Jayce

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Ronde. Telle est la routine en tant que gardien. On se doit de faire le tour du complexe de façon régulière et omniprésente. Rappeler aux chers esclaves qu'il y a des règles à respecter sinon la sanction tombe. Telle est la devise. Et ce matin, je m'ennuie un peu à vrai dire à faire ma fameuse tournée habituelle. Je stoppe quelques esclaves au hasard mais jusque-là, rien à signaler. A croire qu'ils sont tous devenus bien sage depuis l'incident avec la tentative d'Evasion de l'une d'entre eux. Je me demande si je vais pas regretter d'avoir pris la place de mon collègue. Techniquement, ce n'était pas mon tour de faire ma ronde, mais mon collègue voulait un peu de bon temps car il n'avait pas eu de repos depuis un certain temps. Et parfois, il m'arrivait d'être sympa. Mais, ça se compte sur les doigts d'une main. Faut pas trop m'en demander. Je suis pas le genre à me laisser avoir. Et c'est jamais gratuit avec moi, pas complètement. En échange, je lui avais demandé un paquet de clopes parce que j'étais en rade et que je n'avais pas le temps de me fournir vu que la ronde devait avoir lieu maintenant.

Je pensais tourner en rond, cas de le dire, sans avoir rien d'autre à faire que fumer. Clope en bouche, je rends les passes des deux personnes que je venais d'accoster. *Allez un rebelle, s'il vous plaît!* Je me fais chier. Je continue ma route et arrive aux abords du jardin et j'aperçois une silhouette. J'accélère un peu le mouvement en reconnaissant la tenue habituelle des esclaves. Je suis presque à sa hauteur quand j'attrape sans mal son bras et le fait pivoter sans ménagement dans ma direction. "Hello mon beau, tu sembles bien pressé... mais, désolé pour toi, ça devra attendre." J'eus un petit rictus en coin. "Tiens tiens mais qui voilà" dis-je en reconnaissant le visage de Siobhan. Un esclave que j'avais moi-même kidnappé et embarqué sans aucun scrupules au sein du complexe. Je souffle ma fumée sur lui sans la moindre gêne. "Alors Sio, tu te plait dans le coin?"

Provocation. Je sais que Siobhan est un Rebelle, il a fait pas mal parler de lui et au sein même des gardes. IL avait frappé l'un de mes collègues dernièrement et avait été puni pour cet acte avec l'un des clients. Depuis, étrangement, il semblait s'être effacé. On n'entendait moins de choses à son sujet mais ça arrivait encore car il avait recommencé avec d'autres collègues. Et forcément, il était tentant de lui chercher encore des noises à cet instant. Je n'avais rien de mieux à faire."Rassure-moi, tu te souviens de moi..." ajoutais-je, moqueur. "Je serais vexé que ce ne soit pas le cas, mon beau" continuais-je. "Bon, tu serais gentil de me montrer ton pass... parce que c'est pas le tout mais on se balade pas comme on veut ici, au cas ou, tu l'aurais oublié. Et vu ta réputation, je ne serais pas tellement surpris que tu aies encore désobéis."

Je prends mon briquet et m'amuse à l'allumer et l'éteindre alors que mon regard se fait menaçant. Je ne souriais plus du tout, totalement sérieux, prêt à bondir sur l'esclave s'il avait le malheur de se promener sans passe-droit. Rajaar avait l'air satisfait avec ce cher Martyr, j'en étais ravi mais son maître avait beau être un ami... ça ne sauverait pas sa belle petit gueule d'ange. Aucune pitié. Pas d'exception. C'était pareil pour tout le monde. Et pas de bol pour lui, j'étais un grand joueur et m'occuperait avec joie de son cas s'il n'avait pas le sésame en sa possession.

Électron libre, telle est l'aspiration que je souhaiterais suivre mais qui s'avère impossible dans cet endroit de malheur. Je ne serais jamais libre et tout ce qui se trouve entre ces murs nous le rappelle. Les gardes sont omniprésents et veillent à ce qu'il n'y ait aucun incident comme une tentative évasion. La dernière en date s'était soldé par un traitement public, une idée de ce qui attend les plus téméraires, les plus bornés comme moi. Depuis, la jeune femme avait disparue. Probablement tué comme une malpropre, sans plus de cérémonie. Un frisson me parcourt alors que je repense à tout cela.

J'étais arrivé aux abords du jardin. Un endroit qui arrivait encore à me faire oublier que j'étais prisonnier. Rajaar semblait différent aujourd'hui mais je ne m'étais pas tellement attardé sur lui, préférant aller faire un tour. Juste qu'il fallait que je parvienne à conserver mon calme. J'avais trop réagis face aux gardes ces derniers jours. Je devais rester prudent où j'allais encore recevoir de mauvais traitements. Je ne tiens pas à revoir Wyatt ou un client semblable. Je regarde les arbres perdu dans mes pensées puis je décide de me rendre à la Fontaine , j'aimais cet endroit. J'accélère le pas quand je me fais subitement agripper le bras.

Me voilà face à un garde, sauf que ce n'était pas n'importe lequel. Il était responsable de mon calvaire. Je déglutis à ses paroles alors que la rage s'empare de tout mon corps. J'ai envie de lui faire ravaler ce sale rictus. "Je ne vois pas comment je pourrais oublier ta tronche. T'es responsable de ma situation."rétorquais-je en colère. J'ignore son prénom mais son visage... Impossible d'oublier. Impossible d'oublier le jour où il m'avait kidnappé. Depuis, j'avais vécu des choses atroces et j'étais devenu un lion en cage, à tourner en rond. Il me demande mon passe, persuadé que je n'en possède pas. Et ce qui m'agace c'est sa façon de faire. Il est tellement sûr de lui et j'ai tellement envie de lui faire ravaler son sourire ainsi que sa langue.

Manque de bol pour lui, Rajaar m'avait rédigé un passe. Il savait que je n'étais pas capable de rester sagement enfermé à l'appartement. Je devenais fou de devoir attendre ainsi. Et puis, je suis claustrophobe donc au bout d'un certain temps, j'ai l'impression de ne plus respirer. Et les gardes avaient visiblement tous l'habitude que je me balade sans passe. Certes, c'était le cas pendant longtemps. Pas aujourd'hui. Je glisse ma main dans ma poche pour lui montrer le fameux papier sauf que je me rends compte que je ne l'ai pas sur moi. Oh non! Pas maintenant, pas en compagnie de ce garde-là. Quelle poisse! Comment allais-je me sortir de cette galère? Je tâche de conserver mon calme et de ne rien laisser paraître. Je regarde le garde dans les yeux me fichant parfaitement d'enfreindre la règle. De toute façon, je ne suis plus à cela près. En effet, dès qu'il allait savoir que je n'avais pas la fameuse autorisation en ma possession, il se ferait un malin plaisir de s'en prendre à moi. Sauf que je n'étais pas décidé à me laisser faire surtout que c'était un simple oubli. Mais, il ne serait aucunement compatissant pour cette étourderie. Je soupire alors que je ne sais pas vraiment comment me tirer de ce mauvais pas. J'étais une fois de plus dans de beaux draps."Décidément ma réputation me précède...." Gagner du temps,pfff ça ne servirait à rien et il le verrait aussitôt. Mais, je ne peux pas m'empêcher de tenter le coup, histoire de trouver une idée pour me sortir de là.

Je ne suis pas peu fier de la remarque de l'esclave. Et oui, j'étais responsable de sa venue ici et je m'en battais les couilles. Je me fichais pas mal qu'il puisse souffrir ici, qu'il soit malmené ou pas. Ce n'était plus mon soucis. J'avais accompli ma tâche en ramenant ses fesses au complexe. Le propriétaire avait besoin de nouvelles têtes, de chair fraîche, pour ses clients et j'étais là, pour leur en fournir. Et Siobhan semblait satisfaire dans l'ensemble malgré son sale caractère et sa fichue manie de se rebeller. Sinon, pourquoi leur chef le gardait-il encore en vie? Il ne comprend même pas qu'il aurait déjà pu se faire exécuter pour moins que ça. Je tapote le sol du pied alors que j'attends son autorisation stipulant qu'il avait le droit de circuler librement dans les couloirs. Et je n'aime pas le fait que le slave me fasse attendre ainsi... surtout n'étant pas quelqu'un de très patient de nature. Je soupire au bout d'un moment. "Ta réputation te précède, c'est certain... surtout avec ce que tu as eu l'audace de faire. A croire que t'es suicidaire Siobhan. Et j'imagine aisément à cet instant, que tu tentes de gagner du temps.. tu n'as pas d'autorisation, avoue-le." ajoutais-je, en le regardant durement. "Ne me mens pas! Je déteste les hypocrites." Et sans prévenir, je m'avance et l'attrape par le bras, je fouille sans attendre dans ses poches qui sont vides. Je le repousse fortement en inspirant doucement alors que je fais craquer mes doigts. "Tu me prends vraiment pour un con. La séance avec Wyatt ne t'a pas suffit, tu en redemande apparemment." Appuyer là ou ça fait mal, une spécialité chez moi. Je souris en coin, moqueur. "On devrait lui demander une autre leçon pour toi, il semble que tu n'aies pas imprimer la première fois."

Je vois le visage du slave se décomposer à mes dires et cela me fait éclater de rire. Tellement facile à atteindre. Tellement prévisible. Sauf que ma réaction ne semble pas à son goût vu qu'il tente de me frapper mais j'esquive sans mal son geste et lui attrape le bras et le tords dans son dos. "Mais, il y a d'autres individus tel que moi qui peuvent très bien te donner une leçon tout aussi efficace. Je sens que tu vas encore plus me détester." Alors que je le tiens fermement d'une poigne de fer, j'approche mon visage de son oreille et lui chuchote:"Siobhan, toujours à chercher les ennuis, je commence à croire que t'aimes ça... t'aimes te faire punir. C'est ton truc en fin de compte... finalement, t'es bien à ta place. Tu trouves ton compte."

Siobhan se tend davantage à mes paroles et sans prévenir me donne un bon coup de coude dans le ventre et sous le coup de la surprise je lâchais son bras. Oh mais c'est qu'il mord encore... je croise son regard alors qu'il me regardait de travers, totalement furieux. Sa respiration est rapide et je ne doute pas un seul instant qu'il peine à se retenir de ne pas me frapper. Il en meurt d'envie, c'est certain. Tout comme le fait qu'il veut sans doute me faire souffrir, se venger de moi, pour l'avoir traîné entre ces murs."Si tu veux tout savoir, je ne regrette absolument pas d'avoir traîné ton petit cul ici. Et de ce que j'ai pu en voir, il a l'air pas mal... Je serais même bien tenté de te punir de cette manière puisque tu mérites une correction étant donné que tu te balades sans passe." Je m'approchais de nouveau dangereusement du slave.

Je me sens me décomposer devant les paroles du garde. Évoquer Wyatt était toujours difficile... c'était une faiblesse dont je ne parvenais pas à passer outre. Je déglutis, totalement mal à l'aise alors que le garde s'en amuse ouvertement. Il sait l'effet que ça produit sur moi. Et je ne peux m'empêcher de vouloir lui faire rabattre son caquet en voulant le frapper mais il m'esquive rapidement et m'attrape le bras qu'il tord dans mon dos. IL m'arrache une grimace et je sens ma respiration accélérée encore alors qu'il me souffle dans le creux de mon oreille"Siobhan, toujours à chercher les ennuis, je commence à croire que t'aimes ça... t'aimes te faire punir. C'est ton truc en fin de compte... finalement, t'es bien à ta place. Tu trouves ton compte." Mon corps se tend tout entier et je ne peux pas rester indifférent. Je frappe son ventre avec mon coude pour le faire lâcher prise et pour mon plus grand bonheur, ça fonctionne. J'observe le garde totalement furax et je peine à conserver mon calme. J'ai tellement envie de le frapper, de lui faire du mal. Il a raison, je désire ardemment me venger de lui, de m'avoir kidnappé. A cause de lui, je vivais l'enfer.

