5 - Nancy -Mercredi PM

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Ouch, mon ventre. La douleur me scie en deux.

Je parviens juste à me retenir au bureau d’un collègue avant de tomber. Put***, j’espère que cela va se calmer. Si je commence mon service de cette manière, je ne vais pas pouvoir tenir toute la nuit !

Ma mauvaise semaine arrive et je vais encore déguster ! C’est l’affaire de deux ou trois jours mais, durant ce temps, il ne faut pas me faire chi*** inutilement ! J’ai surligné en rose – parce que je n’avais pas de rouge – le calendrier du bureau pour indiquer les trois jours où il ne faut pas m’adresser la parole. Je l’ai affiché à la vue de tous afin qu’ils sachent les jours sans sourires et avec coups de gueule garantis ! Ils ont vite compris leurs malheurs ces moments-là. Ils gardent leurs réflexions à la con lorsqu’ils voient ma tête à ces dates !

Le seul avantage à mon indisposition menstruelle que j’aie pu trouver, c’est que je suis hyper régulière. Je peux indiquer « l'arrivée des Anglais » pour les mois prochains. Sans aucune erreur !

Et pourtant aujourd’hui, cela fait mal ! Et ce n’est prévu que dans quatre jours !

J’espère que Master va me laisser en paix. Lui aussi est informé de mon calendrier personnel. Et pas qu’un peu qu’il est au courant, puisqu’il est même le second concerné par la chose !

À son propos, il m’avait contactée la semaine passée. J’avais reçu pour instruction de préparer le studio du centre-ville pour une occupation d’une dizaine de jours. En plus, hier, je devais me rendre à l’aéroport pour transmettre à un certain Bruno Tournay une enveloppe. Celle-ci devant m’être remise, par porteur à l’entrée de l’aéroport, une heure auparavant ; comme les fois précédentes. Un cloisonnement assez utile à ce type d’affaires. Ainsi, personne n’est totalement impliqué, tout le monde est complice…

Cela fait très James Bond et me procure, à chaque fois, un petit frisson loin d’être désagréable. C’est le sixième ou septième contact que je réalise de cette manière. De la pure adrénaline me coule dans les veines en ces moments.

J’ai eu ma période Bad Girl et j'ai fait quelques bêtises avec la bande de copains. Manière de dire, car on ne faisait pas que cela… Et quand je dis Bad Girl, je devrais préciser : Very Bad Girl ! Pas du lourd comme dérapages, mais, les gars et moi, on s’est pris le décor et tout ce qui va avec… Avec comme conséquences principales, quelques écritures, sur plusieurs lignes, dans mon casier judiciaire. Le tout, gravé suffisamment fort – et en lettres capitales – pour m’empêcher de travailler dans les administrations et dans bien d’autres jobs encore ; comme une tache indélébile sur un futur professionnel dont le gris serait la couleur dominante.

Et puis, cet homme à la voix posée et au maintien très « british » m’a contactée. Il m’a proposé un marché un peu particulier. En échange d’un nettoyage de mon ardoise, je devrais m’acquitter de petites choses garanties sans drogues ni violences… Une sorte de "Sugar Daddy" ou "Parrain" version outre-manche, en somme ; mon Corleone à moi. En conclusion de la communication, il m'a dit de l’appeler Master tout simplement…

Je n’ai pas fait la fine bouche. Surtout que les autres gus du gang, pour sauver leurs misérables peaux, m’avaient bien chargée. Si la « bonne poire » – à l'époque – était mûre pour les "keufs", je n'étais quand même pas blette à ce point ! Trop contente de me dégager de là, je les ai abandonnés à leurs sorts. J’ai accepté cette proposition, me disant pouvoir toujours me dégager sans soucis et de là par après.

Cinq ans que cela dure. Je n’ai encore rien refusé. Et je ne compte pas le faire car c’est trop bien payé et facile.

Il s'agit vraiment d'un tarif royal et d'un job pas dur à réaliser ; de petites livraisons ou retraits à effectuer, rien de pénible ou dangereux à priori.

Par la suite, il m’a demandé de postuler à la Police. Quelle ironie lorsque l’on connaît le ruisseau d’où je suis sortie. Mais mon passif judiciaire étant effacé, mon passé est devenu vierge.

