Les noeuds

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L’eau coule dans les tuyaux, le froid est plus horrible à supporter que dans la tour ou chez Sergio. J’ai cru sentir des rats passant près de mes pieds, mes doigts me font mal et j’hurle en silence.

Ma sœur, pardon…elle doit m’en vouloir ! Mes parents aussi, même Roberto…Et pourquoi, ils me laissent pas mourir ceux-là ?! Faudra que je les supplies ! Je veux disparaître….

La porte s’ouvre, le sable s’agite et Sergio prend la chaise du fond pour se placer devant moi. Dans ses mains, un carnet…celui que je lui avait donné et que je pensais avoir récupérer…Il le dépose sur la table à sa droite avant de sortir de sa poche de veste, une cigarette.

On se défie jusqu’à qu’il gagne. Je cède facilement, je suis épuisée, tout me fait mal. Mon matelas est souillé déjà d’urine. Il a vu une femme fragile, instable temporairement, il m’a éloignée de mes miens pour me rendre à son image : belle, docile, muette.

Avant de me contraindre avec mon oncle, de passer ses épreuves de feu, me faire croire que je suis unique, une déesse pour les projets de ces membres fous. Hors, je suis qu’une expérience raté, une fois de plus.

Si je meurs, je disparais tel les premières victimes. J’ai échoué pour rendre hommage et témoigner tout simplement…Sergio, me permet de parler en abaissant le tissus avant de revenir à sa place en croisant cette fois les jambes :

— Je lis en toi Marta, c’est si fascinant. Tu sais que j’ai conscience de tes réflexions, tu es une erreur de la nature tout simplement. Tu le connais ton problème ?

— Non….

— Regarde moi et assume tes erreurs ! Merci. Bien, tu te connais mal et on va débuter les séances de thérapies. Visiblement, ça t’a manqué.

Il s’amuse en ouvrant le carnet sur ses genoux pour débuter par ma petite enfance sans accros.

— Une famille si parfaite, c’est tellement beau. Deux danseuses, la petite qui suit les pas de la grande, onze ans de différences. Ce qui permet d’arriver à un moment donné assez…tragique.

— Tu l’a trouvé où ?

— Chut, tu n’es pas en posture de chercher des réponses. On parle de toi, dans ses jolies pages, ton coffre-fort se rempli de deux pertes. Une amie qui se suicide soi-disant par les coups de ses parents, jamais prouvés.

— Tu n’en sais rien !

— Toi non plus. « Son corps sous le pont, son corps lesté de coups. Elle disait plus que c’était son cousin le coupable. Hors, personne ne saura jamais la vérité. Y compris, malheureusement moi. J’ai treize ans depuis le sept mai, elle est plus de ce monde, depuis le sept janvier. Mes parents me disent que je dois être forte pour elle. Et puis, entre amis, on se soutient. Mais la famille ? Ma sœur a disparu des courriers, ne répond plus au téléphone. Presque six mois où ces mêmes parents incapables, me disent qu’elle est assez grande pour gérer sa vie. L’an dernier, elle s’était blessé pendant un spectacle. Cela ne justifie pas un silence si ? Je sens qu’on me cache des vérités…ils veulent jouer, alors je vais me masquer ». Si jeune, si avide de tout comprendre, le monde des adultes, celui de ses amis. Tu voulais déjà faire croire aux autres de ta capacité de tout sceller à double tour, avancer seule…

— Et alors ?! Pourquoi vous m’achevez pas d’une balle ! En quoi, ma vie t’intéresse encore hein ?! Tu as joué avec mon corps ! Vous m’avez pensé croire que vous pouvez m’éveiller !

— Tes failles sont exploitables. Tu étais si désespéré quand moins d’une minute, sans me connaître, en croyant ton oncle fantôme, tu t’es livrée à nue. Tu voulais tester les hors systèmes, tu en avais marre de tes médocs aux effets secondaires, marre de supporter tes pensées sombres, marre de courir contre le temps. Tu étais incomprise, acceptant l’erreur fatale de laisser ce danseur partir loin, tu as tué cet ancrage pour…nous. Je n’ai jamais discuté du carnet, c’est vrai, avec toi. Tu sais pourquoi ?

— Non…

— J’ai préféré me concentrer sur ta quête de paix. J’ai de suite vu que ton corps comme l’était ta sœur, était ton outil de travail. Tu es magnifique Marta, une beauté unique. Tu m’as fait rapidement confiance.