Et ce fut la phrase de trop... le geste de trop..."Si tu veux tout savoir, je ne regrette absolument pas d'avoir traîné ton petit cul ici. Et de ce que j'ai pu en voir, il a l'air pas mal... Je serais même bien tenté de te punir de cette manière puisque tu mérites une correction étant donné que tu te balades sans passe." En effet, le garde s'approche de moi et finit par m'attraper de force et de le savoir si proche de moi me répugne. Et il est hors de question qu'il me touche. Hors de question qu'il me souille de sa personne... il m'avait déjà traîné ici... je n'allais pas non plus le laisser me baiser. Jamais. Caméléon, il en a de bonnes Rajaar... comme si je pouvais dire oui à cet individu... non, impossible. Et là, je vois noir alors qu'il ose me toucher de façon provocante et explicite annonçant clairement l'idée de ce qu'il allait faire si je ne réagissais pas. Je le frappais violemment en lui assénant un bon coup placé dans ses parties intimes. Rien à cirer de lui faire mal. Rien à faire de frapper un garde. Je peux endurer beaucoup de choses au sein du complexe. Je peux éventuellement apprendre à me soumettre mais jamais, ô grand jamais, je ne pourrais le faire envers le responsable de cet Enfer!

Je n'ai pas réfléchis, mon instinct de survie, mon corps a agit pour moi. Les images de Wyatt reviennent avec violence dans mon esprit. IL n'était pas possible de laisser faire ce garde. Et bordel, qu'est-ce qu'ils avaient tous à vouloir me sauter dessus ces derniers temps? Si je n'avais pas assommé son collègue, aurait-il agit différemment? Aucune idée... je ne m'attarde pas vraiment auprès du garde qui sous la violence de mon coup était tombé à genoux. Mon cerveau réfléchit à toute vitesse... je décide de retourner à l'appartement. Bon sang, j'étais dans la merde jusqu'au cou. Je suis indécis. Marcher pour ne pas attirer l'attention ou courir pour mettre le plus de distance possible avec ce type. Pour l'heure, je marche très rapidement alors que j'arrive dans le couloir. Je ne suis pas serein. Je sursaute au détour d'un carrefour en tombant sur une slave. Bordel, j'avais peur de me faire attraper par un autre garde, retarder et qu'il puisse avoir le loisir de dire à son collègue de me tenir ou que sais-je...

Au bout d'un moment, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sensation qu'il faut que je jette un coup d'oeil derrière moi. Je blêmis. Le garde était à l'autre bout du couloir, un sourire mauvais sur les lèvres. Oh misère! Ni une, ni deux, je m'échappe en courant à travers les couloirs alors que j'entends le garde à mes trousses. Et si Rajaar était à l'appartement? Tant pis... je ne peux pas rester dans le couloir, je ne peux pas améliorer la situation, c'est trop tard! Je sens un point de côté se former mais je l'ignore. Et j'arrive en trombe dans l'appartement, je vais pour fermer la porte mais je n'ai pas été assez rapide. Le garde coince la porte de son pied et force le passage et je finis par lâcher et me recule à bout de souffle, les yeux fixés sur le garde, le coeur battant à tout rompre alors que je sens la panique me gagner. "Je.. " Dire que je suis désolé.... Foutaises, je ne le suis absolument pas. Pas le temps de trouver une solution, le garde se jette littéralement sur moi et je tombe à la renverse avec lui faisant tout valdinguer au passage sur la table du salon brisant un vase au sol. Je me débats alors que le garde me frappe et je me protégeais comme je le pouvais.

" On pardonne aux corbeaux, et on punit les colombes."

*

Le temps passe et ne cesse jamais de s'écouler, de toute façon, il n'attend jamais personne dans ses appartements. ce soir-là, non plus, il n'attendait personne. Et il faut croire que ce slave en avait conscience. Il savait qu'il pouvait agir à sa guise. Rajaar déglutit en songeant à cette soirée, il ne risque pas de l'oublier, au point qu'il n'a toujours pas fêté son anniversaire. 24 ans, la fleur de l'âge, pourtant il se sent comme un vieillard. Encore aujourd'hui, il est incapable de rester concentré sur sa tâche. Aurait-il dû tuer cet avorton? Sans doute mais Rajaar est bien incapable d'en arriver à une telle extremité... ce n'est pas un homme sans coeur, bien au contraire, et ce même s'il essaie de démontrer le contraire à son slave. Et comment le propriétaire des lieux aurait pris la nouvelle en apprenant qu'il avait tué l'un de ses esclaves? Siobhan ignore tout de sa situation et c'est bien mieux comme ça... comme pour Wyatt. cela doit rester ainsi. Rajaar doit vivrr avec ce fardeau et l'enterrer au plus profond de lui. Il a trop honte pour en parler et il a un rôle à tenir. on compte sur lui, il est émir... il doit bientôt se marier.. il n'a pas le droit de flancher.

comme un vieillard parfois. Heureusement qu'il a commencé ses séances avec le coach, il arriv dans ses appartements. ce soir-là, non plus, il n'attendait personne. Et il faut croire que ce slave en avait conscience. Il savait qu'il pouvait agir à sa guise. Rajaar déglutit en songeant à cette soirée, il ne risque pas de l'oublier, au point qu'il n'a toujours pas fêténson anniversaire. 24 ans, la fleur de l'âge, pourtant il se mpte à quel point son esprit se fatigue, à quel point les tensions et les inquiétudes le bousillent. Il s'étonne même de ne pas encore avoir pété les plombs. Comment a t-il pu se laisser avoir comme ça ? Comment a t-il pu en arriver là ? Et surtout... comment faire pour s'en sortir ?Encore aujourd'hui, Rajaar n'arrive pas à rester concentré. Enfermé dans son bureau depuis des heures, il soupire, incapable de penser à autre chose. Le poing serré, il frappe sur le meuble, lâchant un juron, son autre main se pressant contre son visage. Il cherche mille ruses, mille solutions, mais toujours il y a cette petite voix qui vient lui souffler : "Tu aurais dû le tuer." Une voix qu'il ne peut évidemment pas écouter. Lui ? Tuer ? Jamais de la vie. Pourtant, il sait que sa conscience a raison. Ce serait encore la chose la plus efficace... mais comment pourrait-il expliquer ça ? Comment aurait-il pu expliquer au propriétaire des lieux qu'il avait tué l'un de ses slaves? Il ne peut même pas tenter de manigancer pour obtenir son exécution... il raconterait tout. Rajaar fulmine. Coincé. Il est coincé... putain si seulement il avait assez de cran pour le faire égorger et se débarrasser du corps sans que personne n'en sache jamais rien ! D'autres que lui n'auraient eu aucun scrupule à le faire...Siobhan ne sait rien de tout ça. Personne ne sait rien... il est seul à porter ce fardeau et il a beaucoup trop honte pour en parler. C'est comme avec Wyatt... c'est le genre de secret qu'il vaut mieux taire à jamais pour éviter des problèmes supplémentaires. Tant pis. Il peut encaisser... il peut supporter... il le faut bien. Il n'a pas le choix. On compte sur lui pour régner sur la moitié de tout un pays... pour se marier... pour faire des héritiers. Est-ce que c'est normal que ça l'effraie autant ? Il y a encore tellement de route à faire. Tellement d'obstacles à passer. Et s'il n'y arrivait pas ? Il préfère ne pas y penser. S'inquiéter autant pour son avenir ne sert à rien, il faut qu'il règle tous ces problèmes. Un à la fois. Ça va aller... Mais comment faire comprendre à Siobhan tous ces soudains changements qui vont lui tomber dessus ? Rajaar soupire de plus belle, déprimé. Il n'a pas envie de lui faire ça... mais pour le moment, c'est encore le mieux à faire. Il a essayé de lui expliquer, de lui faire comprendre avec douceur, mais il doute que cela puisse changer quoi que ce soit.

Tout à coup, un vacarme éclate dans ses appartements. Le jeune Prince sursaute et se lève immédiatement. Le bruit semble venir du salon, et alors qu'il se dirige vers la sortie, un bruit de verre brisé se fait entendre. Il ouvre alors la porte en grand et tombe sur une scène surréaliste. Siobhan est aux prises avec un homme, un garde d'après son uniforme. Un homme qui le frappe avec acharnement. Un homme que Rajaar n'a pas trop de mal à reconnaître, parce qu'il le connaît bien pour s'être plus d'une fois entraîné au sabre avec lui. Le Prince serre les poings. S'il avait écouté son cœur, il aurait déjà agrippé le garde pour lui éclater le nez. Mais il se retient au dernier moment, faisant taire son cœur au profit de tout le reste... il va devoir s'y habituer. Il se contente alors de crier d'une voix forte et autoritaire :

- Ça suffit ! Jayce, arrête ça immédiatement, c'est un ordre !

Les ordres, il a le droit de les donner. Il est Émir, invité excessivement prestigieux du complexe et le slave qu'il bat est en partie le sien. Comment Jayce ose t-il entrer dans ses appartements et tabasser son esclave de la sorte ? Qu'est-ce qui s'est encore passé ? Siobhan a encore dû faire des siennes... quand donc apprendra t-il à se maîtriser ? Un jour, cet idiot se fera tuer. Cette simple idée lui glace le sang et il s'approche, le pas vif et assuré. Il attend que le garde ait relâché sa prise et se soit redressé pour poser un genou à terre et vérifier d'un rapide coup d'œil que son slave ne soit pas gravement blessé. Il se serait sans doute montré un peu plus inquiet et démonstratif. Mais en présence de Jayce, il préfère éviter. Il lance d'ailleurs un regard à celui-ci.

- J'aimerais une explication. Puis-je savoir ce qui justifie ce foutoir ?

Il ne peut cependant pas s'empêcher de regarder également Siobhan, un air de déception et de colère peint sur son visage.

- Qu'est-ce que tu as encore fait... ?

Lui qui pensait qu'il commençait à faire des efforts, à enfin se tenir un petit peu tranquille et se faire oublier... Est-ce qu'il réalise seulement à quel point il le rend malade d'inquiétude et de peur à agir de la sorte ? Est-ce qu'il s'en soucie seulement ? Peut-être... mais quand il se fourre dans les ennuis comme ça, Rajaar en vient parfois à douter...

Putain d'esclave. Il avait osé me frapper et c'était une très grosse erreur de sa part. Siobhan avait pris une très mauvaise décision. J'allais m'occuper de son cas. Il prenait un peu trop ses aises et fallait que ça cesse. Quelqu'un devait remettre cet esclave à sa place. Peu importe qu'il soit le slave du Prince Rajaar. Au contraire, ça rendrait service à mon ami de le recadrer bien comme il faut. Je me retrouve à genoux, la douleur est terrible mais il m'en fallait bien plus pour me stopper.

J'ignore la douleur et me redresse tant bien que mal. La chasse est ouverte, j'allais traquer ma proie jusqu'à ce que je l'atteigne. Je ne lâche jamais l'affaire tant que je n'ai pas réglé le compte de ma proie. Je parcours le couloir d'un pas vif cherchant le slave et je retrouve vite sa trace. Il est juste au bout du couloir et il se retourne au même moment. Nos regards se croisent avant qu'il ne détale comme un lapin. Je le pourchasse sans attendre et nous parcourons plusieurs couloirs avant qu'il ne franchisse une porte que je parviens à garder ouverte en calant mon pied juste à temps, avant qu'il ne ferme derrière lui. Je ne réalise pas tellement le fait que je me trouve dans les appartements d'un Prince. Je suis omnibulé par Siobhan. omnibulé par mon désir de le corriger, de le faire plier. Qu'il comprenne qu'il n'a aucun droit de me frapper... De s'en prendre aux gardes comme il le veut, il y a des conséquences... toujours des conséquences quand on provoque. Je vais lui régler son comportement, qu'il prenne conscience de ses erreurs. Je n'attends pas très longtemps pour bondir sur Siobhan. Dans la mêlée, des affaires tombe de la table basse du salon et un vase se brise avec fracas sur le sol.

Je frappe l'esclave sans la moindre retenue dans mes gestes. Les coups sont forts ... Violents et touchent chaque parcelle que je peux atteindre de son corps malgré ses tentatives de protection avec ses bras. Je lui casse la figure littéralement et ce n'était que le début. Je ne manque pas d'idées plus atroces les uns que les autres au fil du temps qui s'écoule. Mais, une voix autoritaire "ça suffit !" interrompt tout. Je relève la tête et constate la présence du Prince qui m'ordonne d'arrêter. Je me decale du slave, pose un genou à terre et m'incline devant le Prince.

