Chapitre 14 : Amande amère

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Rosa embrassait le chef, assise à califourchon leur sexe se frottant l'un contre l'autre. Elle ne savait pas si elle devait avouer à Marc qu'elle était vierge. Il se moquerait d'elle surement. Pourtant, elle avait tellement confiance en lui et il était si honnête et intègre qu'il lui en voudrait si elle ne le lui disait pas. Elle mit fin à leur baiser, reprenant son souffle elle posa son front contre celui du chef et lui souffla :

- Je... je ne l'ai jamais fait... je n'ai jamais couché avec un homme.

Marc se raidit soudain. Il chercha son regard et sembla chercher une réponse dans ses prunelles. Puis, toujours sans rien dire, il prit une décision. Il l'embrassa encore une fois, plus doucement. Rosa y ressentait moins la passion, juste de la tendresse. Elle s'alarma soudain, il ne voulait plus d'elle. La voyant s'agiter, il la serra dans ses bras :

- Chut ma belle. Je ne veux pas te prendre ta virginité comme ça. On a bu tous les deux, et tu mérites mieux qu'un vieux canapé dans un bureau.

Elle essaya de se défaire de son emprise. Non, elle le voulait, elle avait pris sa décision, c'était lui qu'elle voulait.

- Marc, s'il te plaît.

- Tu me remercieras plus tard Rosa. C'est trop important pour que l'on fasse ça comme ça. Je refuse de prendre ton hymen alors que tu l'as gardé jusque-là intact.

Il ne comprenait pas, non ce n'était pas ça... Elle se mit à pleurer. Il faudrait qu'elle lui explique, qu'il comprenne pourquoi elle était toujours vierge... Mais ils n'avaient pas le temps, le lendemain il partait. Marc prit les pleurs de Rosa pour de la honte. Il la rassura, elle était parfaite, il avait très envie d'elle mais pas comme ça. Le jeune cheffe se releva, et réajusta ses vêtements et sa coiffure avant de déclarer :

- Je comprends, ce n'est pas grave. Fais un bon voyage Marc, profite de cette belle expérience. On s'appelle ok ?

Elle se força à sourire et avant qu'il n'ait pu la retenir, elle avait disparu. Marc était tout à coup complètement dégrisé. Il n'en revenait pas qu'elle n'ait pas eu de rapport sexuel. Bon elle était encore jeune, mais bien plus âgée que la moyenne d'âge des premières fois. Et puis elle était vraiment belle, elle semblait assez sûre d'elle et confiante. Rien ne le laissait imaginer qu'elle puisse être vierge. Bien que son départ soit abrupt, il se disait qu'il avait pris la bonne décision. Il s'en serait voulu s'il avait poursuivi dans ces circonstances.

Il était trois heures du matin lorsque Rosa rentra chez elle. Elle s'écroula littéralement contre la porte de son appartement. Les mains sur le visage, elle revivait encore et encore la scène qui s'était déroulée un peu plus tôt. Il avait dit qu'elle le remercierait plus tard, elle voulait bien le croire mais pour le moment elle s'en voulait, Marc devait s'imaginer des tas de scénarii. Alors que la réalité était tout autre. Sa virginité avait été mise aux enchères alors qu'elle n'avait pas seize ans. Comment expliquer au chef qu'elle avait craint que chaque homme qui tentait de la séduire soit celui qui avait remporté la mise. Surtout les hommes plus âgés qui lorgnaient sur elle lors des soirées où elle travaillait en extra. Elle ne pouvait pas, elle n'était pas prête à s'ouvrir aux hommes. Et puis il y avait eu cette soirée, où tout avait basculé.

Seb avait réussi, elle ne savait comment, à savoir où elle travaillait. Elle aurait dû rentrer avec une collègue mais celle-ci avait dû partir plus tôt. Le traiteur venait de lui donner son salaire, c'était un bon contrat, elle aurait de quoi voir venir. Elle s'était bien emmitouflée dans son écharpe et s'était préparée mentalement à parcourir les trois kilomètres qui la séparaient de son logement. Elle n'avait pas fait dix pas, qu'elle le vit. Le regard toujours aussi vicieux, encore plus pervers peut-être aussi. Elle était plus âgée maintenant, il pouvait la regarder comme une femme sans que ce soit puni par la loi. Elle essaya de l'ignorer, de passer à côté sans s'arrêter. Mais il l'attrapa par le coude.

- Où vas-tu comme ça Rosa ? Tu pourrais au moins dire bonjour. On est presque de la famille je te rappelle.

- Laisse-moi. Tu n'es rien, avait-elle craché entre ses dents.

- Tu sais que tu nous as bien foutu dans la merde. Luigi est sur les dents.

- J'en ai rien à faire, ça ne me concerne pas.

- En effet, je me fous de ce que tu penses. Tout ce que je veux c'est que tu écartes bien gentiment les cuisses pour le connard qui a claqué un paquet de fric pour ton joli p'tit cul de vierge.

- Lâche-moi. c'est non.

- Putain, tu ne me laisses pas le choix.

