Chapitre Dernier
Un mois après le chapitre Troisième.
Voici donc l'ange qui le regarde
Le ciel; qui le voit en clarté
Et qui laisse, pétrie de mégarde
Un hasardeux ajour sur l'infinité
Lumière parfaite qui transcende l'âme
Aveugle les mortels et dissipe les démérites
Avisez donc le nacre des orchidées amalgames
Vous y verrez le néant en splendeur émérite
Aimez, ses ailes vous laisseront effleuré
Averse sortit un petit billet de sa poche et le déposa sur la terre. Elle sortit son briquet et laissa la flamme carminée consumer le papier noircissant. Une fois le poème réduit à une masse pulvérulente, elle se leva, posa un bouquet de hyacinthes praline et crème sur l'humus cendré et murmura une courte prière.
On ne sait combien de temps elle resta pensive au soleil couchant, mais il faisait nuit noire lorsqu'elle rentra dans le complexe funéraire. Pomélo était parti il y a de cela bien longtemps; elle était seule. De nouveau, elle fouilla ses poches et en extirpa un nouveau message, qu'elle posa bien en évidence sur le bureau de son collègue. Ce dernier allait comme suit:
Cher Pomélo,
Cela fera quelques heures que je serai partie quand tu liras ce message. Partie où? Moi-même ne le sais. Loin, sans doute, errant dans les rues, sans peur de me perdre, je suis déjà perdue. J'imagine que pour retrouver mon âme, il faut que j'égare ma chair, ne serait-ce qu'un peu.
Je ne sais pas quand ou même si je reviendrai. Trouve quelqu'un d'autre pour les poèmes et oublie mon salaire. Je ne viendrai pas le réclamer.
Tu fus un collègue qui, je crois, restera en ma mémoire pour de meilleures raisons que moi en la tienne.
Avec une amitié sincère,
Averse
P.S: La clé de la porte principale est dans une boîte tout au devant de l'allée, dont le code d'ouverture est 6598.
La jeune femme prit place à son propre bureau et fit un léger tri dans ses documents, la majorité d'entre eux se retrouvant enfin sur le bureau de Pomélo ou dans le recyclage. Elle en plia une dizaine et les installa dans sa besace. Elle décrocha son manteau et son bonnet d'une paterre et s'en vêtit. Une fois habillée, elle fit le tour des lieux, verrouilla le cimetière et déposa la boîte à clé à l'endroit indiqué. Elle jeta un dernier regard vers le complexe, soupira et s'en alla.
Elle était tombée malade, il fallait guérir. Elle guérirait. Elle se promit de ne croire en la perfection que le jour de sa mort, et pas avant. Fallait-il être perdue pour croire autrement.
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