées dans mes poches. Alors j'attends.

J'attends ce qui me paraît être environ trois ou cinq minutes, mais quand mon regard se pose sur l'horloge de la gare, je constate que les aiguilles des minutes n'ont pas bougé.

Je m'impatiente et marmonne dans mon écharpe. Le temps me paraît long, car c'est le matin et puisque je suis assise à ne rien faire, je commence à avoir froid.

Je prends mon mal en patience et fais quelques pas sur le quai pour me réchauffer. Après quelques allers-retours, je consulte à nouveau l'horloge de la gare. Les aiguilles ne se sont toujours pas déplacées, pourtant, l'aiguilles des secondes fonctionne.

"Non, elle doit être cassée !" Dis-je en sortant mon téléphone pour vérifier ma théorie.

Cependant, mon téléphone affiche la même heure que l'horloge.

"Mais... ce n'est pas possible, ça fait au moins bien vingt minutes que j'attends !"

À contrecœur, je me rassois sur le banc et rabats mes jambes contre ma poitrine pour me tenir chaud. Je décide de compter moi-même les secondes qui s'écoulent.

"Une, deux, trois…" Je scrute l'horloge de la gare dont l'aiguille des secondes semble tourner en boucle. 

"58, 59, Là !" Je crie de stupeur.

Une minute s'est bien écoulée, mais les aiguilles ne sont pas passées à la suivante. J'extirpe mon téléphone de ma poche pour consulter l'heure.

"Non... bordel, mais il n'y a rien qui marche !" Je secoue mon téléphone.

Abasourdie que le temps me fausse compagnie de cette manière, je décide de consulter les horaires de trains en ligne. Problème, l'application refuse de s'ouvrir et toutes mes tentatives d'envoyer des messages se résultent en échec.

"Il y a vraiment quelque chose de bizarre..."

Soudain, un éclair de fourrure noir saute sur les rails devant moi.

Un petit chat noir aux yeux vairons, l'un jaune et l'autre vert, s'assied au milieu des rails et penche la tête sur le côté, me regardant curieusement.

"Eh, le chat ! Ne reste pas sur les rails !" Lui dis-je.

Mais aussitôt, je me ravise et remarque l'idiotie de mon avertissement.

"Bon, même si aujourd'hui, il semblerait que personne ne m'ait prévenue qu'aucun train ne viendrait..."

Le chat me scrute de ses yeux perçants en penchant la tête d'un côté, puis de l'autre, comme s'il essayait de comprendre ce que je disais.

"Pourquoi me regardes-tu comme si je n'avais rien à faire là ?" Rigolais-je, amusée par ses mouvements de tête.

"C'est plutôt toi qui ne devrais pas être au milieu des rails." Lui fis-je remarquer.

Le chat miaula avant de se retourner vif comme l'éclair pour atteindre le quai voisin. Là, il passa derrière un rocher et ne réapparut pas de l'autre côté de celui-ci.

"Quoi... mais..."

Aussitôt, les hauts parleurs de la gare retentirent.

"Voie deux, entrée du train numéro soixante-six"

"Hin ?!" Je braque aussitôt mon regard sur l'horloge qui affiche désormais 8h15.

Mon train arrive en gare, les portes s'ouvrent et je monte à l'intérieur perplexe.

Je me jette sur une fenêtre dans l'espoir de voir le chat noir, mais rien.

Troublée, je prends place sur un siège.

"J'ai peut-être rêvé..." Je songe en regardant le paysage défiler.

Puis je détends mes jambes et apprécie la chaleur du train en fermant doucement les yeux.

"Oui, c'est forcément ça, le temps paraît simplement plus long le matin quand il fait froid."



Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lia coco ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0