Elle avait senti une piqûre sur son bras. Elle se débattit plus fort, et contre toute attente, il la lâcha. Elle faillit tomber, mais se reprit et se mit à courir tant qu'elle put. Malheureusement elle se sentit défaillir et s'écroula quelques mètres plus loin. Elle ne sut jamais ce qu'il s'était passé ensuite, elle supposa qu'il l'avait montée dans la voiture et embarquée jusqu'à cet hôtel sordide où elle s'était réveillée le lendemain avec une affreuse douleur au crâne et la bouche pâteuse. Elle mit un peu de temps à se souvenir des raisons pour lesquelles elle se trouvait dans ce lieu inconnu. Elle fut rassurée de voir quelle portait encore tous ses vêtements. Elle se leva doucement et essaya de trouver une issue de secours. Elle était au cinquième étage, la fenêtre était condamnée, celle de la salle de bain comportait des barreaux. La porte de la chambre refusait de s'ouvrir.

Elle perdit son sang-froid quand elle comprit que cette fois elle ne pourrait pas y échapper. Elle allait être violée. Des larmes coulaient en silence sur ses joues. Après un certain temps, une froide détermination eut raison de ses larmes. Elle n'avait pas fait tout ce chemin pour abandonner. La situation semblait certes désespérée, mais rien n'était perdu, elle était toujours en forme, lucide et sauve. Elle fouilla ses poches, cherchant son téléphone. Son sac avait disparu, mais elle avait pris l'habitude de ne pas mettre son téléphone dedans. Dans les replis de la doublure de son manteau, elle sentit l'objet en question. Elle souffla un bon coup. Tout n'était pas perdu. Ce revirement fut de courte durée quand elle vit l'appareil s'éteindre, à court de batterie. Elle avait juste eu le temps de voir l'heure : 10h32. Elle se leva alla se rafraîchir, elle avait envie de hurler mais elle ne voulait pas attirer l'attention de ses ravisseurs. Elle ne doutait pas que Seb agissait pour le compte de Luigi, ce proxénète vicieux et cupide.

Elle se regarda dans le miroir et essaya de trouver une solution. Elle était seule sans moyen de défense. Le temps lui parut long et pourtant, elle n'était pas prête quand Seb entra dans la chambre, accompagné de Luigi.

- Ah ! je vois que tu es réveillée. Comment vas-tu Rosa ? Tu sais que tu as mis ma patience à rude épreuve.

Rosa ne répondit pas, elle préférait ignorer les deux porcs qui la regardaient.

- Réponds Rosa.

Seb venait de lui attraper le menton pour lui relever les yeux.

- Laissez-moi.

- Ah ça ma jolie, ce n'est pas possible. Le vainqueur de l'enchère t'attend ce soir. Il compte bien profiter de ton petit corps de pucelle. Tu vas nous suivre sans faire d'histoire, je n'ai pas envie d'abîmer ton joli minois. On va aussi te trouver une tenue un peu plus sexy.

Elle s'était dit qu'elle aurait sa chance en sortant de l'hôtel, elle les avait donc suivis sans faire d'histoire. Mais quand elle avait voulu piquer un sprint pour se défaire de leur emprise, Luigi l'avait agrippée par les cheveux et fait basculer en arrière.

- Si je dois te traîner par les cheveux, te droguer ou te battre, il n'y a pas de souci. J'en serais même ravi. Cela fait des mois que tu me tapes sur les nerfs et je serais heureux de me défouler. Mais je crains que ce ne soit douloureux pour toi. Alors tiens-toi tranquille ! Compris ?

Elle sanglota et suivit les deux hommes. Le proxénète la tenait par les cheveux, comme on tient un chien en laisse. Elle se faisait la promesse de se couper les cheveux à la garçonne dès qu'elle serait libre. Ils la menèrent à la périphérie de la ville, dans une grande demeure qui aurait été charmante, si elle n'avait été le lieu du sacrifice de Rosa. Elle fut conduite dans une chambre, les issues ayant été condamnées cette fois encore. Elle en savait s'il s'agissait de l'hôtel de passe de Luigi ou de la demeure du pervers qui avait payé pour son hymen. Elle ne fit pas attention à l'intérieur de la pièce. Elle avisa de la nourriture, elle avait vraiment très faim. Elle craignait d'être droguée, alors elle ne but que l'eau du robinet et mangea la pomme et le pain. Ils pouvaient aussi avoir été empoisonnés, mais selon elle, c'était ce qui comportait le moins de risque.

Seb revint un peu plus tard. Il regarda son plateau et lui dit qu'elle était bien sotte de ne pas avoir mangé, que c'était du gâchis. Elle ne fit aucun commentaire. Il déposa sur le lit des vêtements et une paire de talons hauts.

- Prépare-toi. Prends une douche, tu pus la transpiration. Tu trouveras ce qu'il faut dans la salle de bain. Si tu ne le fais pas je m'en charge. C'est compris ?

Il se la jouait à la Luigi, rasséréné surement d'avoir mis la main sur Rosa.

- Ça se passera où ?

- Ben ici, tu crois qu'on va te balader de chambre en chambre peut-être. Putain, on dirait que tu es aussi conne que ta putain de mère.

Rosa se crispa à la mention de sa mère. Elle ne l'avait plus contactée après la signature au tribunal pour son émancipation. Parfois, elle se disait qu'elle devrait prendre soin de sa seule famille. Mais quand elle se souvenait de comment sa mère s'occupait d'elle, elle oubliait bien vite, se rappelant qu'elle n'était pas une fille ingrate.

Il ne lui restait plus qu'à se préparer à aller à l'échafaud en talons hauts qui plus est. Elle se regarda dans le miroir et se fit la promesse de ne jamais baisser les bras.

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