— Bonjour Marta Ramos, comment allez-vous ? Je suis Elena Quinto, l’orthophoniste du centre. On va évaluer ces trois mois sur les plans de la communication, du langage et de la mémoire, pour voir comment vous vous situez aujourd’hui et adapter la suite de votre rééducation.

Je fronce les sourcils, me gratte le peu de cheveux qui ont repoussé. Je pense m’exprimer mieux…Ma mémoire est sale, en thérapie, je me débarrasse difficilement de la crasse de mon adolescence, la nuit, S me brise en boucle.

Ce qui fait que les journées, je tremble à chaque toucher, à chaque porte qui claque, aux pas qui s’approchent ou s’éloignent. Les séances de kiné sont réduites autant que l’ergothérapeute.

Je m’en veux de reculer, me sent ridicule d’être faible. Je hai autant que je le demande, les regards compatissants, les paroles doudous de mes proches. Et là ? Pour revenir dans ce bureau, pourquoi en ai-je besoin ? Comme toujours, le seul point positif, est bien le fait de m’imposer, j’assume ma liberté de tout savoir, heureuse que tout le monde est là pour moi.

— Pourquoi pas eu avant ? Pourquoi avoir attendu ?

— Car, dès votre arrivée, on n’a mis un place un plan d’action. Celui de vous laisser évoluer durant trois mois sans faire de premier point. En effet, le faire dès les premiers jours n’ont rien vraiment changer, vous l’avez seule, le temps est mon meilleur allié. Mes collègues m’ont déjà fait part de votre manière de communiquer, votre mémoire.

— Peut, tu ?

….

— Vous tutoyer comme mes collègues ?

Elle acquiesce lentement. Ce soir, j’ai ma première réunion avec les autres. Mais, en lisant mes notes sur la communication, je surligne en rouge puis inscrit « Court pour le personnel, long d’après témoignages proches. À travailler »

— Bien, avant de démarrer les évaluations, sache qu’il n’y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. Il n’y as pas lieu de stresser. Dernière chose, si tu ne comprends pas la consigne, dis le moi, d’accord ?

— Oui.

— Tu es prête ?

….

Mon deuxième oui faible me font tordre les mains jusqu’à que je découvre le premier jeu. Elle dépose sur sa table, un paquet d’images.

— Dis moi les noms de chaque dessin.

— Une casserole, un ou, non un arbre. Une chaise, une montre, une pomme.

Elle ne dit rien mais je sens que j’ai bon.

— Je vais maintenant de dire quatre mots. Il me faut, si possible me les redire dans l’ordre. Vase, soleil, lit, zèbre.

Mes pensées m’emmène à me rappeler d’un vase qu’avait ma mère. Le soleil me fait du bien et…

— Soleil, centre, maman et sais-plus

Elle continue d’écrire sur l’ordinateur. J’ai perdu, je veux une deuxième chance, elle me l’offre :

— Vase, soleil, lit, zèbre.

— Vase. Lit, soleil et sais-plus.

— Feuille, stylo, verre, trousse.

— Trousse, stylo, feuille, verre.

— Ok. Il semble que les mots sont un point à améliorer. Pareil, deux séries de chiffres. Cinq, huit, onze, deux.

— Cinq, huit, onze, deux.

— Un, vingt, quarante, cent.

— Un, vingt, quarante, cent. C’est bon ?

— Oui, on va trouver pourquoi tu retiens plus facilement les chiffres que les mots.

— Mots à peur de moi.

….

Elle souligne une piste intéressante qui relie à ce que nous a fait par Andréa. Marta a dû apprendre à se taire par la force et associe sans doute encore maintenant, une peur à l’idée qu’on s’exprime, ou qu’elle le fasse. Une punition physique qu’elle redoute bien dans son traumatisme autant que la signification des mots.

La mémoire continue d’être altérée, malgré la mise en place récente de l’agenda où elle coche les dates. Cependant, elle se pense où en décembre, ou en juin. Sans compter, les dates cités en panique. En revanche, elle se situe très bien dans la salle, dans le centre.

Elle arrive également à se souvenir de son nom, prénom et âge. Ce dernier point elle me précise que ce sont ses proches qui lui rappelle par sa demande, sa date de naissance plus donc son âge.

Je décide de finir les tests par une compréhension d’une courte histoire ainsi que des exercices par mon ordination et papiers, sur la vision spatiale.

— Marta, il y a des points à renforcer, rien de dramatique. Rien d’irréversible, si tu es d’accord, je peux de donner une à deux séances par semaine.

— Je veux aller vite, mots courts pourtant.

— Prendre le temps est important pour consolider les acquis. On va aussi travailler sur les phrases plus longues, si tu es d’accord aussi.

— Oui, rien contre vous, c’est que je connais à nouveau plus mes proches. Andréa pense à une confiance difficile à accorder, peur des mots qui blessent ou qu’ils me font mal pour moins mal.

Elle fatigue assez rapidement. J’appelle Zoé pour qu’elle vienne la chercher, en attendant :

— Ta peur est légitime et ta volonté d’avancer est magnifique. On va te perdre de te retrouver. Je vais te laisser te reposer.

….

Je n’ai pas répondu. Zoé me ramène en chambre et à peine devant la tv, que je lui demande :

— La voisine de chambre voulait avec l’autre me parler je crois non ?

— Oui, ils souhaitent te rencontrer, j’ai dis que je t’en ai fais par. Tu veux essayer ou rester seule ?

— On m’a dit qu’ils sont là pour ancien culte ou, comme moi. Mais, trop choses à moi à régler, ils sortent ?

— Dans deux mois, ils étaient là en même temps. Tu veux que je reste aussi un peu ?

— Chocolat chaud me faire du bien.

Elle accepte et me le ramène avec une pomme pour mon goûter. Enfin tranquille devant un dessin animé, mon plateau libre, je m’abandonne en ne faisant pas gaffe à mon comportement. Enfin, au début. Celui de l’enfant quand je sers ensuite mes doudous ramener par ma sœur et mes parents, il y a quinze jours. Car parfois, je redeviens lucide, adulte, parfois non et ceux pendant de longues heures. Sauf, que je ne peux le stopper mais ai-je vraiment envie au fond ?