- J'aimerais une explication. Puis-je savoir ce qui justifie ce foutoir ? Le Prince demande alors à Siobhan ce qu'il a encore fait et je prends la parole avant lui. "Prince Rajaar, pardonnez moi de vous avoir importuné et d'être entré sans votre autorisation. J'ai été pris dans le feu de l'action, je le reconnais. Votre esclave se baladait dans les jardins lorsque je l'ai interpellé et je lui ai demandé son pass mais il n'en avait pas sur lui. Je lui en ai fait la remarque et il s'est rebellé et m'a frappé d'où l'intervention jusqu'à vos appartements. Je n'ai pas réalisé pleinement que je me trouvais chez vous. Veuillez m'excuser pour cette intrusion. Je ne voulais que corriger le mauvais comportement de votre esclave." Je jette un œil sur Siobhan, il a de la chance que Rajaar soit présent dans ses appartements. Mais, il ne perd rien pour attendre, je finirais bien par m'occuper de son cas. Je ne laissais plus rien passer... Encore moins depuis que j'avais été drogué. Je devais conserver ma réputation. Et Siobhan méritait qu'on lui rappelle où se trouvait sa place au complexe et pour de bon.

S'il existait une médaille pour l'aimant à problème, j'imagine qu'elle me serait décerné. Je ne fais que cumuler les mauvaises actions. Je ne fais que des conneries malgré mes tentatives d'amélioration. C'est pas faute d'essayer. Mais, a croire que je suis condamné à sévir, à suivre mes vieux réflexes malgré les ennuis que ça m'apporte. Je me retrouve de nouveau confronté à un garde et une fois de plus, j'avais frappé le garde en question. A croire que je ne peux pas m'en empêcher. Sauf que ce garde sortait davantage du lot. Il était responsable de mon calvaire.

A bout de souffle, la respiration haletante, j'avais fini dans les appartements du Prince sauf que je n'étais pas parvenu à me débarrasser du garde. Il est coriace et je ne suis pas étonné quand je songe à mon kidnapping. Ce garde ne lâchait rien. Je me retrouve a terre en moins de deux à tenter de me protéger tant bien que mal alors que le garde s'acharne sur moi. Je sens que mes bras n'ont plus énormément de force pour tenir contre ses assauts. Le garde n'y va pas de main morte. Je mets beaucoup de temps à réaliser qu'il s'est subitement arrêté. Pourquoi ?

A bout de force, je dégage mon visage et aperçoit alors Rajaar et je sens mon sang se glacer dans mes veines en voyant son expression. Je déglutis et regarde de nouveau le plafond incapable de bouger. Je ferme une seconde les yeux alors que le Prince attendait une explication pour le foutoir occasionné. Je me redresse tant bien que mal et baisse les yeux lorsqu'il me demande ce que j'avais encore fabriqué. Je suis loin d'être à mon aise. Pas le temps de répondre, le garde prend la parole. Comment l'avait il appelé déjà ? Ah oui... Jayce. Au moins, je connaissais son prénom désormais bien que ça ne changeait rien.

Je me concentre plutôt sur les explications de celui-ci. Je bouillonne intérieurement. Il omets de préciser qu'il avait provoqué les évènements aussi... Qu'il avait tenté une approche des plus déplacés. Mais, ça ne justifiait pas les coups selon les règles du complexe en fin de compte. Je me mords la langue. Je ne sais pas sur quel pied danser. Me justifier et rétablir les choses ou me taire. Choix pour le moins difficile. Je garde les yeux rivés sur le sol. Pardon, pensais-je. Je ne sais pas si Rajaar laissera couler ou non. J'imagine que non vue qu'il était différent. Il semble avoir retrouver son masque d'autrefois... Ça semble à des années lumières. Et pourtant, ce n'était pas si loin.

Corriger mon comportement... Je songe aux paroles de Jayce. Et clairement, il avait laissé entendre que ce serait comme Wyatt. Je sens mon cœur accélérer dans ma poitrine. C'était impensable pour ma part de me laisser toucher et encore moins de la part de Jayce. Je reste à genoux, la tête basse. Je finis par dire : "Je suis désolé. J'ai oublié mon pass et j'ai paniqué. Je sais que c'est stupide. Je n'aurais pas dû le frapper, je le conçois..."Mais, je ne m'excuserais pas. Et pourtant, Rajaar allait sûrement m'obliger à le faire. Je prends une inspiration et par anticipation "Je m'excuse de m'être emporter contre vous."Je glisse mon regard sur le garde puis me risque à jeter un œil sur le Prince. J'espérais qu'il prenne en compte l'énorme effort que je venais de faire. M'excuser ainsi.. c'était une grande première surtout envers Jayce, le responsable de mon enfer. Mais, je préfère encore me rabaisser à cela que se devoir subir une séance avec lui.

Furieux et épuisé, Rajaar se demande s'il pourra un jour se reposer sans qu'une montagne de problèmes ne lui tombe sur la tête. Depuis qu'il a mis le pied dans cet endroit rien ne va plus. En vérité, les soucis ont commencé dès lors que sa famille a décidé de l'arracher à ses études pour le pousser au-devant de la scène et lui incomber son rôle d'Émir pour accroître sa puissance et son influence. Mais il doit bien avouer qu'en seulement quelques mois passé dans cet établissement, il a l'impression d'avoir pris trente ans dans la gueule et de recevoir toute la misère du monde. Il sait bien que c'est aussi sa faute, qu'il a fait de mauvais choix, suivi un mauvais chemin, qu'il écoute beaucoup trop son cœur ou ses pulsions et pas assez sa tête et sa raison. Mais même en sachant tout cela, même en ayant commencé à faire d'énormes efforts pour se reprendre en main en sacrifiant tout ce à quoi il tient pour faire ce qu'il a à faire... rien ne va. Vraiment rien. C'est même une catastrophe. Mais il ne doit pas baisser les bras, il doit se secouer, continuer de se battre. Il se le répète chaque minute dans sa tête : "Je suis Rajaar El Azadi, Prince d'Iran. Je suis Rajaar El Azadi, Prince d'Iran. Je suis..."

« Prince Rajaar, pardonnez moi de vous avoir importuné et d'être entré sans votre autorisation. J'ai été pris dans le feu de l'action, je le reconnais. Votre martyr se baladait dans les jardins lorsque je l'ai interpellé et je lui ai demandé son pass, mais il n'en avait pas sur lui. Je lui en ai fait la remarque et il s'est rebellé et m'a frappé, d'où l'intervention jusqu'à vos appartements. Je n'ai pas réalisé pleinement que je me trouvais chez vous. Veuillez m'excuser pour cette intrusion. Je ne voulais que corriger le mauvais comportement de votre esclave. » Le jeune Prince connaît, Jayce. Il sait que celui-ci se montre intraitable avec les esclaves, et souvent violent. D'habitude, c'est le genre de personne que Rajaar méprise. Mais il se rappelle avant tout qu'il fait surtout ce qu'on attend de lui et qu'il ne pourra pas changer l'homme qu'il est. Il ne va certainement pas se mettre à lui faire une leçon de morale à propos de la violence ou de tout le reste. Il n'a pas à se mêler de ça. Il sait aussi que le garde pourrait mentir, exagérer les choses, mais Rajaar aura de toute manière le fin mot de l'histoire. Pour l'heure, il se contentera de le croire sur parole, même s'il reste persuadé que Jayce a certainement dû provoquer Siobhan pour l'amener à le frapper. Il sait ce qu'il doit faire. Pas de sentiments. Il a un rôle à jouer, et ce n'est pas celui de l'amoureux protecteur. En tout cas... pas de la manière qu'on attend et avec douceur.

Rajaar pose alors son regard dur et froid sur Siobhan. Il enrage de le voir dans cet état et au fond de lui, il rêve d'envoyer son poing percuter la mâchoire de Jayce pour ce qu'il a osé faire. Mais il n'en fera rien. Il le sait. Il attend plutôt le reste des explications, mais surtout, un comportement exemplaire de la part de Siobhan.

« Je suis désolé. J'ai oublié mon pass et j'ai paniqué. Je sais que c'est stupide. Je n'aurais pas dû le frapper, je le conçois... Je m'excuse de m'être emporté contre vous. »

Le Prince a presque envie de soupirer de soulagement. Des excuses. Dieu merci, il n'aura pas à les lui arracher de la bouche. Si seulement cela pouvait toujours être aussi facile. D'accord, le comportement n'est pas encore parfaitement celui d'un esclave, mais le jeune Émir ne peut pas trop en attendre aussi vite de la part de son esclave, il le sait. Peu importe, il lui apprendra. Et ça commence maintenant... il doit se montrer intransigeant et intraitable, surtout devant Jayce.

- T'excuser auprès de Jayce est évidemment la moindre des choses. Mais je crois qu'à moi aussi, tu me dois des excuses, Siobhan. Pour ton comportement et ton acte impardonnable qui sont un manque cruel de respect envers moi et mon autorité. Quand Diable, vas-tu apprendre à te tenir tranquille ?

Il le fusille du regard, acerbe, bien décidé à lui faire comprendre à quel point il l'a déçu et lui a fait du tort une fois de plus. Il ne se rend pas compte des problèmes et la souffrance qu'il lui impose en agissant aussi bêtement. Soupirant, il détourne les yeux pour les reposer sur le garde.

- Je crois que la correction que vous lui avez asséné à l'instant suffira en ce qui vous concerne, Monsieur Wilson. Je prends les choses en mains à partir de maintenant, afin de veiller à ce que cet incident ne se reproduise plus. Je vous prierai donc de quitter mes appartements dès à présent, et de vous occuper de faire remplacer ce vase cassé. Merci de votre intervention.

D'un geste élégant, il lui désigne la sortie, attendant patiemment qu'il s'exécute et disparaisse en refermant la porte derrière lui. Rajaar se retrouve alors enfin seul avec son slave. Pendant quelques secondes, il ne dit rien, fixant toujours la porte, puis il se tourne vers lui, avec toujours cet air autoritaire et sérieux.

- J'ai encore du travail à terminer. Tu vas ramasser tout ça et passer de l'eau et de la glace sur ton visage. Ensuite, tu iras m'attendre dans ma chambre et à genoux face au lit.

Il n'en dit pas plus et tourne les talons, retournant dans son bureau pour terminer les dernières tâches qu'il s'apprêtait à faire avant d'être interrompu. Cela lui prend une bonne demi-heure. Et sans doute que, si comme il l'espère, Siobhan a fait ce qu'il lui a demandé, ce dernier doit être en train de poireauter depuis un petit moment à genoux dans la chambre. Rajaar essaye de n'en éprouver aucun remords. Après tout, il l'a cherché et ce n'est que le début de sa punition. Plusieurs minutes plus tard donc, le jeune Prince se rend dans sa chambre, avec la ferme intention de faire comprendre à Siobhan que désormais... les choses ont changé. Alors une fois dans la pièce, vérifiant d'un coup d'œil que son slave se trouve bien là, il va ouvrir l'un des tiroirs pour en sortir un objet. Un objet que lui et Siobhan connaissent bien... et dont l'esclave garde probablement un horrible souvenir. Un martinet. Sans un mot, Rajaar le dispose sur le lit, puis regarde une nouvelle fois son slave.

- Ne t'inquiète pas. Si tu m'obéis convenablement, je n'aurai pas à m'en servir. Le but n'est plus de te punir, je crois que Jayce a frappé bien assez fort et je n'ai aucune envie d'user de violence inutile. Mais je crois qu'il est désormais temps pour nous de reprendre les rôles qui nous incombent. À partir d'aujourd'hui, je ne veux plus t'entendre m'appeler par mon prénom. Même en privé. Ce sera Maître, Prince ou Émir. Ça, c'est la première règle. Si tu n'es pas capable de te comporter comme un esclave docile, alors je vais t'apprendre. Est-ce que tu as compris, Siobhan ?

Rajaar ressent subitement comme un pincement au cœur. Ça y est. Ils y sont. Il n'y a plus de retour en arrière possible à présent. Chacun reprend sa place, celles qu'on leur a imposées, celles qu'ils doivent garder à tout prix, au moins jusqu'à ce que l'ordre des choses change.

Je me retrouve contraint de devoir m'excuser auprès de Jayce car je savais pertinemment que Rajaar me l'aurait imposé. Je le fais donc malgré moi, malgré mon envie de dire à ce garde d'aller se faire foutre. Je reste sage, pour une fois. Et je n'aime pas du tout le regard du Prince sur moi. Encore moins ses paroles. "T'excuser auprès de Jayce est évidemment la moindre des choses. Mais je crois qu'à moi aussi, tu me dois des excuses, Siobhan. Pour ton comportement et ton acte impardonnable qui sont un manque cruel de respect envers moi et mon autorité. Quand Diable, vas-tu apprendre à te tenir tranquille ?" Je garde le silence mais je n'en pense pas moins. Jamais... je crois que c'est la réponse adéquate mais je m'abstiens de le dire. C'est plus prudent. Jayce est vite congédié alors qu'il s'incline devant Rajaar affirmant qu'il ferait ce qu'il faut pour remplacer le vase, lèche-botte, et je pourrais me sentir soulagé, mais c'est pas du tout le cas. Je redoute la suite.

