La promesse
— Ma belle, concentre toi sur notre enfant. Ça va servir à quoi de chercher si ton oncle en est vraiment responsable ?
Le dîner reste tendu. Marta n’a pas touché à son repas qui refroidi alors que son esprit est épuisé d’avoir à nouveau tenter de convaincre Roberto. Elle avait préfère attendre mon retour pour affirmer son projet. Avec recul, je suis d’accord avec lui. Pourtant, elle me regarde parfois pour espérer un maigre soutient.
— Je t’avais promis de fouiller hors, il a raison. Remué le passé n’est jamais bon.
— J’ai des morceaux à recoller. Aucune envie de rentrer dans la cage en laisse. Je décide, pour eux. Si c’est pas lui, au moins, j’aurais la vérité !
Un court échange avec Roberto, il soupire avant de prendre son poignet gauche et de se pencher :
— Ok, tant que tu n’es pas seule. On contacte l’avocate ? C’est quoi ta démarche ?
— Trop long. Moi, écrire une lettre à mon oncle. Maintenant.
Elle s’en va dans le bureau. On termine le repas dans le silence avant de ranger. Marta reviendra dans le salon pour nous donner la lettre :
— Lisez, je vais prendre un bain. Besoin puis dodo.
— Tu veux qu’on le dépose demain du coup ?
— Oui mon cœur. Plus jamais de laisse Sergio, plus jamais à toi.
Elle marmonne ces derniers mots plusieurs fois durant son trajet.
— Elle revoit ce type tu sais. Le nombre de fois qu’elle me raconte ses jeux sadiques pour la conditionner. Heureusement, elle ne veut pas stopper ses thérapies. Bon, passons à son oncle. Tu veux lire ou je le fais ?
— Vas-y.
….
— « Mon cher tonton si doux, si froid. Tu sais, on m’a conté le nombre de victimes mineurs. Tu en avais avoué tant et rien regretté. Sergio m’a raconté que tu l’as recruté pour éloigner Adela de moi, de nos parents. Si tu l’avais calculé, si tu as pu user de pauvres gamins pour tes fantasmes en commun avec Sergio et le Présentier, tu avais sans doute éliminé mon amie Anna, Eva, ma mémoire n’a retenu que son sourire, son énergie. Sans oublier, Axel, lors d’émeutes, disparue. Je veux ta voix, ta vérité. Tu n’as rien à perdre, que de me libérée »
Ses mots sont puissants, elle a tout résumé. J’ai bon espoir qu’il lui réponde pour vite penser à l’enfant à naître.
— Tu veux rajouter quelque chose ?
— Une cigarette ?
— Navré, je ne fume pas.
— Tant mis, ça rend accros.
— Moi, c’est elle.
— Au fait, on ne se connait pas vraiment bien toi et moi. J’aimerais savoir ce qui t’a attiré chez elle ? Promis, on parlera de toi aussi.
— Une bière ?
— Une bière.
Il s’en va dans le jardin sur les transats et j’accepte de goûter à ma première fumée. On se marre, on trinque avant que je réponde.
— Elle n’a jamais changé. C’était elle, le premier pas, la grâce, la douceur, la rebelle, la fragile et l’imprévisible.
— J’adore son corps même après tant souffrance.
— Sans rentrer dans son intimité, elle a eu quoi ? Le procès avait mentionné tellement de preuves que mon esprit c’est concentré uniquement sur Marta.
— Et bien….
….
Il cherche ses mots en caressant sa barbe. J’en suis un peu jaloux à vrai dire, moi, elle ne reste pas si épaisse…
— Je vais me baigner. Brûler la lettre, je suis chiante, je sais, je suis malade, handicapé mais je veux vivre. Pour eux.
La première fois que je la vois debout sans soutient. Elle tâtonne pas à pas sur la terrasse en bois. Un deux pièces dévoilant sur ses marques de tortures. De là, je vois sa maigreur qui dénote avec quelques clichés prises quand elle était à l’école des Arts de la Scènes.
Roberto reste bouche bée avant de se lever pour la soutenir sauf qu’elle le repousse un peu violemment. Il ne s’en offusque pas et elle continue son chemin sans nous prendre en compte.
— Si longtemps qu’elle ne l’a pas fait.
— C’est-à-dire ?
— Depuis la date du procès.
— Elle pèse combien ?
— Quarante-cinq, elle se maintient à son poids idéal. Trente-deux quand on l’a sauvé. J’allais vraiment te répondre sauf que je suppose que tu as vu ses tatouages marquées ?
— Ouai et surtout, j’ai cru voir une scarification.
Il se rassoit et me détaille l’année en soin. Les essaies, les crises, les aveux, les besoins et la façon surtout dont lui, à dû se réinventer. Lui qui a tant évoluer, lui qui voulait se battre pour la sauver de l’emprise de Sergio, il a pour la première fois, écouter Adela.
Adela, la sœur de Marta. Cette dernière m’avait un peu parlé d’elle sans plus. Adela qui avait connu Sergio, elle qui allait se mouiller pour tenter l’impossible en quelques mois. Puis une amie, Silvia, avait pris aussi les devants face à un échec.
Un commando, un autre échec. Et lui, s’est refermé, lui est resté amoureux, fidèle et savez qu’il pouvait redonner la flamme, la passion à Marta. Il ne lui en jamais voulu et fût heureux quand elle l’avait supplier de lui rappeler le vrai amour.
Marta entre mes gorgés de bières, nage avec grâce, plonge sa crinière et ressort, t-elle une dauphine pour masser son ventre plat. On est deux mecs ayant finalement connu la même femme dans toutes ses facettes.
On se promet de toujours la protéger. Elle s’est battu, trop durant toutes ses années. Aujourd’hui, elle est une nouvelle femme. Bientôt mère, bientôt mariée. Son nouveau cœur doit battre tranquillement pour le bébé.
Elle demande un soutient, à finalement décider de ne plus continuer avec l’éducateur, n’a plus besoin de kiné et les thérapies vont se tarir. On le sait tous, que la meilleure solution pour l’accompagner, c’est justement de ne plus jamais l’abandonner. Faut continuer à la croire, continuer à l’encourager, continuer à l’aimer. On va continuer à forger des bulles de souvenirs pour tapisser les anciens. Son enfant verra une superbe mère, une vrai héroïne.
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