Moi par contre, c’est autre chose…

Master le sait bien puisque je suis passée entre ses mains. C’est histoire de faire un raccourci parce qu’en réalité, je ne connais pas – et ne veux pas le savoir – le nombre de mains qui se sont posées sur moi. Certaines étaient douces, d’autres brutales. J’ai connu du masculin et du féminin ; ces dernières n’étaient pas les plus douces…

Ce qui s’est passé, c’est qu’après plus d’un an de petites missions, il m’a demandé si j'accepterais un travail encore mieux rémunéré. Il s’agissait de participer à certaines parties fines en version plus classe voire « select ». Plus qu’une simple participation, puisque j’étais parfois la surprise de la soirée, l’unique attraction… De plus en plus souvent, d’ailleurs. Mais il m’a toujours laissé le choix.

Cela ne me déplaît pas. Mon corps et moi avons une bonne relation d’équipe. Je le protège et il ne me casse pas la tête avec des émotions et autres sentiments ! En échange du soin que j’en ai, il m’apporte endorphine, dopamine, ocytocine, sérotonine et autres hormones. Sans prise de tête ultérieure ! Je baise sans sentiment ; que de l'hygiène. Et j'adore cela.

D’ailleurs, rien qu’à l’évocation de certains moments passés, je vous avoue un certain trouble et de sérieuses envies… Comme celles que j'ai éprouvées hier.

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À l’aéroport, j’ai eu un choc. Non pas que l’enveloppe était trop lourde, mais le Bruno à qui je devais la remettre, n’était pas commun.

Son regard m’a frappé lorsqu’il s’est avancé vers moi. J’en ai frémi de partout. Une bouffée de chaleur m’a envahie. Je sentais mes seins se gonfler et mes tétons s’exciter tout seul rien qu’en se frottant contre mon tee-shirt. Je n’avais pas mis de soutien ce matin-là ; trop pressée…

Et ce mec, il en a bien profité pour se rincer l’œil. Et j’aimais cela, en plus. Je ne me reconnaissais pas. Il était d’une taille moyenne, pas balèze comme le vétéran d’Afghanistan de la dernière fois. Non, normal et différent à la fois. Comme s’il dégageait une présence alors qu’il paraissait si neutre.

Après lui avoir remis le paquet, il dut me rappeler à l’ordre pour me faire partir. J’étais déconnectée…

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C’était hier et je n’arrive pas à sortir ce bonhomme de mes pensées…

Y penser, enflamme à chaque fois mes sens…

J’ai l’impression d’être en manque alors que je n’y ai pas encore goûté. Un comble !

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La nuit est longue ; mon service de garde s’étire. J’en profite pour encoder ce qui s’est passé en fin de journée. L’administration a besoin de son lot de paperasses quotidien… Et de clichés aussi. Les filles, c’est pour le secrétariat et les mecs pour l’action. Pourtant, je connais plusieurs de mes collègues qui ne sont pas tendus du slip ! "Courage, fuyons" est leur seule devise.

Un avis de recherche à diffuser fait la différence dans le tas que je traite. Pas de nom, mais un faciès que je reconnaîtrais entre tous… Le gars de l’aéroport. Mon Bruno.

Cela me vrille à nouveau le bas-ventre.

Ma fille, il va falloir soigner tes hormones ! J’ai de ces bouffées de chaleur. Comme un retour d’âge et je n’ai même pas vingt-cinq ans !

Mon smartphone vibre sur le bureau et me tire de mes pensées « lubrico-hormonales »… Je ne sais pas si ce terme existe, mais il résume assez bien mon état d’excitation ! Grave !

Mince, Master ! Un message. Il me demande un call à la fin de mon service !

Comment connaît-il mon horaire de service ? Une fois de plus, je suis surprise par lui…

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Je viens juste de raccrocher. Même à sept heures du matin et au téléphone, il est d’un guindé… Bref, il me demande d’aller retrouver d’urgence ce Bruno et de lui dire de ne pas bouger pendant au moins un jour. Il doit attendre que l’orage passe.

Il m’a dit aussi qu’il n’obéira pas et que ma deuxième mission sera de l’accompagner pour lui donner du soutien. Sympa, mon Bruno n'est pas obéissant ! Et je dois lui tenir la main. Pas sûr que ce ne soit que la main…

J’ai ordre de lui donner un feed-back de la journée avant de reprendre mon service ce soir. Mes heures seront payées. Au ton de sa voix, j’ai intérêt à obéir !

M’en fous de son paiement, je vais revoir mon beau brun qui m’a à peine regardée ; enfin, pas dans les yeux…

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