- J'ai encore du travail à terminer. Tu vas ramasser tout ça et passer de l'eau et de la glace sur ton visage. Ensuite, tu iras m'attendre dans ma chambre et à genoux face au lit. Je déglutis et me demande si je n'avais pas meilleur temps de me laisser faire corriger par Jayce. Quoi que... Jayce est réputé pour être l'un des pires gardes. J'avais déjà entendu son nom à travers le complexe seulement j'ignorais jusque-là qu'il s'agissait du garde qui m'avait embarqué dans cet Enfer. Je ne dis pas un mot et me contente de ramasser les morceaux de vase pour aller les jeter dans la poubelle. Je prends de quoi nettoyer le sol puis range le tout. Je m'arrête l'espace d'un instant, inspire longuement avant de me décider à aller à la salle de bains. Je fais couler de l'eau et nettoie mon visage et grimace un peu alors que ma lèvre était un peu ouverte. Déjà quelques hématomes apparaissent sur divers endroits. Je soupire et alors que je dois me rendre dans la chambre du Prince, j'inspire une nouvelle fois et finit par m'y rendre et m'installe à genoux vers le lit de Rajaar comme il me l'avait ordonné.

Je patiente longuement devant ce fichu lit. Je ne sais pas vraiment ce que me réserve Rajaar mais je sens que ça va être une catastrophe. Finalement, le moment arrive et le Prince entre dans la pièce. Je blêmis en voyant l'objet qu'il pose sur le lit. Un martinet. Je ne garde pas du tout un très bon souvenir. Je me raidis instinctivement puis détourne mon regard.

- Ne t'inquiète pas. Si tu m'obéis convenablement, je n'aurai pas à m'en servir. Le but n'est plus de te punir, je crois que Jayce a frappé bien assez fort et je n'ai aucune envie d'user de violence inutile. Mais je crois qu'il est désormais temps pour nous de reprendre les rôles qui nous incombent. À partir d'aujourd'hui, je ne veux plus t'entendre m'appeler par mon prénom. Même en privé. Ce sera Maître, Prince ou Émir. Ça, c'est la première règle. Si tu n'es pas capable de te comporter comme un esclave docile, alors je vais t'apprendre. Est-ce que tu as compris, Siobhan ? Ne pas m'inquiéter la blague... comment ne pas l'être en voyant ce fichu objet? Et j'ai tellement envie de lui dire d'aller se faire foutre. J'ai envie de me barrer de cette chambre. Mon coeur se serre dans ma poitrine.

Je regarde le sol alors que mon cerveau refuse d'assimiler ses paroles. Putain! Les vieilles habitudes ont la vie dur. Je n'arriverais pas à l'appeler de cette manière et ça me tue. Je n'ai même pas envie de lui répondre. Je me contente de fixer le sol. J'ai simplement envie d'hurler. Je sens que l'avenir va être de plus en plus sombre. Aujourd'hui n'est qu'un aperçu de ce qui va suivre, je le sais. Rajaar est déjà différent depuis un moment. Il a en quelque sorte retrouvé son masque du début. Et à cet instant, j'ai juste envie de fuir. Escalader ses murs, briser ce bracelet de malheur. Quitte à me faire tuer. Je serre les poings. Je m'efforce de ne pas flancher. Mais, c'est difficile. Je ferme les yeux quelques secondes.

J'ai envie de lui dire, Pourquoi tu fais ça? Pourquoi m'infliger ça? Pourquoi dois-je aussi me retrouver en Enfer avec toi? C'est déjà assez difficile comme ça... mais dans le fond je sais déjà la raison. Mais, je ne m'y fais pas. Je sais qu'il a raison mais je refuse de l'admettre. Je ne peux pas croire que je vais devoir l'appeler de cette façon. Il veut ma mort. Je me frotte les yeux avant de finir par dire "oui". Je suis incapable de dire autre chose. J'ai la gorgée nouée, mon estomac se contracte. Je me concentre, rester impassible, quoi qu'il advienne.

Rajaar aimerait que ce soit simple. Il aimerait au mieux que Siobhan parvienne enfin à jouer les caméléons et à jouer son rôle, comme le ferait un acteur, ou au pire... qu'il puisse enfin lui apprendre à le faire sans qu'ils soient dans la confrontation et le conflit. Mais quelque chose lui dit que ce sera beaucoup plus difficile que prévu. C'est la lueur dans le regard de son slave qui laisse présager que tout ne sera pas simple et qu'ils vont sans doute souffrir tous les deux. Pendant un instant, alors que Siobhan ne répond rien ou pas grand chose, tendu, crispé, sûrement en colère... le Prince s'évade un instant dans les souvenirs, plongeant dans ce regard qu'il connaît bien. Il se souvient... peut-être bien moins d'une semaine après avoir fait venir Siobhan à son service. Ce moment sous la douche... après cette première fois où il l'avait laissé dominer. Cet instant, où il a réalisé pourquoi il était si satisfait de cet esclave. Oui, maintenant il se rappelle parfaitement de ce qu'il s'était dit...

Pas question que Siobhan rampe. Même s'il fait tout pour l'y pousser. Même s'il ira jusqu'au bout pour le briser, le faire plier. Il s'attend à ce qu'il lutte. Qu'il s'y refuse. Voilà ce qu'il attend vraiment de son esclave. Voilà ce qu'il ne lui dira jamais. Même s'il prétend férocement le contraire. Il veut voir son esclave se battre, lutter. Quoiqu'il lui en coûte. Avec les autres, il peut bien jouer le jeu si ça lui chante. Mais pas avec lui. Faire semblant face à lui relève de la bêtise. Il sait déjà tout de sa véritable nature. Il n'est pas fait pour être enchaîné. Ça non. Le Prince veut le voir lutter, le confronter. Il adore voir ce regard haineux qu'il pose sur lui. Il frissonne de le voir le provoquer avec ce petit sourire cynique. Parce qu'au fond, le Prince enrage de voir tout son entourage plier le genou devant lui sans jamais ouvrir leur gueule...

Tellement de choses s'étaient produites depuis. Bien sûr que c'est ce qui lui plaisait tant chez Siobhan. Bien sûr que c'était cette rage au ventre et cet acharnement qui le rendait si attirant à ses yeux. Ce qui l'excitait. Aujourd'hui, tout était différent. Ils étaient tombés amoureux, il n'y avait plus ce genre de lutte sadique. Oui, les choses changent. Et aujourd'hui, au contraire d'autrefois, rien ne le soulagerait plus que de voir Siobhan plier. Oh, bien sûr, personne ne lui demande de le faire avec plaisir. Jamais. Cela peut arriver, mais il y a peu de chance. Non, il s'agit au moins de faire semblant, de jouer un rôle. Tout ce qui compte... c'est de rester libre dans sa tête. Et ça... personne ne pourra le lui enlever. Si seulement il pouvait y arriver, s'il pouvait comprendre... la soumission totale n'est pas nécessaire. Seules les apparences, comptent.

Ce regard sombre et furieux dans le bleu de ses yeux... Rajaar a bien du mal à le supporter. Ça fait tellement mal d'en être le responsable. Mais il n'a pas le choix. Il ne changera pas d'avis. Il ne faiblira pas cette fois. C'est pour Siobhan qu'il le fait... même si celui-ci n'en a pas conscience, même s'il ne comprend pas, même s'il s'y refuse. "Oui." C'est tout ce qu'il répond. Il n'y a pas de plainte, pas d'insulte, pas de reproche. Tant mieux... et le jeune Émir aurait pu s'en contenter si chaque détail n'était pas important. S'il n'était pas nécessaire que l'apprentissage soit correctement effectué. Alors Rajaar croise les bras et pose sur lui un regard sévère, mais presque inexpressif.

- Oui, Maître. Oui, Prince. Oui, Émir. Oui, Votre Altesse. Un simple "oui" ne suffit pas, Siobhan. Ne détourne pas le regard non plus. Tu fuis l'autorité. Garde les yeux baissés devant toi et ne serre pas les poings de cette manière. Tu montres de l'opposition et du refus d'obtempérer, ce n'est pas ce qu'on attend de toi.

Il s'éloigne une nouvelle fois vers les tiroirs, et cette fois il en sort une fine badine de cuir, à peu près aussi longue que son bras. Il revient lentement vers Siobhan, une extrémité de l'objet dans chaque main. Il se sert tout de même de cet accessoire, sans aucune violence, seulement en effleurant et poussant légèrement les zones ciblées pour le guider. C'est peut-être de là que vient l'expression "mener à la baguette".

- Ta position n'est pas tout à fait correcte non plus. Il y en a plusieurs, bien sûr, mais on va commencer par le plus simple. À genoux, tu dois écarter les jambes, assis sur tes chevilles, la paume des mains ouvertes et posées sur les cuisses. Ton dos doit être bien droit, ton regard toujours baissé, sauf si on te demande le contraire. Si ça te parait trop insupportable, alors garde les genoux collés.

Il n'y a pas si longtemps, quelques petites années, alors qu'il découvrait les relations entre hommes et l'art du bdsm, il avait commencé ainsi, en tant que soumis. Il était passé par ce genre d'apprentissage. Il s'était montré curieux, docile, quoiqu'un peu mal à l'aise parfois, parce qu'il avait une âme de dominant. Mais en très peu de séances, il a su atteindre une certaine perfection et d'un jour à l'autre, comme cela peut arriver, il avait surpassé le maître, et les rôles s'étaient inversés. Là, il a su que sa place était là, comme un Prince, debout en train de donner les ordres et de prendre les décisions. Il a adoré ça. Mais aujourd'hui, avec Siobhan... c'est différent. Quoique... enfin, disons que le slave ne fait pas cela dans la coopération. Pas encore. Il espère pourtant que ce sera le cas.

- Est-ce que tu as des questions avant de continuer ? Le but est d'apprendre, alors n'hésite pas s'il y a des choses que tu ne comprends pas ou que tu aimerais savoir. On n'est pas obligé de faire de ce genre de moment des instants désagréables, tu sais... Je suis passé par-là moi aussi. On se connaît toi et moi... tu devrais avoir confiance, ça ne devrait pas être si difficile.

Normalement. Bien entendu avec les autres, ce ne sera pas le cas. Il n'y aura pas cette confiance et cette expérience des relations vécues. Rajaar en a bien conscience. C'est pour ça que Siobhan doit avoir des bases solides pour y faire face et éviter les coups et les punitions inutiles. Il est là pour les lui donner. Et il espère ne pas avoir à forcer les choses pour ça...

Mon visage se crispe davantage alors que mes mains se serrent également aux paroles de Rajaar. Depuis que j'étais sous son aile, à son service... Je l'avais nommé "maître" qu'à deux reprises si je ne me trompe pas. Et aujourd'hui, il me demandait de recommencer. Cela fait mal... Énormément mal de me retrouver à devoir l'appeler de cette manière. Limite, comme si nous étions de vulgaires étrangers. "un simple"oui" ne suffit pas, Siobhan. Ne détourne pas le regard non plus. Tu fuis l'autorité." Sans blague! Il n'a toujours pas remarqué que je suis pas un bon toutou ? Que l'autorité n'est pas du tout mon truc et cela même avant d'atterrir ici. "Garde les yeux baissés devant toi et ne serre pas les poings de cette manière", je sens que je vais l'envoyer chier d'ici quelques secondes. Et oui, je refuse ce ramassis d'hypocrisie. Je refuse de jouer le jeu.

Rajaar sort un nouvel objet du tiroir alors que je ne deserre pas d'un pouce mes mains. Mon visage est toujours crispé et je m'efforce de rester à ma place alors que je sens la bout effleurer ma peau et que j'ai cette impression désagréable d'être un animal qu'on examine à travers sa cage. Je serre les dents alors que le Prince poursuit et évoque ma position. J'ai envie de rire lorsqu'il précise qu'on va commencer par la plus simple. Ça m'emmerde déjà toutes ces choses qu'il faut faire."Parce qu'en plus faut être un robot..."Marmonnais-je, sachant pertinemment que je n'allais pas arranger la situation. Je ne coopère pas. Je ne veux pas. C'est pas possible de devoir en arriver là. Je sens mon cœur se serrer un peu plus à chaque seconde supplémentaires. Je regarde le sol sans vraiment le voir.

