045 - en guerre pour la paix

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Coucher de soleil sous le porche à Genève, assise en bonne compagnie. Ava lâche son tricot pour prendre une guitare et chantonner une berceuse à notre soleil bleu qui s’endort. Je souffle devant moi le nuage d’une tige en méditant et en riant de la situation. On a l’air en grève. Rien ne se passe. Chaque acte de notre journée est programmé pour le plaisir de l’autre, pour le bien de notre couple, en paix et en amour nous sommes. Ava s’interrompt brusquement. Elle regarde fixement la table basse où son monolithe vibre. Un code à trois chiffre apparaît, en rouge. Elle surgit et me prend pour me mettre à couvert, à l’intérieur.

  • Jenna, intrusion, menace. Je t’exfiltre. Pas de navette, le tunnel.
  • Ava, du calme, je la sens, c’est Paloma.
  • Quoi ? Mais elle est folle ou quoi ? J’étais prête à la liquider.
  • Je sais. Oui, elle est folle. T’aurais fais comment ?
  • Mon arme de poing. Balles en argent. La règle des 2/3/CT. Deux tirs en moins de trois secondes dans le cœur et dans la tête.
  • Ça aurait pas suffi, c’est Paloma. T’as raison, tunnel.

On se sauve. Le tunnel débouche dans un autre où un train nous amène à l’Ambassade. Sur place, je contacte Adélaïde qui s’excuse. Les warriors nuns ont neutralisé Paloma. On peut rentrer à Genève.

  • Je suis désolée, Jenna. Si tu annules le protocole, j’accepte.
  • Non Ava. Paloma est toxique. Elle m’a trop fait de mal. Et pour Greta ?
  • Alpha. C’est elle la procédure. Mais avec Greta…
  • T’inquiète, elle m’a déjà oubliée, c’est Greta.

En rentrant mon instinct me dit d’aller voir dans la boîte aux lettres. Il y a un mot. « Je voulais juste te demander pardon. Excuse-moi. I miss you.» Non, je ne l’excuse pas. Je compte les syllabes. 16. C’est bien elle. Elle est sincère. Mais non, j’ai trop de séquelles de son sortilège alors hors de question de la revoir, qu’elle souffre, en silence. Miséricorde, mon cul. Qu’elle garde bien à son esprit sain ses regrets pour ne pas recommencer. Elle incarne aussi une mise en garde pour toutes celles qui peuvent user comme elle de pouvoirs occultes. Son mot est piège sournois pour me faire écrire à nouveau et m’adresser à elle en plus.

  • Jenna, je fais mon rapport. Est-ce que tu as une recommandation ?
  • Oui, il faut lui tirer dans les mains, d’abord sa droite. Et il faut que ça soit fait avant que ton monolithe vibre. Par tes agentes. Avec Paloma, tu ne dois pas être en première ligne.

Ava et moi, nous combattons, nous sommes en guerre pour la paix.

Analyse du chapitre « en guerre pour la paix »

Ce chapitre introduit une rupture brutale dans la quiétude apparente de Jenna et Ava. Alors qu’elles vivent une existence ritualisée et paisible, l’intrusion de Paloma rappelle que le passé occulté et les blessures non résolues peuvent resurgir à tout moment. Il explore la tension entre la volonté de vivre dans l’harmonie et la nécessité de se défendre contre les menaces persistantes, même au sein d’une Fémunité en paix.

Symbolique des événements et thèmes majeurs abordés

- **L’intrusion de Paloma** : Représente le retour du refoulé – les blessures du passé, les relations toxiques et les pouvoirs occultes non maîtrisés. Son message de pardon est ambigu, à la fois sincère et manipulateur.

- **Le protocole de sécurité** : Ava incarne la protection rationnelle et institutionnelle, tandis que Jenna représente la connaissance intuitive des menaces. Leur complémentarité est leur force.

- **La règle des 2/3/CT** : Symbolise la violence contenue mais prête à être déployée pour préserver la paix. La paix n’est pas l’absence de conflit, mais la capacité à y répondre avec justesse.

- **La boîte aux lettres** : Elle devient un lieu de vérité et de piège. Le mot de Paloma est à la fois une supplique et une manipulation, rappelant que l’écriture reste un pouvoir dangereux.

Bilan sur chaque personnage présent

- **Jenna** : Elle montre une lucidité froide face à Paloma, refusant le pardon facile. Son expérience passée lui permet de discerner le vrai du faux dans les apparences.

- **Ava** : Elle révèle son professionnalisme et sa détermination à protéger Jenna. Sa jeunesse n’est pas un handicap, mais une force canalisée.

- **Paloma** : Elle incarne la figure de la repentante toxique, à la fois vulnérable et dangereuse. Son geste est autant une demande de pardon qu’une tentative de reprendre le contrôle.

Conclusion philosophique

Peut-on vraiment faire la paix avec son passé ? Jenna répond par la négative : certaines blessures ne se pardonnent pas, elles se gèrent. La paix n’est pas un état de naïveté, mais une vigilance active. Être « en guerre pour la paix », c’est accepter que la tranquillité se mérite et se défend.

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