Canary Bay.

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J'ai pris la mer, il y a bientôt deux ans. Je sais où je veux aller, mais je ne sais pas où c'est précisement. Personne ne me répond quand je demande, lors de mes escalles pour le ravitaillement. Aujourd'hui, les flots sont agités et des nuages noirs s'ammoncellent. Ça ne sent pas bon, quelque chose comme une tempête. Les nuages arrivent très vite, et je reconnais un ouragan. Je rassemble mes affaires dans ma cabine et barricade les ublots, pour ne pas qu'ils cassent et que l'eau rentre. Je mets des stabilisateurs, pour ne pas chavirer. Dans ce monde, être homosexuelle, n'est pas simple pour tout le monde ; il y a ceux qui acceptent et qui soutienent et il y a les autre, ceux qui dénignent. Je suis tombée sur quelques gens sympas et des filles que j'aimais, mais inaccessibles... Ainsi, je recherche ce lieu secret où les filles vivent entre elles. Et je navigue toujours plus loin, le plus isolé possible.

C'est un cap que je passe, celui de l'ouragan. Après, je serais au bout des mers, le plus loin de tout. L'ouragan m'est passé dessus, et maintenant j'écope le pont principal. L'océan à retrouvé son éclat saphir sous le soleil. Tout est redevenu calme. C'est si beau, en cet instant, je profite du voyage et de la vue. Un point noir se dresse à l'horizon, et d'autres apparaissent aussi. Suis-je près du but ? Cela est-il des épreuves ? Petit a petit, je continue d'avancer et m'apperçois que ce sont des bâteaux. Ils sont foncés, abîmés, tristes. Je frissonne de peur ; ce sont des vaisseaux fantômes. Ils sont là pour protéger la mer, autour de la Baie. Leurs canons se braquent sur moi, j'aimerais dire quelque chose, expliquer que je suis l'une des leurs mais personne n'est là pour m'écouter. Etrangement, je n'ai pas peur, plutôt confiante. Oui, j'ai confiance en moi, ils ne me feront rien, je le sens. Peut-être que ce sont les bateaux de toutes celles qui sont venues...

La nuit arrive et je m'enferme dans ma cabine pour me reposer ; après tout, n'ais-je pas survécu à un ouragan et des bateaux fantômes ?

C'est la fin de la matinée lorsque je m'éveille, ce qui est rare. Le soleil est haut dans le ciel et m'éblouit. Avec les mains en visière, je vois un relief plus loin. Une sorte d'île... Je cours chercher mes jumelles et reviens à mon poste. Oui, c'est bien une île. Au premier abord, il y a des rochers immenses, renforcés par des remparts. Je crains un instant d'être proche d'une de ces îles où des peuples aborigènes détestent les étrangers et refusent tout communication avec le monde exterieur, surtout losque je remarque de drôles de pyramides sur les fortifications. Je remonte ma vue vers le haut de l'île, couverte de forêts pour le reste.

La mer et les courants marins me portent vers l'île et je ne peux pas faire demi-tour. Je sens l'excitation monter en moi, j'espère très fort d'avoir trouvé le bon endroit. Des mouettes et des goélans me survolent, intrigués. Je suis près de la côte. A mesure que j'approchais, ballotée par les embruns, j'apperçut une permière silhouette, puis deux, dix et plus d'une centaine. Rien que des filles, vêtues d'une jupe courte et d'un débardeur très court. Elles se tenaient souvent à deux par la main, comme en couple. Les plus éloignées s'embrassaient. Un écho venant d'une grotte cachées parmis des rocher m'appris que deux filles étaient en pleine extase. Un sourire étira mes lèvres asséchées par le sel de la mer, apporté par le vent. J'y étais, à Canary Bay. Une rousse aux yeux verts, habillée de violet, s'appocha.

— Quel est ton nom ?

— Déborah. Et toi ?

— Alice.

Hmm, elle est tellement belle et son prénom est sensuel. Je sens mes joues rosir. Quatres femmes grimpent dans mon bateau pour récuperer des affaires. Peu importe, cela ne me m'appartient plus.

— Je vais te faire visiter, et je te présenterais.

— Super !

Avant de partir, j'enfile un short et un débardeur. C'était magique. Tout était coordonné, parfait. Mon bateau disparut mais je ne m'en inquiétais pas, je n'avais pas envie de repartir. Tout un groupe préparait une fête ou un rassemblement pour le soir. Alice me dit que ce sera une surprise. Elle m'emena dans sa cabane, pour faire plus ample connaissance. Nous parlons de nous, et elle fini par me dire qu'elle m'avait longtemps attendue et je lui répondis que moi aussi. Avec une certaine douceur, je me jetais sur elle pour l'embrasser, ça faisait si longtemps que je n'avais pas serré une fille dans mes bras... Ses lèvres sont incoyablement douces... L'après midi et la soirée sont arrivés très vite. Elle m'a emmené sur la plage, ou j'ai regardé le ressac des vagues en pensant à mon ancienne vie, ça me semblait si loin... Le soleil couchant semblait enflammer l'eau et la colorait de rouge et d'or. Un spectacle magnifique et aussi magique que cet endroit. J'appuya ma tête sur l'épaule de ma compagne et l'on resta assises dans un mélange de sable, de galets et de rochers. Puis, lorsque la lune fit son apparition devant mes yeux, d'autres couples se rassemblèrent sur la plage. Des bougies furent allumées de partout et des lampions furent suspendus aux rochers. Alice me pris la main et me fit danser, les pieds dans les écumes. Je ne voyais qu'Alice, mais autour de moi, tout le monde faisait pareil. Certaines allaient même plus loin, pour plus d'intimité. Sur chaque plage de la baie, des femmes dansaient, s'embrassaient et s'amusaient. Personne ne pouvait nous déranger, personne ne pouvait venir et ça me convenait. On étaient protégées, armée et l'on vivait, c'était tout. C'était tout mais c'était suffisant. Se baigner, manger, dormir, se toucher, s'embrasser, aller en forêt ; vivre. Et c'était tout ce qu'il me fallait.

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