Je me sens happé dans une spirale infernale où il n'y aucune issue. Je sature totalement... Je voudrais tellement que tout s'arrête. Que je me réveille et réalise que je suis dans mon appartement à Londres.. que ce n'était qu'un sale cauchemar. Pourquoi avait-il fallut que je croise la route de Jayce? Je reviens au présent en entendant Rajaar dire qu'il était passé par là avant moi. "Vraiment ? Tu sais ce que c'est que de se retrouver dans ma position... Tu l'as vécu ? Tu as eu une fois dans ta vie... Tes droits retirés au point de te sentir mort dans ton corps. Parce que c'est précisément ce que je ressens... Tu ne peux pas comparer Ra..Prince -le mot est craché à contre cœur et je sens mon cœur se briser un peu plus - tu ne peux pas prétendre savoir. Ta cage est dorée mais dans l'ensemble tu t'en tires bien, tu as plus de droits et de liberté malgré tout. Tu veux que je sois un bon toutou mais tu sais pertinemment que c'est impossible. Honnêtement, fais-moi exécuter. Car quand t'es libre et que tu te retrouves à devoir faire ce que tu ne souhaites pas, et ben si, c'est compliqué. J'en ai marre. Je me fiche qu'on se connaisse, ça ne rend pas les choses plus facile. Arrête de te voiler la face. Et je ne veux pas apprendre. Je m'en fous, ça ne m'intéresse pas. Je ne souhaite pas devenir un jouet. Je sais ce qu'il faut faire sauf que ça ne m'intéresse pas." Voilà, fidèle à moi-même, je balance ce que je pense haut et fort sauf que ce n'était pas la solution. Rajaar allait forcément sévir... Je repense au martinet. Je ne suis pas sûr de rester passif. Mais, je sais aussi qu'il a de la force, je me souviens de nos débuts. Je soupire.

J'ai tellement la rage. Je ne suis pas fait pour laisser les gens disposer de mon corps sans rien dire."Personne ne dispose de ton corps. C'est toi qui choisit, tu as ce luxe que je n'ai pas ici. Et ne demande pas de sourire et dire amen à ça. T'es passé par là... Cette phrase sonne tellement faux. N'a aucun rapport. Se soumettre à son partenaire n'a rien à voir avec le fait d'être un esclave. Tu veux me punir pour me le faire comprendre... Fait. Au cas où, même si ça ne se voit pas, je suis loin d'être con. Mais, je refuse d'obéir. Je ne veux pas, c'est inconcevable pour moi." Tout le long, je n'avais même pas regardé Rajaar. A vrai dire, ça me permettait de ne pas flancher, de regarder le sol.

Non, il n'écoute pas. Outre le fait qu'il ne bouge pas de sa position pour autant, il ne fait aucun effort. Il garde les poings serrés, la mâchoire crispée, le regard en colère et insolent. Et Rajaar espère. Il le fixe avec un espoir désespéré de le voir changer son expression, d'écouter ses conseils et de modifier son attitude suicidaire. Mais rien. Il reste borné, focalisé sur lui-même. Le Prince pourrait le faire taire sur-le-champ, ne pas vouloir en entendre d'avantage. Après tout, il n'a pas à faire ça, il ne doit pas chercher à négocier quoi que ce soit et encore moins se plaindre et se montrer irrespectueux et critique. Mais les mots prononcés sont comme une volée de poignard jusque dans son âme et Rajaar reste sidéré, fixant son slave, l'homme qu'il aime. Il le regarde. Et il a la sensation d'être trahi.

« Vraiment ? Tu sais ce que c'est que de se retrouver dans ma position... Tu l'as vécu ? Tu as eu une fois dans ta vie... Tes droits retirés au point de te sentir mort dans ton corps. Parce que c'est précisément ce que je ressens... Tu ne peux pas comparer Ra... Prince. »

Il le nome Prince au dernier moment, mais l'effort est si misérable qu'il n'en parait même pas en être un, noyé au milieu de tout le reste. Rajaar reste muet... mais oui. Oui, il sait pertinemment ce que c'est. Il a beau ne pas être un esclave sexuel dans un complexe, cette sensation-là, il la connaît fort bien. Mais Siobhan n'en a aucune conscience, bien trop obsédé par son propre sort. Pour lui il est juste un Prince dans une cage dorée, une situation bien plus agréable que la sienne puisqu'après tout il a encore le droit de vivre d'aller et venir hors de ses murs à sa guise. Pour lui, sa prison n'en est pas vraiment une.

« Tu veux que je sois un bon toutou, mais tu sais pertinemment que c'est impossible. Honnêtement, fais-moi exécuter. Car quand t'es libre et que tu te retrouves à devoir faire ce que tu ne souhaites pas, et ben si, c'est compliqué. J'en ai marre. Je me fiche qu'on se connaisse, ça ne rend pas les choses plus facile. Arrête de te voiler la face. Et je ne veux pas apprendre. Je m'en fous, ça ne m'intéresse pas. Je ne souhaite pas devenir un jouet. Je sais ce qu'il faut faire sauf que ça ne m'intéresse pas. »

Rajaar a l'impression d'étouffer soudainement. Il a aussi envie de pleurer, de hurler, de le gifler, de s'indigner. Comment peut-il lui balancer ce genre de discours à la gueule ? Ne se rend t-il pas compte de ce qu'il fait ? Siobhan serait-il aveugle et sourd ? Serait-il totalement et à ce point... égoïste ? Le jeune Prince devient livide et il sert la baguette dans sa main si fort qu'elle pourrait éclater. Et soudain, c'est comme si une évidence s'immisçait dans son esprit. Une petite voix du diable qui vient chuchoter à son oreille la seule explication valable à ce qu'il vient d'entendre. Et presque les larmes aux yeux, il le regarde toujours, tellement choqué qu'il n'arrive pas à prononcer un seul mot.

« Personne ne dispose de ton corps. C'est toi qui choisis, tu as ce luxe que je n'ai pas ici. Et ne demande pas de sourire et dire amen à ça. T'es passé par là... Cette phrase sonne tellement faux. N'a aucun rapport. Se soumettre à son partenaire n'a rien à voir avec le fait d'être un esclave. Tu veux me punir pour me le faire comprendre... Fait. Au cas où, même si ça ne se voit pas, je suis loin d'être con. Mais, je refuse d'obéir. Je ne veux pas, c'est inconcevable pour moi. »

Rajaar étouffe de chaud et tremble de froid en même temps. S'il reste là, il va pleurer, il va tomber, il va vomir. Siobhan ne le regarde pas et c'est tant mieux. Il verrait là un véritable désastre. Pitoyable. Un vrai zombi. Le jeune Émir remue ses lèvres, mais il se rend compte qu'il ne peut ouvrir la bouche. Il tend le bras pour se tenir au lit à baldaquin, il manque d'air, il va faire une crise d'angoisse, là tout de suite, il faut qu'il sorte de cette pièce. La seule chose qu'il parvient à lâcher c'est :

- Ne bouge pas d'ici.

Il sort. Il se dirige droit vers la salle de bain, qu'il ferme et verrouille derrière lui, et tombe presque la tête dans la cuvette des toilettes. À genoux, il s'agrippe, persuadé qu'il va vomir, mais rien ne vient. Il se sent tellement mal, mais il refuse de pleurer. Ça suffit. Un Prince ne pleure pas. Un Prince ça ne réagit pas de cette manière, c'est plus fort que ça. Il doit se reprendre, il doit lutter, il doit... s'oublier. Il pourrait retourner dans la chambre et se contenter de le punir, d'utiliser le martinet ou autre chose. Mais à quoi ça rimerait ? Siobhan ne ferait que serrer les dents et encaisser ça en le maudissant et rien d'autre. Ça ne changerait rien et ça empirerait les choses. Il y a sans doute mieux à faire. Commencer par... parler ? Dire ce qui n'a jamais été dit ? Sans trop savoir, une fois un peu d'eau passée sur son visage, Rajaar revient. Encore pâle, mais c'est mieux. Sauf qu'il y a cette petite voix de tout à l'heure, qui lui a soufflé cette musique.

- Tu ne m'aimes pas.

Le couperet tombe. Comme une guillotine. Mais ça ne fait que commencer.

- Comment peux-tu dire une chose pareille ? T'exécuter... Siobhan tu... Ne m'aimes-tu pas assez que pour avoir la force de te battre ? Tu comptes... te rebeller et refuser de voir où se trouve ton intérêt jusqu'à ce qu'ils décident de te tuer ? Moi, je me bats. Je souffre plus que tu ne sembles le voir, car je risque ma vie, tout ça pour te protéger et trouver un moyen de t'aider à sortir d'ici, j'y pense jour et nuit. L'horreur de te savoir dans cette situation et la crainte de te voir mourir m'empêchent de vivre. Je ne dors plus, je ne mange presque plus, je me détruis à petit feu chaque jour qui passe parce que je meurs de peur. Pour toi.

Il n'y arrive plus. Ça brûle, ça déborde, comme un volcan qui se retient depuis trop longtemps d'éclater. Il tremble violemment et la seconde d'après, il le gifle violemment. Il le frappe avec un tel emportement qu'il l'envoie valser contre le sol.

- TU N'AS PAS LE DROIT !! Je donne tout ce que j'ai pour toi ! Tout ce que je peux ! Tu n'imagines même pas ce que j'ai du faire et endurer pour te protéger et pouvoir continuer à veiller sur toi ! Non, vraiment, tu n'imagines pas !! Tu t'en fiches ! T'es qu'un sale égoïste qui passe son temps à pleurer sur son sort sans même porter la moindre attention à ce que MOI j'endure ! "Oh ! Mais Rajaar est un Prince libre, lui ! Tout va bien, puisqu'il n'a pas à se mettre à poil et à baiser pour survivre !". Mais t'es complètement aveugle, ou quoi ?!

Il tombe sur ses genoux, agrippe les cheveux de Siobhan d'une poigne ferme pour l'obliger à le regarder. Lui et son visage déformé par la colère et la rage.

- Tu l'as dis. Tu t'en fiche. Tu te fiches de moi et de tout sauf de ta petite personne. C'est à toi d'ouvrir les yeux !! Si tu ne te montrais pas aussi irresponsable, jamais cet enfoiré ne t'aurait touché et violé ! Jamais Jayce n'aurait tenté quoi que ce soit contre toi si tu avais fait seulement l'effort de vérifier que tu avais ton pass et de la fermer ! Je conçois qu'offrir son corps sans consentement est plus que difficile, mais se retenir de cogner et de se comporter comme un impulsif suicidaire, c'est largement faisable ! Jusqu'à présent Siobhan... t'es-tu seulement retrouvé commandé par un tortionnaire ayant envie de se vider les couilles ? Non. Jamais ! Pourquoi ? Parce que je ne le tolère pas et que je suis Émir de Médine ! Parce qu'ils n'osent pas ! Alors que les autres, Sio, beaucoup d'autres sont en train de se faire violer et battre plusieurs fois par jour ! Certains ne mangent pas à leur faim ! Certains dorment à même le sol et taillent des pipes à des pervers sans arrêt dans l'espoir de voir un peu le soleil !

Il le lâche et se relève, furieux, faisant quelque pas en passant ses mains dans ses cheveux. Il tremble encore. Pourquoi ne veut-il rien comprendre ?!

- Mais c'est ça. Parler avec toi ne rime à rien, tu ne veux rien comprendre parce que tu ne réalises simplement pas la chance que tu as de m'appartenir. Parce que tu es loin d'avoir de quoi te plaindre sincèrement quand on voit ce que de pauvres martyrs endurent. Pense à ceux que Jayce a pu violer et torturer. Lui et un tas d'autres. Pense à ceux qui sont envoyés et réclamés d'appartement en appartement pour se faire baiser tandis que toi, tu profites d'un bain chaud dans mes appartements ou que nous faisons l'amour ! Tu n'as encore rien vécu, Siobhan. Tu pleures et râles de vivre un cauchemar, mais tu ne sais rien de ce que c'est d'être véritablement un jouet sexuel et un esclave.

Il agrippe finalement son bras et met toute sa force pour le maîtriser et le forcer à s'approcher du lit. À l'aide de liens qu'il attrape sans mal dans un tiroir, il attache ses poignets entre eux, puis accroche ceux-ci à l'un des barreaux en bout du lit. Même si son esclave tente de se débattre, Rajaar connaît de multiples prises capables de le maîtriser et de l'immobiliser. Siobhan se retrouve donc de nouveau à genoux sur le sol, attaché au bout du lit. Il pourrait prendre de quoi le punir et le frapper. Oui, il pourrait. Mais ça ne servirait encore à rien une fois de plus.

