La voix de l'Ombre

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— Bonjour Marta, comment tu te sens aujourd’hui ?

Que lui répondre ? Mes cernes parlent pour moi. J’ai une perfusion en fauteuil car j’avais une baisse de force pour continuer à manger un peu normalement, même un peu de solide. Ma nuit fût passer entre peur, hurlement et larmes. Les mots de Roberto m’ont brisé, je ne peux réussir pour le moment, à l’aimer, faut déjà que j’y arrive pour moi-même.

— Je peux te parler de deux trucs ?

Elle acquiesce les mains sur son carnet posé sur son genoux. Moi, je tord les miens sous ma couverture.

— Mon état reste un peu enfant surtout le soir maintenant. Je parle mieux et le docteur m’a expliqué que c’était normal que je régresse. Mais, eu, en parlant de souvenirs, enfin, j’avais revu tant de fois les photos quand, Nicolas.

— Ton oncle ?

— Peu de moments je pensais avec lui quand je l’ai revu avec ma famille comme avant.

— Lors du dernier entretien, la semaine derrière, tu avais préfère parler de lui et de Sergio à la place de ton passé. Tu m’avais raconté que ton oncle, tu l’avais croisé que peu de fois. Par ce bons exercices de photos, sais-tu aussi donc pourquoi, tu n’aurais pas beaucoup vu ?

— Maman disait rien et puis, vu les images, je pense moins de dix fois mais avec, violence enfin je crois.

….

« Violence ». Elle le prononce avec plus d’émotion. Une colère maitrisée qui veut tout dire. Elle s’exprime en fait plus fluidement. Bien qu’elle se braque parfois concernant la venue du personnel ou des visites de sexe masculin, elle arrive à vouloir avancer, reprenant une capacité de reprise de contrôle.

— Tu veux développer ?

Elle me fixe et je note aussi ce long moment assez rare.

— Je crois qu’il avait abusé de moi enfant…quand j’aurais le courage de témoigner, je pourrais dire qu’il avait créé ce maudit cœur dont j’ai hâte de le changer. Surtout, avec Sergio, je pense me rappeler qu’il a pris de mon corps. Je mélange tout et pourtant, quelques photos enfant, me donne chaud….

— Il y a déjà énormément de nœuds à résoudre. Tu te sens de continuer à en parler et peut-être tester l’hypnose ? Cette méthode fonctionne bien dans ce genre de situation tout comme pour ceux récents.

— J’ai posé, je verrais plus tard. Je crois avoir mal sauf que c’est de Sergio en premier et je pense me souvenir du Présentier.

— Qui ?

Elle tremble un peu, ses mains sortent de leur cachette pour essuyer un peu de sueur. Automatiquement, je lui tends un verre d’eau préparé à l’avance. Je l’aide à s’hydrater et je connais d’avance sa réponse :

— Je ne suis pas folle ! J’ai…

— Marta, personne ne te considère comme ça. Tu es une victime avec un stress post-traumatique sévère. Il est normal que la mémoire soit défaillante, où tout se mélange. Tu es ici et tu en parles pour mettre les choses dans l’ordre. Tu es cru Marta.

….

Ma respiration ralentie, je garde pourtant le verre avec moi. Tel un bouclier pour un type vu une fois et qui pourtant me retourne le ventre.

— Je me rappelle avoir été les premiers jours de ma réussite pour être l’Elue, pris de la cocaïne par Sergio. Au début c’était pour fêter puis c’était devenu une aide pour m’éveiller. J’en prenais par réflexe et aussi pour m’en persuader. Si j’avais mal avant, là, pendant plusieurs jours, je me sentais, à ma place. J’avais une mission enfin plusieurs même ma sœur ne le pigeais pas quand elle s’était infiltré et…Enfin, un jour, j’étais en manque.

Elle note pas, c’est rare en cette quatrième séance ou sixième, je perds le présent et le passé récent. Pourtant, j’arrive à poser mes maux :

— La cave du Club, laisse, nue, tête baissé, habitude quoi.

Mots en vracs, je m’en formalise pas. Elle non plus, ça me soulage pour passé à la suite. Mes proches font pareil mais je pense que c’est pour ne pas plus me briser que ça.

— Je me rappel assez rarement de scènes en détail et pourtant…

Je lui raconte tout.

«

— Je suis l'élue Sergio... à quoi ça rime….

Je reçois un coup de fouet léger dans le dos. Mais sa voix reste toujours sèche.

— Tu as des droits et des devoirs. Après les tests, tu as beau être enfin L'élue, tu continues d'apprendre ton rôle. Tu as d'abord des missions personnelles avant celui de l'Absorption. Ne sourit pas et ne bouge pas ! Je vais te faire rencontrer un ami. Comme pour nous, tu parles uniquement par autorisation suis-je claire ma chérie ?

— Oui Maître….

— Maître, c’est très bien. Tu as bien intégrée ce petit jeux. Dans tous les cas, montre que tu es belle. Il arrive, tu auras tes doses après. Résiste, ne tremble pas, je sais que tu es en manque de cocaïne.

L’homme est à peine plus âge que mon oncle. On aurait des sosies dans leurs costumes, les yeux froids…Mais Nicolas à plus les joues creuses…devrais lui rendre service ? Je n’ose fixer Sergio, son fouet continue de tourner sur mon dos….

— Voici L'élue, Marta Rosalia. Enchanté, petite beauté digne d'une déesse. Je vois que tu es encore en apprentissage, voilà des années que ton oncle, ton maître ainsi que les membres attendent leur Elue pour eux. Je me présente, je suis le Présentier. Celui qui te permet de vivre ou qui va permettre de mourir. Tu vas vite m'oublier mais si tu travailles bien, on va sans doute se revoir. Merci pour la présentation Sergio. Parfait. »

— J’ai eu en récompense le droit de lui faire une fellation et eu ma dose de poudre… En fait, j’ai le sentiment quand c’est revenu d’un coup cette nuit, que ce type, est bizarre…Un ami de Sergio, j’aurais dû lui rendre services…Et puis, il a dit « Celui qui te permet de vivre ou qui va permettre de mourir. Tu vas vite m'oublier mais si tu travailles bien, on va sans doute se revoir ».

— Tu penses qu’il est lié à quelque chose de plus sombre ? Un réseau ?

— Le culte était déjà un réseau…je l’ai jamais revu. Mais Sergio aimait me faire faire des tests avant être l’Elue…des épreuves avant les épreuves.

— Tu te souviens desquels ?

— Un peu après le début de ma prostitution, un peu avant que je quitte de force l’école, presque chaque soir et week-end, c’était des jeux. Des jetons pour l’obéissance, la cage pour les punitions, des carnets à écrire, des jeux de miroirs…Parfois c’était trois mini jeux par jour….

….

— Tu veux aussi m’en parler ou arrêter pour aujourd’hui ? Je pense que le mieux c’est de te reposer, je peux demander à Louisa de te donner un somnifère à dose léger.

— Continuer encore un peu….

J’accepte et l’écoute dévoiler un peu son conditionnement. Nicolas et les suppositions d’abus sont mis de côté tout comme l’étranger. Si ce dernier revient, peut-être que ça intéresserais la justice.

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