Je passe mes derniers mois entourés des miens. Même Alvaro est là. Tout continue de sourie et j’écoute ma belle reine terminer sa prochaine enquête. Eva est resté en Sicile, elle aurait aimé partagé aussi les premiers indices. C’est avec milles images de toute mon existence que je souffle, ce qu’il l’a rebooste autant que les jumeaux qui jouent aux cubes au pied de mon lit avec Luna.

— Fouille la vie de ce Gardien sur le net, s’il avait terrer des cartons dans une base au Château, il a forcément une autre base pas loin même de votre fugue ce soir-là. Cherche aussi à comparer le témoin avec lui. Si Emilia était une des enfants d’un centre d’endoctrinement, quand je parle de base, c’est que ça devait pas être loin. Tu avais parlé de sorties scolaires avec d’autres classes, ça a dû être simuler pour l’une d’elle.

— Tu es exceptionnel mon ange. Je voudrais rester seule avec lui, on se retrouve dehors ?

— Bien sûr ma sœur et puis, les petits ne doivent pas trop rester sur place de longues heures, on embrasse papa ?

Papa, je ne suis pas leur père, ils me considèrent comme ça. Je n’ose pas imaginer ce terrible moment où ils ne pourront gratter ma barbe, me peinturer de feutre…Je l’ai au connu peu de temps, c’est déjà une éternité. Marta sort un carnet pour me le donner.

— Je ne sais pas ce que tu voudras comme hommage. Alors, avec ce qu’il me reste, j’ai écris plusieurs textes. J’hésite même à reprendre seule, un super concert avec nos anciens amis. D’ailleurs, je me suis excusé de ces années de coupures. Et puis, même dans mes doutes, quand je pose Luna à la psy, elle en a besoin, gardant des cauchemars, bref, je redanse par des cours.

— Ma belle, j’ai toute confiance pour ça. En parlant de notre princesse, tu sais, elle refuse que tu fasses un acte désespéré pour moi. Tu compterais abandonnée tes enfants pour moi ? Si j’étais à ta place, je ne l’aurais pas fait.

— J’ai cru me rappeler du toit, tu avais dit que tu me suivrais…

Je me redresse et la force à me regarder. Elle s’agrippe à mon bras droit, j’ai mal pour elle. J’accompagne sa peine par des baisers partout où je peux accéder et partout où elle se rapproche.

— Tu pensais ne plus mériter la vie ce soir-là. Tu as traversé des épreuves terribles et c’est moi, qui comme un con, avait accepté de fumer avec Alvaro. Me voilant puni à cause de dose moindre que même ta sœur jalouse quand même. Je taquine mais, j’ai mûri. Luna a radoter ces chansons en boucle. Oui, non, mort, je le suis ? Oui, non…Tu sais, avant elle, il avait moi, avant moi, il y avait tes ex et ton amie. Je pense que va reproduire le schéma de la moule à son rocher.

— De la moule à son rocher ?

— Je t’aime Marta, je t’aimerais à jamais. Mais avec cette image, je tiens juste à mettre en lumière, que quand tu as perdu quelqu’un, tu agis en si peu de temps pour le rejoindre. Depuis ton enfance, malgré la rigueur de tes parents et leurs amours présents, tu as manqué d’affection une fois Adela partit. Elle est une modèle pour toi. Une idole. Elle est parti à un âge où on continue de se construire.

— J’ai besoin de toi. Tu es mon Univers. Sans toi, au centre, maigre, avec une machine que personne n’a pigé, avec les ombres et les montagnes à franchir pour marcher, manger, parler correctement et j’en passe…enfin, ok, j’aurais eu ma famille. J’ai peu voir rien de l’école, un vague ex petit copain et puis toi.

— Tu n’es pas seule et le sera jamais. Ta sœur est là, nos enfants, Alvaro et même tes parents ayant perdu la boule mais à jamais plein de tendresse. Sans doute que tu auras une dernière pensée avant de sauter mais essaye juste de tenir, le plus longtemps possible.

— Alors tu veux quoi pour ton enterrement ? Tu as encore des fans qui écoutent tes tubes.

— Tu sais bien que maintenant, on a toujours voulu du privé, de la sobriété. Tu veux donc que je le lise et choisisse ?

….

— Ouai et crois-moi, je ferais au mieux. Je te dois te laisser, j’ai le rendez-vous pour le jumeaux.

— Chez le pédiatre ? Tu devrais insister pour savoir pourquoi Manuel ne parle beaucoup, il nous entend pourtant.