- La seule façon de te faire prendre conscience des choses, c'est que tu le vives, cet enfer que tu penses connaître. Crois-moi. Après ça, tu réaliseras enfin à quel point tu as de la chance et à quel point tu te plaignais sans vraie raison. Peut-être que tu te rendras compte du confort que je t'offrais et de l'aide que je t'apportais et à quel point tu as eu tort de me désigner comme étant ton ennemi. Tu ne m'aimes pas, Siobhan. Parce que si tu m'aimais, te battre pour profiter de moments calmes à mes côtés serait facile. Ce serait la seule chose qui compterait. Parce que l'amour mérite toutes les batailles... mais toi, tu baisses les bras. Tu refuses. Mais moi, je refuse d'abandonner. Tu entends ? Je refuse de te laisser ! Je refuse parce que je t'aime et que je ne laisserais rien ni personne t'arracher à moi ! Alors je vais continuer ! Je vais continuer à y laisser tout ce que j'ai presque déjà perdu ! Ma foi, mon honneur, ma dignité ! Tu veux continuer à faire le con ? Parfait ! Alors regarde ! Regarde-moi bien continuer à lutter et à tout sacrifier ! Parce que quand j'aurais plus la force, quand tout sera sur le point de s'écrouler, quand j'aurais tout donné... tu seras tout seul. Je n'attendrais pas d'être au sol, Sio. Je ne sacrifierais pas tout jusqu'au bout non plus. J'ai une famille, j'ai ma sœur qui compte sur moi. Alors si tu ne veux pas lutter, je te laisserai te débrouiller. Et moi, j'irais me battre pour celles et ceux qui sont capables de donner autant que je donne.

Ce que ça veut dire ? Il s'en doute sûrement. Il pense savoir, mais il ne sait rien du tout. Il n'est absolument pas traité comme le sont véritablement les esclaves sexuels, il n'a jamais vraiment dû tenir ce rôle comme le font beaucoup d'autres qui, eux, pourtant, continuent de se battre. Il n'est pas plus faible et plus stupide qu'un autre, bien sûr qu'il peut y arriver ! Les autres n'ont pas de pilier à qui se tenir... alors que lui... il l'a lui. Il a l'amour. Quelqu'un pour qui se battre et malgré ça il s'en fiche. Il ne veut pas combattre. Tant pis. Rajaar a le cœur brisé de devoir en arriver là et Siobhan va encore certainement prétendre qu'il s'en moque et il le détestera, parce qu'il sera incapable de voir le sacrifice supplémentaire qu'il fait et sa nécessité. Il ne verra que sa propre douleur et son propre nombril sans penser au reste. Ils n'en arriveraient pas là s'il faisait l'effort de comprendre vraiment. S'il l'aimait au point de tout pouvoir sacrifier. Mais ce n'est pas le cas. Rajaar va lui montrer ce que c'est d'être un esclave sexuel. Il va lui faire réaliser ce à quoi il pourrait échapper en faisait un minimum attention à son comportement. Ça lui servira de leçon, puisque la douceur et les mots ne suffisent pas. Siobhan ira servir un ou une tortionnaire. Il devra subir ce que d'autres vivent plusieurs fois par jour. Ainsi... peut-être. Oui, peut-être qu'il réalisera enfin vraiment.

Rajaar aurait pu lui avouer. Il aurait pu lui parler de ce qu'il est en train de subir et ce qu'il a dû endurer il n'y a pas si longtemps dans le seul but de le vouloir le protéger. Le jeune Prince sait que s'il tombe, Siobhan est perdu. Il ne peut pas se le permettre. Tant que son slave lui appartient, il peut espérer être protégé. Alors il fait ce qu'il faut. Rajaar fait ce qu'il faut pour ne pas tomber, pour ne pas que tout le monde sache pour son goût pour les hommes, pour ses sentiments et tout le reste. Siobhan pense que son beau Prince Arabe ne donne pas son cul et sa dignité ? Il pense que lui au moins n'est pas obligé de coucher pour survivre ? Et bien, il se trompe... il se trompe lourdement.

- Tu vas rester attaché là. Il faut que je me calme et que tu réfléchisses à tout ça. Prouve-moi que tu peux au moins te tenir tranquille. Fais ça pour moi. Prouve-moi que tu as encore assez de force et de sentiments pour moi pour accepter et supporter cet exercice tout simple de rester à genoux dans une pièce. Ce n'est pas compliqué. C'est de la patience. Et c'est mieux que de supporter des coups. Quand je vais revenir... je vais t'apprendre quelques bases du bdsm. J'espère que tu comprendras la nécessité de la chose... et que tu le verras comme une expérience curieuse à vivre. Et pas comme... un viol. Je refuse d'être de nouveau un violeur, Siobhan. Mais tu dois m'aider à faire ce qu'il faut pour ça. Ne me fais pas sentir comme... un monstre. Je t'en prie.

À ces mots, il quitte de nouveau la pièce. Il a besoin d'air... il a besoin de décharger toute cette pression et cette rage en lui. Sans ça, il ne sera pas capable d'aller au bout. Il reviendra d'ici une heure ou deux. Siobhan devra prendre son mal en patience et cogiter à tout ce qu'il vient d'entendre. Rajaar espère seulement qu'au milieu de ses cris et de sa colère, il aura entendu son appel à l'aide et sa détresse. Il a besoin de lui... tellement besoin de lui. Il a besoin de son amour et de ses efforts pour tenir le choc et ne pas s'écrouler.

« Ne bouge pas d'ici. » Je ne vois pas tellement comment j'arriverais à m'extirper de la situation. Je ne risquais pas de bouger avec ce qui s'était passé avec Jayce et je sais aussi que Rajaar n'apprécie pas ce que je viens de dire. Je prends soin de ne pas le regarder car je ne veux pas lire ce que je pense sur celui-ci... de la déception, de la tristesse. Je ne veux pas voir son visage alors que je viens nettement de dire qu'il n'avait qu'à me faire exécuter. Je ne regrette pas mes mots. Je sais que je ne saurais tenir guère de temps lorsqu'il ne sera plus là. Sans lui, je sais que je sombrerais. Je ne sais pas combien de temps il s'est éclipsé alors que je me perds dans mes sombres pensées. Il revient cependant et ce qu'il annonce est difficile à entendre. Mais, ce n'est que le début... « Tu ne m'aimes pas. » Je déglutis alors que j'écoute le Prince poursuivre. Me battre ? Parce que se battre pour lui, c'est se plier à la volonté de ce tordu qui détient ce lieu? Être un putain d'esclave ? Je ne vois pas en quoi ça veut dire que je me bats en me soumettant aux exigences du complexe. J'ai pas la même vision des choses. Être mort est bien plus salutaire dans un sens... Quel est l'intérêt de vivre comme une prostituée ? Il me croit vraiment naïf à ce point ? Bien sûr que je sais qu'il prends des risques et je vois bien qu'il souffre. A vrai dire, on souffre autant l'un que l'autre, à petit feux. Chaque jour me donne l'impression de m'enfoncer un peu plus, d'être un peu plus mort. De creuser mon propre tombeau sans même les conneries que je tâche de cesser. Moi, l'horreur de savoir qu'il va se marier et disparaître me paralyse et me donne la nausée. Et m'empêche aussi d'être positif et de parvenir à être serein ou encore de rester optimiste. Il meurt de peur et que devrais-je dire ? Mais, je ne le montre sans doute pas au vue de ses propos.

La gifle fuse sans prévenir et avec violence, au point que je me retrouve littéralement à terre. Je ne bronche même pas. J'arque un sourcil croisant son regard qui est noir. Je me mords l'intérieur de la joue agacé par ses propos. Genre... Bien sûr, je m'en fiche.. il a vite fait de faire des conclusions. Je baisse les yeux. Oui bon d'accord, sa position n'est pas non plus le rêve éveillé... Je me fais alors agripper les cheveux et je suis contraint de le regarder de nouveau et son visage n'est que fureur. Je le fixe et sens mon cœur se serrer un peu plus au fil des paroles du prince. Ce n'est pas de lui dont je me fiche. Rajaar me prend vraiment pour un parfait idiot à me dire que je ne sais pas la chance que j'ai d'être son esclave. J'en ai bien plus conscience qu'il ne le croit. Mais faut dire que vu mon comportement, on peut penser que je suis dénué d'intelligence. Je n'en fais qu'à ma tête. Je sais ce qu'endure d'autres slaves, je le vois avec Maddy. Ça me fait penser que je n'ai pas revu la jeune femme depuis que j'avais assommé le garde pour lui venir en aide. Il faudrait que j'aille m'assurer qu'elle était encore là. Le prince m'attrape fermement le bras et me tire vers le lit. Il attrape des cordes et m'attache les poignets puis s'occupe de rattacher la corde au barreau du lit. Je ne me débats même pas. Je sais que Rajaar a de la force et je n'ai pas envie de lutter. De toute façon, quoi que je dise où que je fasse, c'était inutile et couru d'avance. Il allait me donner une leçon dont je n'échapperais pas. Et dans un sens, je l'avais mérité... Enfin selon les règles du complexe. Je déglutis une nouvelle fois, ravale mon envie de pleurer."Tu seras obligé de m'abandonner que tu le veuilles ou non. Je serais seul et ce peu importe le combat. Et je n'ai pas dis que je ne me battais pas... Seulement tu n'as pas la même vision." Murmurais-je, le cœur lourd. Et je ne suis pas sûr d'en supporter plus.

Les mots de Rajaar sont durs mais je ne peux nier qu'il a raison sur une bonne partie. Mais, il ne semble même pas voir les efforts que j'ai fourni dernièrement et oui j'étais stupide d'avoir agis ainsi avec jayce et bien d'autres. J'ai omis le fait que je suis protégé étant son slave, erreur stupide qui m'aurait bien évité des ennuis si j'avais fais un peu plus attention, si j'avais écouté dès le départ. Mais, je suis Lucide malgré tout... Je ne serais pas toujours protégé par Rajaar. Un jour, il s'en ira.. et je serais livré à moi même et ce n'est pas des apprentissages qui me sauveront la peau. L'idée qu'il me refile à d'autres clients ne me réjouit pas non plus. Mais, je sais que je n'y échapperait pas. S'il l'avait énoncé, ce n'était pas sans raison. Je suis même soulagé aussi qu'il décide de partir à cette instant, un peu moins de savoir ce qu'il comptait faire à son retour. Je ne réponds pas. Je fixe le barreau de lit alors que je suis à nouveau à genoux. Je ne vois pas ce que je peux ajouter à ce qui a été dit. Je ne vois pas ce que je peux dire sans que Rajaar ne s'énerve davantage ou sans que je ne craque totalement. Depuis le début, je me retiens de ne pas craquer devant lui, de ne pas sombrer. Je ne veux plus pleurer et encore moins devant lui. Le prince finit enfin par quitter la pièce.

Je reste bêtement immobile devant ce putain de lit à genoux. Je ferme les yeux et me concentre sur ma respiration afin de ne pas flancher. Je ne veux pas. J'ai déjà été ébranlé mais il est hors de question que ça recommence. Je dois garder la tête haute malgré la douleur qui me vrille. Rajaar ose prétendre que je ne l'aimais pas. Putain ce que ça fait mal! J'ai envie de hurler. Je n'en fais rien. Je reste planté là, ne pouvant rien faire d'autre. Je ne tire même pas sur les liens. Pas nécessaire, je savais que je ne pourrais pas les retirer et ce ne serait pas une brillante idée après tout ce qui venait d'être dit et ça prouverait que je n'étais même pas capable de tenir comme venait de le sous entendre le Prince. Hors je suis en mesure de le faire sauf que je ne veux pas me plier à tout ce cirque. Il y a une différence entre les deux.

Je songe à ma vie avant le complexe.. À mon arrivée ici, aux diverses rencontres et au début chaotique avec Rajaar. C'est vrai que cela aurait pu être bien pire. Et ça l'était... Rajaar n'avait pas hésité à me forcer. Il avait son masque en place et je me détestais. Et il aurait fallut que ça reste ainsi et peut être que je n'aurais pas autant agis comme un con. Enfin, je n'en sais rien. En tout les cas, ça nous rendait pas service d'avoir succombé l'un et l'autre et d'éprouver des sentiments. Et il avait raison, je voulais profiter du peu de temps qu'on disposait mais il est difficile de faire abstraction du reste. Je ne peux pas rester sans y penser en permanence. Ce que je trouve le temps long à attendre dans cette maudite position. Mais ce n'est pas pire que lorsque je me trouvais dans le donjon. D'ailleurs, je m'étais attendu à ce que le Prince m'en fasse voir de toutes les couleurs. Je pensais qu'il utiliserait ce sale martinet de malheur. Je n'en gardais pas un bon souvenir mais ce n'était pas le pire de ce que j'avais pu endurer jusque là. Et ça serait sans doute pire prochainement puisque Rajaar voulait m'envoyer ailleurs.