— J’étais perdu….

— Et oui. Moi, je travaille sur les plaies et je les ouvrent quand on ne m’écoute pas. Tu es allé voir des clients dans des hôtels avant de me suivre écouter les accros du poker, de tes talents. Porter ce que je voulais, était là pour te faire revenir dans ce que tu adorais au-delà des arts. Être séduisante, rendre heureux des hommes et par toi aussi. Tu adores être sexy.

— Je ne vois pas où tu veux en venir….

— « Je l’ai vu après deux semaines de recherches. Dans ce bar lugubre, j’ai fugué pour sonner chez elle. Elle n’était pas là. J’aurais aimé pleurer ce que j’ai contenu depuis un an. C’est l’anniversaire de l’enterrement d’Ana. Je me suis éloignée de mes amis, ils ne pigent pas que la solitude est meilleure pour faire le deuil que ces liens toxiques. Maman vend elle aussi des antidépresseurs autant que des médocs pour la toux. Papa, chasse le gibier autant qu’il dépose des amendes pour des incivilités. Adela ? Toi, tu t’es donné salement, tu m’as pas vu et j’aurais voulu te crier ma rage. Je souffre, j’appel, personne ne m’entend. Alors, si je survis ce soir, je te promet que je danserais sur cette piste aux milieux des loups dès ma majorité. Et là, tu me reconnaitras, je l’espère… » Tu as voulu mourir en avalant tes médocs et c’est plus tard, que tu as suivis ta sœur. Pourquoi ?

— …

— Répond !

— Seize ans, un ex petit ami, Alvaro. Un deuxième suicide, mes parents n’ont jamais rien su…j’étais trop jalouse, le surveillant à l’extrême…un manque d’amour probablement. Mais, je me suis prostituée que rarement pendant deux ans ! Jamais danser dans ces lieux de….

— Une fois, c’est déjà trop. Déjà le signe que pour gérer ces poids, il te fallait laisser ta peau au vestiaire, t’abandonner pour ne plus souffrir. Tu l’as fais aussi, pour un autre deuil.

— La mort m’avait poursuivi ces années-là…Rafa était un rêveur, on été un duo ensemble et aussi, il était avec notre groupe.

— Tu oublies de rappeler, que tu as fuis la bataille, le laisser crever. Pour une amie fidèle, c’est toi qui est la mort.

— J’étais pas seule !

— Les autres ? Ils ne sont même plus vraiment mentionner une fois à ton école. Une seule fois, à la limite pour le mois après ta greffe pour quelques morceaux. Tu es la seule responsable. Tout ce que tu touches, fond. Même s’ils ne meurt pas, prenons l’exemple de ce, ha voilà. Pedro. Tu lui as donné ton cœur comme une enfant trop romantique. Tu n’as vu qu’il lorgnais ta sœur, déjà professeur, qui blessé, fût aussi idiote que toi. Par chance, elle l’a plusieurs fois repoussés, toi, tu es resté dans ce charlatan.

— Tu penses que j’ai écrit toute la vérité ?!

— Tout est là. Alors, ok, il a admit sa faute, tu as pardonné à ta sœur. Et pourtant, ta jalousie t’a rendu malade. Devenir boulimique par le fait de regretter d’avoir faire tomber une camarade ? Franchement, c’est ridicule. Et puis, ce Pedro qui travaillait dans les cuisines pour arrondir les fins difficiles, avait osé enfermé les frigos ? Pauvre chou que tout le monde surveille !

— Ta gueule !

— Tu adores tester tes limites, tu recherches sans cesse l’admiration de tous jusqu’à tenter des actes stupides. Alors, oui, ces exemples viennent de l’ancienne Marta. Je pensais qu’on l’avait brûlée. Hors, ton problème, réside en deux éléments. Ta sœur et tes émotions. Tu as réussi à prouver ta place en prenant de la drogue pour rester en alerte, rester clairvoyante. Adela ne devait pas être chez nous. On t’a laissé faire, ce n’était pas un test, souviens toi de la loi suprême. Ceux d’en bas, quand l’Elue est là, sont sous l’aile de cette dernière.

— Je l’avais mise en garde et crois-moi, j’assume le mauvais crime comme avoir jeter les preuves ! Adela n’est pour rien dans ma remise en question !

— Elle a reçu le colis. Il est huit heure et elle l’a donc déjà payé.

— Vous m’avez perdu ! Et manipulé ! J’ai lu les quelques preuves du médecin ! Et vous avez changé son nom !