— Il manquerais plus qu’on apprenne une autre mauvaise nouvelle. Sinon, tu crois vraiment à ton truc de base et du Gardien qui était là en témoin ?

— Tu y tiens à chaque fois de remettre le couteau dans la plaie de ton passé ?

— Eva en à besoin et je dois rendre hommage à Emilia. Ta présence me manques mon cœur, je trouve cela injuste qu’après tout les tests, rien n’a duré…Tu es chauve, ça me rappel des souvenirs. Tu es maigre et donc je me vois en toi. En tout cas, si tu souris, si je tiens encore un peu, c’est grâce à toi. Tu nous a rappeler de vivre le jour comme une fête si le lendemain mourrait.

— J’aimerais partager ta couche une dernière fois.

Ses mots chuchoter me fait glousser.

— Moi aussi.

Après un ultime baiser, je passe au toilette pour un brin de toilette et remettre correctement ma prothèse mécanique autant esthétique. Finalement, après des exercices réguliers, je m’y habitue tout comme ces rendez-vous ici. Il fallu du temps pour lui en parler, ayant peur qu’il cherche à m’arrêter. Et là, il a une piste commune avec Eva.

Phill Edwood de son vrai nom est selon ce qu’on a trouvé de lui, un homme sans trace. Il a eu plusieurs noms, jamais d’adresse. Mise à part, une mention dans une ancienne maison de correction : Institut Correctionnel de Valnégral situé dans la Sierra de Guadarrama.

Ma mère m’avait parlé de ce lieu où était Nicolas. Luna avait six mois et j’avais le besoin de refaire un point en écrivant tout ce qu’elle savait de son grand frère, pourquoi elle l’aimait malgré sa froideur et d’autres questions.

— Maman ? On va être en retard, ça va ?

— Oui, juste que je pense qu’il faut aller à la racine. Je te confierais les petits avec Adela, on ira avec Eva, faut qu’elle prenne le prochain vol assez rapidement, bref on ira dans les ruines de l’ancienne maison de correction de mon oncle. Il y était sans doute en même temps que ce type. Appelons juste comme ça.

— C’est loin ? Tu sais, il doit plus rien restée.

— Environ deux heures.

En ressortant, Roberto s’est déjà rendormi, le carnet dans ses bras. Luna me contraint à partir enfin. Adela s’en va superviser un spectacle à l’école et Alvaro s’est proposé de nous accompagner, n’ayant aucune commande pour ses instruments ni pour des leçons dont il s’est proposé pour diversifier les revenus.

Finalement, le pédiatre se montre rassurant sur Manuel, c’est bien trop tôt pour conclure quoi que soit d’handicapant. L’important, c’est de commencer à créer du lien avec chacun d’eux autant que tous les deux.

— Maman, Andréa m’a parlé d’hypnose pour gérer mes dernières angoisses. Tu sais que c’est quand je rentre des cours que j’ai peur que des membres formatent toujours une mauvaise intention, même Léo, le pauvre, je l’accuse avec ma parano ! Bref, elle m’a raconté que tu en avais fait, tu te rappel des effets ? C’était bien ?

Elle est venue me voir après que j’ai couché ses frères. Un moment de temps suspendu avec mon infusion et mon carnet à remplir pour mes propres suivis globaux de ma santé, dans le salon.

Je prends sa douce main, celle qui a bien grandit. Ma fille est finalement bien différente de moi dans la gestion de ses émotions, de ses passions, de sa vie. Je voulais absolument pas le contraire.

— Chacun est plus ou moins sensible. Oui, ça a marché pour moi, j’en prend parfois des séances. Mais en vérité, celle qui va à jamais m’apaiser, c’est la danse. Enfin, j’aimerais rechanter, redanser. Tu savais que j’avais un groupe avant en amateur ? On a tout filmé à l’école, je crois avant ta naissance. J’ai promis de chanter au moins une chance pour ton père à l’enterrement. Je sais que tu as finalement reculé avec Adela pour ton choix de savoir danser mais, tu voudrais m’aider ? Je serais seule ou presque sur ma propre scène.

— Maman ! Papa me l’a déjà évoqué mais je ne suis pas allé plus loin ! Je n'osais pas te demander si je pouvais écouter même Alvaro m’a dit d’attendre ton avis. Tu m’as donné naissance, sauver la vie et je me dois te rendre autant de cadeau que possibles !

Je ne sais plus quoi répondre et elle m’enlace pour m’accueillir en larme. Luna, ma lune, elle veillera à jamais pour qui en a besoin.