« Tu seras obligé de m'abandonner que tu le veuilles ou non »

La phrase tourne dans sa tête, étreint sa poitrine, poignarde son cœur, tord les entrailles de son ventre, enserre ses poumons, intoxique son foie. Il a la tête qui tourne, mal dans tout le corps, la nausée encore au bord des lèvres. Il marche d'un pas frénétique dans les couloirs, comme pour fuir les mots, ceux-là et tous les autres. De l'arête de son nez jusque dans ses yeux, il sent cette envie de pleurer qui grandit et qui tente de s'imposer. Mais il n'a pas le droit de se laisser aller. Pas ici, alors que n'importe qui pourrait le surprendre.

Où il va comme ça ? Il ne sait même plus, pourtant ses jambes le portent, comme muées de leur propre conscience. Il bouscule par inadvertance une esclave dans le couloir, mais il continue, prenant tout de même la peine de murmurer une excuse. Il faut qu'il se calme à tout prix, qu'il expulse toutes les émotions dévastatrices avant qu'elles explosent où ne le dévorent de l'intérieur pour le rendre complètement barge pour de bon.

Il arrive aux bassins et sans attendre, ordonnant à des gardes postés non loin de ne laisser approcher personne, il se déshabille, entre dans l'eau réchauffée par le soleil brûlant et disparaît aussitôt sous la surface. Tout à coup, le calme sous-marin s'impose. L'écrase. Alors il pleure. Il laisse tout éclater, il noie ses larmes dans le bassin qui les avale sans peine. Sous l'eau, il hurle, agrippant sa tête entre ses doigts refermés comme des serres contre son crâne, tirant sur ses cheveux. Il ne tient pas longtemps, incapable de respirer correctement ainsi submergé au milieu de l'explosion de ses émotions. Il retourne à la surface, bénissant l'eau de rincer ses larmes et reprend de l'oxygène se mettant à nager. Il nage longtemps, vite, allant et venant d'un bout à l'autre du grand bassin, jusqu'à ce qu'il s'épuise, jusqu'à ce qu'il ne puisse plus rien expulser, jusqu'à ce qu'il s'agrippe complètement épuisé au bord du bassin pour éviter de se noyer bêtement. Il se donne encore quelques minutes, là sans bouger, les bras contre le bord, son front posé sur eux, la respiration lourde.

Une fois calme, vide, son masque et son armure remis bien en place pour protéger le volcan soupirant et encore fumant de son corps éprouvé, il rejoint la boutique bdsm des lieux. Il y trouve Julius évidemment, à qui il ne laisse rien paraître, lui souriant poliment avant de refuser son aide. Il sait parfaitement ce qu'il veut, et ce dont il a besoin. La liste de ses achats est longue et pendant ce temps, il sait que Siobhan attend encore. Sans doute qu'il a déjà mal partout de poireauter ainsi à genoux sur le sol, du moins s'il s'est résigné à obéir. Et Rajaar l'espère sincèrement. Ce serait terrible si ce n'était pas le cas... pire encore. Julius ne pose aucune question et ne fait aucune remarque à propos des achats, il se contente de faire son travail et le Prince l'en remercie intérieurement avant de quitter les lieux avec une partie de sa commande. Le reste lui sera livré plus tard dans ses appartements.

Ce n'est donc qu'au bout d'une heure, et même d'avantage, que Rajaar réapparaît dans la chambre. La première chose qu'il voit et qui le soulage comme un baume, c'est de voir Siobhan tel qu'il l'a laissé. À genoux. Est-ce qu'il en avait douté ? Oui. Honnêtement, oui. Siobhan aurait été capable de s'acharner à se détacher en refusant purement et simplement de se soumettre à des règles. En refusant d'être un slave. D'ailleurs, c'est sans doute ce qu'il pense encore, mais au moins... il a fait un effort. Minuscule, certes, d'un point de vue de maître, mais Rajaar sait, même s'il ne le montre pas et ne le dit pas, que c'est plus important que ça en a l'air. Silencieux, l'Émir dépose le carton qu'il porte sur une commode. Il revient alors près de l'homme et détache les liens, libérant complètement ses poignets.

- Le plus facile dans un échange bdsm, finalement, c'est le sexe. Le plaisir rend tout simple, agréable, parce que c'est le but. Même la douleur devient désirable. C'est la raison pour laquelle on ne va pas commencer par-là. On va entamer la partie la plus compliquée pour toi : L'obéissance et la tolérance à l'humiliation. Le conseil que je te donne pour ce genre d'exercice, c'est de prendre ça pour un jeu de rôle, de faire le vide dans ta tête, de te détacher un peu du côté dégradant. Dis-toi qu'au bout, il y a moi. Et le plaisir que je peux t'offrir pour te récompenser.

C'est sans doute l'exercice le plus difficile qu'il lui demande là. Pour une première séance, ça peut paraître gros, mais Siobhan doit apprendre à supporter ça avant tout le reste. Parce qu'au fond, ce sera plus douloureux que la cravache ou le martinet. Alors au fur et à mesure, une fois le pire traversé, tout le reste lui paraîtra plus doux. Rajaar s'éloigne, reprenant la baguette de tout à l'heure, allant se poster au bout de la chambre avant de se retourner, pointant un doigt vers ses pieds et regardant enfin son slave avec sérieux, lâchant d'un ton autoritaire.

- Au pied, maintenant. Sans te relever.

Est-ce qu'il va le faire ? Sans soupirer ? Sans froncer les sourcils ? Sans même serrer les dents ? Est-ce qu'il va se résigner à se montrer complètement docile où va t-il encore se montrer difficile ? C'est ce que se demande Rajaar. Oh, Siobhan fera des erreurs,, il le sait et il l'espère d'une certaine manière, car c'est en en faisant qu'il apprendra sans doute le mieux.

Mon esprit s'évade et quitte la piece, s'évapore.. s'eloigne du complexe. Je songe à mon passé. Je pense aux coups reçus par mon père, à sa déception de me voir suivre la voix d'infirmier plutôt que sa voix en tant qu'avocat. Je ne regrette pas mes choix, mais si je l'avais écouté... Sans doute que je ne serais pas ici. Allez savoir... Je soupire. Revient au présent, regarde devant moi. Je me demande combien de temps vais-je devoir rester dans cette position inconfortable. Heureusement que je me maintiens en forme, que je suis en bonne condition physique.

Cela me fait grimacer aussi... Une raison aussi qui avait fait que j'avais été choisi... Enfin j'imagine... Je me demande pour quelles raisons, Jayce m'a choisi. Quels sont les critères ? Je m'interroge. Et je vois soudainement flou mais refoule les larmes qui menacent de tomber. Je ne veux pas pleurer. Je ne veux même pas crier. Je ferme les yeux. Je revois ma sœur... Je pense à notre dernière conversation. Je souris malgré tout.. j'avais passé une soirée superbe. J'avais au moins ça qui restait graver dans mon esprit. Je me mets à chanter pour m'occuper.

Je chante une chanson que ma mère me chantait quand j'étais enfant. Ça m'apaise et ça me permet de retrouver une sorte de bulle de protection. Je souris. Puis, les chansons se succèdent alors que j'attends comme un con. A court d'idées, je me stoppe. Et quelques temps après, la porte s'ouvre... Ça pour effet de me faire sursauter. Je ne m'y attendais presque plus, pensant rester là encore longtemps. Je reste muet alors que je vois Rajaar déposer un carton sur la commode. Il revient vers moi et me détache. Je frotte mes poignets et fixe toujours le sol. Je n'ai aucune envie de le regarder. Et mon cœur se serre davantage. Je déglutis alors que j'entends le prince.

Je sens mon estomac se tordre alors qu'il parle d'obéissance et de tolérance à l'humiliation. Je n'aime vraiment pas ce qu'il déclare. Je me retiens de tout commentaire. Jeu de rôle... Putain il en a de bonnes. Faire le vide.. bien sûr, tellement facile... Côté dégradant... Je ne vois que ça en fait.. et qu'il soit au bout n'y change rien. Et parler de récompense... Sérieux, j'ai l'impression d'être un putain de cabot. Et vu la phrase qui claque derrière.. "Au pied, maintenant. Sans te relever..." ça ne fait que renforcer ce point de vue. Je voudrais lui dire d'aller se faire foutre, lui dire que je ne suis pas un chien. Je dois aussi lui donner la patte enfin ici, je dirais tendre mon cul... Je me mords l'intérieur de la joue. Putain, je fais un effort considérable pour ne pas me lever ou répondre. Je ne le regarde pas, je n'y arrive pas. Mon regard reste fixé sur le sol... Les chaussures du Prince. Mon corps est tendu et refuse de bouger. Et j'ai mal aux genoux... Un cauchemar... Je suis en plein cauchemar. Je parviens finalement à me mouvoir. Je ne sais même pas comment je dois avancer... À genoux ? A quatre pattes ? Tant pis, je reste à genoux. Je fais déjà des efforts hein .. Je sens la colère parcourir mes veines alors que je m'avance à contrecœur jusqu'aux pieds de Rajaar. Je trouve la distance déjà bien longue. Mes genoux me font souffrir aussi à force d'appuyer dessus. Mais, je dois faire avec. Ce n'est pas ce qui me fait le plus souffrir. Mais, de devoir me soumettre... Devoir être traité de cette manière, comme un vulgaire animal. Je me stoppe enfin devant lui. Et je ne le regarde toujours pas. Impossible.

C'est un exercice extrêmement compliqué pour quelqu'un comme Siobhan et il en a parfaitement conscience. Pourtant ça ne devrait pas l'être totalement, pas avec lui, parce qu'au fond, Rajaar ne lui fait pas faire ça pour savourer le fait de le voir se soumettre comme un esclave. Il ne se moque pas non plus. Loin de là. Ça lui fait autant de mal de lui ordonner ce genre de truc que ça fait mal à son slave de devoir s'y plier. Assurément. Mais il n'en montre rien. Pas la peine. Il a l'habitude... c'est le rôle qu'il doit jouer. Chacun d'eux doit s'obliger à faire des choses qui leur sont intolérables et injustes... c'est comme ça. Le jeune Prince ne fera jamais le choix suicidaire et incensé de vouloir s'enfuir avec l'homme qu'il aime pour profiter de la vie. Non, jamais. Peut-être que pour beaucoup ça parait simple, que par amour, on est censé faire les pires folies parce qu'il n'y a que ça qui compte. Mais c'est faux. Ça, c'est dans les films et les histoires qui se terminent bien. Ce serait un choix profondément égoïste... et le bonheur ne serait qu'éphémère avant que toutes les répercussions et les conséquences ne leur tombent dessus et finissent par tout gâcher... Rajaar est né avec des chaînes en or. Et elles ne se briseront jamais. Quoiqu'il fasse. Mais Siobhan, lui... il peut encore être sauvé. C'est tout ce qu'il souhaite. Il veut lui redonner sa liberté... même en sachant que visiblement, sans lui à ses côtés, son slave sera incapable d'apprécier ce cadeau. Mais il vaut mieux ça... c'est bien mieux que de se retrouver seul à devoir servir d'esclave sexuel jusqu'à se faire tuer.

Le Prince peut tout lire dans le regard de Siobhan. Il sait à quel point il enrage de devoir obéir à cet ordre humiliant. Il est en colère et il a certainement envie de l'insulter et de refuser en bloc. Mais... il ne le fait pas. Il fait un effort pour cette fois et ravale sa rancune et sa fierté pour s'avancer jusqu'à lui. Il ne prononce pas un mot et il ne le regarde même pas. Rajaar se dit que c'est plus parce qu'il lui en veut que par réelle politesse... mais il préfère ne rien dire. Il a bien agi, ce n'est vraiment pas le moment de lui faire une sale réflexion. Le jeune Émir passe une main dans ses cheveux en soupirant, traversé par un frisson extrêmement désagréable. Décidément... il déteste le voir comme ça à ses pieds. À un point inimaginable. Il n'a qu'une envie, c'est de le relever et de l'embrasser en s'excusant. Mais il ne le fera pas...

