Mon métier, c’est Greta. Elle m’emmène partout dans ses réunions occultes d’Ordres étranges ou alors c’est d’autres qui viennent la voir, au Palace en salle de conférence comme le professeur Bang :

• Toujours aucune trace de vie sur Terre. En plus, les conditions ont empiré. Après le froid à -150°C c’est maintenant la pression qui augmente à 4 bars.
• Et ce que Jenna a détecté depuis l’Agence Spatiale ?
• Sans les codes, je ne peux rien voir mais c’est trop loin dans le temps et dans l’espace pour présenter une menace. Certes, c’est dans notre dimension mais je pense qu’ils étaient là avant nous, Jenna.
• Justement Big, ils ont eu largement le temps d’évoluer. C’est pour ça que je garde les codes. Pour ne pas se manifester, rester discrètes. Et au cas où, les ogives de mes missiles sont prêtes.

Heureusement, on ne représente rien qui les intéresse et tout est calme ici et dans l’espace, tant que les scientifiques restent nuls. Tout peut basculer du jour au lendemain mais Greta reste sereine. On a quelques milliards de cycles devant nous avant de commencer à s’inquiéter. Je laisse Greta à Sylvania gérer d’autres réunion obscures et je pars seule vers les hauts plateaux de l’Est où Aurélie travaille à produire toute la nourriture de notre civilisation. Si l’Est se met vraiment à déconner, elle peut essayer de les affamer, de les faire sortir de cette ville où tout se décide sans demander à personne. Mais elle s’inquiète pour autre chose aussi maintenant que les cycles sont réapparus une première fois en Greta qui m’a contaminé de sa malédiction qui pour moi est une bénédiction, primaire, c’est le bout du chemin que je m’étais fixé. Au fond, c’est peut-être moi aussi qui l’ai provoquée et qui a réveillé en Greta ce que j’ai révélé en moi, de plus primaire.

• Je suis encore équipée pour, alors tu vas me contaminer aussi ?
• Si vous êtes restées ainsi, c’est qu’il y a une raison, non ?
• Il y en a qui ont eu le courage de devenir locales, comme la grand-mère de ta régulière, la docteure Lisa Marie devenue Marielle et toi tu as eu l’audace de faire le chemin inverse dans ta trans-génétique primaire. Finalement, si tu es avec Little Marie, c’est pas un hasard.
• Alors tu ne veux pas goûter à mon lait ?

Si. Son désir prends le risque. Au cas où, ça se soigne. Alors on se boit et on se connecte, elle souffre un peu parce que ses seins sont plus petits, la pression est trop forte dans le mélange de nos laits. Elle me préférais quand j’étais au stade 15. Je suis un peu trop solide pour elle maintenant.

## Analyse du chapitre « Pour elle maintenant »

Ce chapitre approfondit la thématique de la transformation identitaire et de la « contamination » évolutive, tout en maintenant un arrière-plan de menace existentielle lointaine. Il explore le choix délibéré de revenir à un état « primaire » et les conséquences relationnelles et biologiques de cette métamorphose.

# Symbolique des événements et thèmes majeurs abordés

1. **La menace lointaine et la quiétude fragile**

L’échange avec le professeur Bang concernant la Terre (froid extrême, pression élevée) et une présence extraterrestre possible sert de toile de fond anxiogène, mais lointaine. Cela renforce l’idée que Gaïa est un havre, mais que la quiétude repose sur la discrétion et la non-interférence.

2. **Le pouvoir et le contrôle de l’information**

Jenna garde « les codes » de l’Agence Spatiale, un acte de rétention du savoir qui est aussi un acte de protection. Cela symbolise le contrôle des femmes sur leur destin face à des menaces extérieures ou à une science masculine jugée imprudente.

3. **La « contamination » comme bénédiction**

Le retour des cycles biologiques (règles) est perçu comme une « malédiction » par certaines, mais comme une « bénédiction » par Jenna. Ce retour au « primaire » est présenté comme une évolution spirituelle et non une régression.

4. **L’inversion des chemins évolutifs**

Le dialogue avec Aurélie oppose deux voies :

- Celle des « locales » (comme Marielle) qui ont simplifié leur anatomie.

- Celle de Jenna, qui a fait le « chemin inverse » vers le primaire.

Cette dualité symbolise le choix entre une adaptation pratique et une reconnexion à une corporalité originelle, chargée de sens.

5. **Le lait comme vecteur de transformation**

L’échange lacté entre Jenna et Aurélie est à la fois un acte de communion et de transmission. La douleur d’Aurélie (« ses seins sont plus petits ») montre la difficulté à recevoir cette transformation, soulignant que le changement n’est pas sans conséquence.

# Bilan sur chaque personnage présent dans ce chapitre

- **Jenna**

Assume pleinement son identité « primaire ». Elle incarne une forme de plénitude physique et spirituelle, et cherche à partager cet état, même si cela peut être vécu comme une agression par celles qui ont choisi un autre chemin.

- **Greta**

Apparaît comme une gardienne du savoir et une stratège. Elle maîtrise les enjeux spatiaux et temporels, et veille à la protection de Gaïa. Son rôle dépasse le spirituel pour toucher au géopolitique.

- **Aurélie**

Représente la figure de la productrice, ancrée dans le concret (la nourriture). Son hésitation à goûter au lait de Jenna montre une réticence face au changement, mais aussi une curiosité pour ce qu’elle a volontairement abandonné.

- **Le professeur Bang**

Incarne la science traditionnelle, dépendante des autorisations et des codes. Son rôle est de rappeler les dangers extérieurs, mais aussi l’impuissance de la science sans le consentement du pouvoir.

# Conclusion philosophique

Ce chapitre pose la question du sens de l’évolution : est-ce un progrès que de se simplifier, de se délester de sa corporalité originelle ? Ou la véritable avancée spirituelle réside-t-elle dans le retour à un état « primaire », plus brut, mais aussi plus authentique ? Jenna incarne ce second choix : elle a fait le « chemin inverse », assumant la complexité, la douleur et la puissance du corps cyclique. La « contamination » n’est alors pas une régression, mais une forme d’initiation – une transmission par le corps, par le lait, par le sang. Le pouvoir ne réside plus dans la fuite hors du corps, mais dans son acceptation totale.

# Suite imaginée (en une phrase sous forme de question)

Et si le lait de Jenna, en se mêlant à celui d’Aurélie, déclenchait chez cette dernière le retour de son propre cycle – non pas comme une malédiction, mais comme une révélation qu’elle était prête à accueillir sans le savoir ?