— Arena, Ortega. Marta, Marta Rosalia. On s’en fiche de qui vous êtes, ce sont vos preuves qu’ils nous faut. Enfin, il est mort, les preuves dans l’eau, mangé par les poissons. Le club est déménage, on ira ailleurs. En revanche, le culte restera et ta propre existence sera dans la poussière. Dehors, ta sœur te sais morte. Tu vas rester en vie, ici. Ton cœur de fer va petit à petit se dissoudre et la maison qui s’effondre va t’engloutir. Elle était à tes grands-parents maternelle.

— Vous voulez que je souffre ?

— Tu nous a déçu. Tu étais comme les autres cobayes, trop humaine. On aurait pu te briser ton esprit encore plus longtemps hors ta soudaine capacitée à résister avait tout chambouler. En plus, le médecin allait pas tarder à faire un procès. Un de nos membres était son avocat. En plus, je n’ai jamais eu assez de temps pour te rendre parfaite. Mon épouse, ma jeune serpentine. Tu sais, si tu étais revenu au club, tu serais évidemment pas là, à souffrir en ver de terre. Tu aurais eu une grande fête et tu aurais eu une soirée de récompense. Je croyais en toi. Toute ta vie, on a cru en toi. Une ados qui devait apprendre à se taire, à en encaisser les coups, continuer à performer, exceller. Tu as chuté dans les mauvaises herbes, vendu ton corps sans parachute. Tu as voulu porter le masque de la meilleure élève depuis ta sœur et en la retrouvant, tu as chuter, pleurer, échapper. Ton cœur a faiblie, tu es sortie Terminator. Tu pensais rattraper un temps qui s’effiloche en ne savant rien que ton cœur est une machine. Ton oncle t’avais injecté enfant, trois fois entre six ans et douze ans, un produit invisible pour affaiblir l’organe. Il avait enrôlé de force ce jeune médecin, un jour il a compris ou penser comprendre quelque chose de louche. Il a vu ton nom, un projet secret. Nicolas l’a menacé de salir son nom, complice d’expériences secrètes. En plus, il avait ajouté que si ton nom était dans son cabinet, il devait être informé.

Tout devient flou, j’ai soif, j’ai faim et lui, m’enfonce…il avoue tout ou presque sachant que si je survie, j’en serais incapable de tout dévoiler.

— Les médicaments étaient modifiés, le procès ? Il avait accepté de se tromper tout simplement par peur. Il t’a emmené voir une psy mais au fond, il aurait dû changer les doses. Tout le monde jusqu’à la pharmacie, était complice de ta modélisation. Pensant comme pour d’autres cobayes, participer à un vaste programme secret. Puis, ton oncle a sonné au bon moment, je suis arrivé pour te donner enfin, les bonnes doses. Si ton cœur est une machine, c’est quel résiste aux extrêmes. Si on a su te retrouver, c’est que tu as une puce GPS.

— Pourquoi moi ? J’imagine que d’autres font mourir après moi…

— Ton oncle voulait l’héritage. Ta mère avait proposé de donner sa part, hors, tu le sais, il a décidé d’obtenir tout. En fait, tu devais tué après le médecin, toute ta famille. Ta mère a laissé sur son assurance vie, une belle somme pour son frère.

— Je n’y crois pas…

— Si tu survis, tu vas vouloir te tuer par culpabilité ma chère. Ta sœur sera triste et te rejoindra, ensuite ça sera aux parents. Ça revient au même. Le cœur était au départ un bon puis on m’a refusé ma part, me rejetant. J’ai donné aux plus méritants et je récolte que la haine. Alors, voilà comment se termine la rose noire. C’est toi, en cendre.

Nicolas se pose à ses côtés. Sergio s’en va pour revenir avec de quoi manger et boire.

— Je pensais que tu voulais continuer l’aventure ailleurs. Ouvre ta bouche, merci.

Je mange avec plaisir soutenant la froideur de l’aigle. Il dégage un sourire qui me glace.

— C’est ma création. Toutes ces données mourront avec elle. On te nourrit pour mieux te punir. Ta liberté sera à décider.

Une fois terminée, Sergio me libère pour faire mes autres besoins avant de m’enfermer à clé. La lumière s’éteint et je m’allonge en chien de fusil pour prier. Je sais que dehors, ma sœur me croit en vie, tout le monde. Je suis aimée, ils vont me sauver et je me jetterais dans leurs bras, désolés de tout.

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