Cependant, il descend légèrement pour se mettre également sur les genoux, pour être à sa hauteur. Et doucement, il pose ses mains sur ses épaules, le regard adouci. Il pourrait enchaîner avec un autre ordre claqué sévèrement... mais cela ne sert à rien de le harceler. Il a déjà fait un effort dont le Prince connaît la valeur.

- Siobhan. Je sais que tu m'en veux. Mais tu sais pourtant que je ne te demande pas ça par plaisir. Tu me connais. Tu sais qui je suis. Tu sais que je ne t'humilie pas pour y prendre du plaisir et que si je le fais, c'est à contre-cœur. Mais toi et moi, on sait tous les deux que tu as besoin de ce genre d'exercice. Je ne suis pas contre toi, Sio. Je ne suis pas ton ennemi. Je suis celui qui te protège et celui qui veut t'aider à survivre. Alors... ne me juge pas trop sévèrement. Je sais bien ce qui se passe dans ta tête. Je me doute bien.

Il glisse une main sur sa joue, tente avec tendresse de lui redresser le visage pour qu'il le regarde. Puis il ajoute :

- Et ne me réponds pas que tu sais tout ça, mais que c'est trop dur et que tu as besoin de temps. Ça fait des mois, Siobhan... des mois que tu es ici. Tu devrais avoir compris et avoirs appris à au moins faire semblant. Tu n'es pas quelqu'un de stupide et d'idiot au point de te braquer éternellement. J'ai réussi à limiter les dégâts pour toi jusqu'ici... comme j'ai pu. Mais si tu t'obstines... je ne pourrais plus rien. Crois-moi. L'obéissance est bien moins douloureuse que la torture... ou le viol. Si tu veux éviter d'être violé et battu, alors je t'en supplie... ne te rebelle plus. Baisse les yeux et dis "Amen". Contrairement aux autres, on n'osera pas t'obliger à faire des choses répugnantes, parce que c'est moi qui paye pour toi. Ça pourrait arriver... oui. Bien sûr. Mais tu prends beaucoup plus de risque à ce que ça arrive en te comportant comme tu le fais. Ce ne sont pas des efforts que les gardes attendent. Ce sont des résultats et des actes d'obéissances parfaits. Il n'y a pas d'entre-deux. Alors je suis désolé... mais je ne peux pas te laisser plus de temps, Siobhan. Tu as déjà eu tous ces mois pour le faire...

Rajaar garde une seconde encore sa main chaleureusement contre sa joue, puis se lève. La séance n'est pas terminée, elle ne fait que commencer. D'un ton désormais plus autoritaire, il lui demande d'enlever son sarouel et de se mettre entièrement nu. Puis il lui ordonne de prendre la position de soumis qu'il lui a enseigné plus tôt, face au lit. Dans son dos, Rajaar l'observe, espérant qu'il obéisse, qu'il comprenne la réalité de l'urgence à ce qu'il réussisse tout ça. Le jeune Émir s'empare ensuite d'une cravache, il fait glisser le long du dos nu de son esclave, sensuellement, de haut en bras. Jusqu'à ce qu'il donne un tout petit coup sur l'une de ses fesses et revienne face à lui, approchant la languette de l'accessoire qu'il tient en main de la bouche de son slave. Il veut qu'il la lèche, qu'il l'embrasse, sans jamais le quitter lui des yeux. Il va même plus loin. Il veut que Siobhan soit convaincant et qu'il le remercie de lui donner cette leçon, qu'il remercie son maître de le punir et de lui apprendre à se montrer raisonnable. Encore un exercice compliqué parmi d'autres.

S'il réussit, Rajaar pourra enfin respirer un peu. Un tout petit peu. Il pourra enfin se dire qu'il y a un espoir pour qu'il parvienne à protéger Siobhan jusqu'au bout et il n'aura plus cette éternelle boule au ventre à la crainte de le perdre pour un acte de rébellion irréfléchi. Il est fatigué de vivre dans la peur. Fatigué de crever d'inquiétude pour cet homme qu'il aime. Épuisé de paniquer à chaque fois que son téléphone sonne, on se disant qu'on va lui annoncer que son esclave va être exécuté parce qu'il n'aura pas su obéir et ne rapportera jamais assez d'argent au goût de l'établissement. Exténué... de pleurer comme un enfant perdu dans son lit en constatant qu'il est un moins-que-rien incapable de venir en aide aux êtres qui lui sont chers. Il veut le voir obéir. Il veut pouvoir respirer... et lui montrer que même dans cette pratique, il peut lui donner du plaisir. Du répit. De l'espoir.

J'ai mis beaucoup de temps à parvenir jusqu'à lui. Du moins, c'est mon impression. Je ne peux pas croire que je sois en train de faire ça. Mais, je n'ai pas le choix. Je dois me plier, me courber, baisser la tete et obéir tel un bon petit toutou bien dressé. Tout ce que je ne suis pas. Je déglutit alors que je sens la main de Rajaar glisser dans mes cheveux. Ce geste m'horripile totalement, me donne la nausée et me donne envie de le repousser. Putain, je déteste cette sensation, je déteste le fait d'être traité de cette manière. Je sais que ce n'est que le début. Je garde les yeux fixés au sol et ne réagit pas lorsque le prince se mets à ma hauteur et touche mes épaules. Je me concentre pour conserver mon calme et pour être en mesure de rester dans ma position actuelle. Je ne dis rien à ces mots. J'écoute sans prendre la peine de répondre. Je ne suis pas en mesure de pouvoir dire quoi que ce soit. Je ne veux pas le regarder et ce même s'il me fait redresser la visage. Pourtant, je suis forcé de le faire, croiser son regard et c'est d'autant plus douloureux. Je me retiens de tout commentaire. A quoi bon?

Je sens mon cœur se soulever dans ma poitrine lorsque j'entends son ordre claquer. Je fixe le sol. Putain... J'en peux déjà plus de tout ce cirque. Je fixe devant moi alors que je sens Rajaar se mouvoir dans mon dos attendant que je me décide à exécuter son ordre. Je suis mal... Je bouilonne aussi et j'ai envie de crier. Je ne dis pas un mot. Je reste muet, finit par virer mes fringues. Mais, me retrouver nu n'est sans doute pas le plus compliqué. Je me mets comme demandé à contrecœur. Et c'est ce qui suit qui me rends fou. J'ai envie de lui dire d'aller se faire foutre. Putain .. dire que je suis content de cette punition non mais sérieux... Pis embrasser sa cravache.. j'ai envie de lui faire bouffer son accessoire de malheur. Le pire c'est je dois le regarder là et j'en ai pas la force.

Et devoir le remercier j'ai envie de dire lol... Je le fixe dans les yeux et lâche mentant bien malgré la douleur qui me vrille le corps. "Merci, cher prince de prendre le temps de m'enseigner le fait d'être plus raisonnable." je fais ce qu'il demande mais franchement, ça me tue littéralement. Je vois pas du tout ce qu'il y a de genialisme à obéir. Ce qu'il y a de bien d'accepter de se faire ainsi humilier. Je suis en train de devenir dingue. Me rabaisser ainsi... Quelle torture! J'ai tellement envie de me barrer de là. Je ne sais pas si je suis convaincant et quelque part qu'est ce que je m'en fous. Cependant, il a raison sur une chose.. je suis loin d'être stupide malgré les apparences.

Sauf que jouer le rôle de toutou dressé ne m'intéresse pas le moins du monde. Je n'ai pas du tout envie de faire ça. Je n'ai pas envie de me plier à ce putain de soit disant jeu de rôle. Ça n'a rien d'un jeu. Je regarde toujours Rajaar comme demandé puis embrasse également ce fichu bout de cravache. Je fais de gros efforts pour ne pas envoyer bouler tout ce cirque. J'ai envie que ça s'arrête. Et pour ça, j'imagine qu'il faut que je me plie a la volonté du prince. J'ai tellement de mal de garder mes yeux rivés sur lui, beaucoup de mal de ne pas me trouver ridicule ainsi ou encore de me sentir comme un gentil animal dressé.

Va t-il obéir ? Va t-il craquer ? C'est la question qui taraude l'esprit de Rajaar alors qu'il ne quitte plus son slave. Il voit la fureur dans son regard, qui n'a pas disparu malgré ses mots. Des paroles qui se sont encore perdues dans le vent... parce que Siobhan est trop buté. Trop aveuglé par le simple fait de ne pas vouloir accepter l'humiliation. Rajaar se demande parfois ce qui ne tourne pas rond chez lui... Évidemment qu'il n'a aucune envie d'être un esclave sexuel. Évidemment qu'il a peur. Mais comment est-ce qu'on peut préférer se rebeller quitte à se faire battre et violer plutôt que d'accepter de faire semblant de se soumettre à un règlement ? Baisser les yeux et se taire. Répondre aux questions qu'on pose et rien d'autre. Qu'y a t-il de difficile à cela ? Même dans la vie normale, tout le monde y est confronté. Si seulement il y parvenait et se comportait comme il faut... il n'aurait pas à se faire humilier. Ou alors beaucoup moins. C'est toujours mieux que la torture ou le viol, non ? Qu'est-ce qu'il cherche à prouver en se rebellant avec entêtement ? Ça ne le rend pas plus fort et plus admirable... ça lui donne l'air idiot, inconscient et suicidaire, rien de plus.

Rajaar n'aime pas ce qu'il lui fait faire. Il a horreur de ça et il aimerait bien tout arrêter. Mais il sait que ce qu'il fait... c'est pour l'aider. Même si Siobhan est persuadé que ça ne rime à rien. Parce que c'est tout ce qu'il peut faire... parce que c'est la seule solution. Il entend souvent dire qu'aucun clients et aucun Prince n'est capable de comprendre ce que vit un esclave ici. Mais ils se trompent. Il disent ça parce que ça les réconforte de savoir qu'ils sont incompris par des bourreaux. Mais Rajaar, lui, il sait exactement ce que c'est. Il n'a aucun besoin de devenir un esclave pour le savoir. Être contraint et obligé, abandonné, malmené, manipulé, humilié, perdu, terrifié, traité comme un objet ou un pion... violé... il sait. Il n'a pas besoin de se retrouver torse nu et en sarouel pour savoir exactement ce que c'est. Mais il sait ce que lui serait capable de faire pour s'en sortir.

« Merci, cher prince de prendre le temps de m'enseigner le fait d'être plus raisonnable. »

Il dit les mots et il fait le geste. Rajaar n'est pas idiot au point de croire qu'il accepte ça sans arrière-pensée et sans rancœur. Il se force, il s'oblige. Mais le simple fait qu'il fasse cet effort aide Rajaar à tenir le coup. Il doit aller au bout des choses... la séance n'est pas encore terminée.

Pendant de longues minutes... il continue la séance. Il ne le touche pas, il n'y a pas d'acte sincèrement sexuel dans la leçon d'aujourd'hui. Le plus important... c'est de voir quelle est la résistance de Siobhan à l'humiliation et aux ordres difficiles. Alors il continue. Il lui demande plusieurs choses, comme de s'incliner face à lui, aussi bas que possible et avec respect. Mais il lui demande aussi de lui préparer une boisson et de la lui apporter, tout en restant entièrement nu et en lui présentant le plateau en s'inclinant. Il veut que chaque mot, chaque phrase soit prononcés avec des mots et des intentions respectueuses de son rang. Parfois, il lui donne un ordre bête, comme se retourner. Et il passer la cravache sur son corps, sur quelques parties intimes, sans un mot. Il ose même, mais les mots lui arrachent la gorge avec une violence sans nom, le féliciter comme on complimente un animal dressé. Parce que oui, si les actes peuvent être humiliants, les mots peuvent l'être plus encore.

Ça dure un peu plus d'une heure au moins. Et Rajaar est disons... à la fois impressionné et inquiet. Siobhan n'a pas craqué. Il aurait pourtant presque parié qu'il finirait par l'envoyer chier ou qu'il aurait craqué sous la pression. Oh... son regard vibre de rage et de douleur contenue... ça il n'arrive malheureusement pas encore à le cacher assez bien. Mais il a tenu bon. Il a obéit jusqu'au bout. D'une voix neutre, la cravache toujours en mains, Rajaar décide donc de le congédier et de le libérer pour cette fois. Il aimerait le prendre dans ses bras, l'embrasser, lui dire à quel point il est fier et touché par ses efforts aujourd'hui... mais il sait qu'il sera rudement repoussé. Son slave n'est pas d'humeur à accepter quoi que ce soit de sa part, il est en colère, il lui en veut... La mine sombre, le Prince regarde Siobhan retourner dans sa chambre. Il déglutit, presque nauséeux et surtout épuisé.

Si seulement tout pouvait s'arranger...

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