7 - Bruno - Jeudi AM

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Nancy, elle s’appelle Nancy, ma jolie Schtroumpfette de l’aéroport.

Nymphette est plus adaptée à mes fantasmes mais avec son uniforme de Police, toute bleue, les personnages de Peyo s'imposent à mon esprit. Ce dessinateur a meublé mes lectures d'enfance. Il me dirait qu’elle n’est pas blonde mais brune et que ses cheveux ne sont pas assez longs. Moi, je l'aime bien ainsi, avec sa bouille narquoise mais parfois dure. "Qu’importe le flacon, pourvu qu'on ait l’ivresse" serait la réponse de Tonton Alfred (de Musset).

J'ai même son numéro ! Pour des raisons opérationnelles, nous avons échangés nos coordonnées. J'essaye de me convaincre que c'est ma seule motivation. Mais quand j'ai remarqué son sourire narquois, j'ai vite compris que j'étais bien le seul à le croire. Je ne suis pas contre plus de rencontres, voire beaucoup plus... "Je suis contre, tout contre"pour reprendre la maxime de Sacha Guitry.

En attendant, je suis assis dans cette voiture qu'elle conduit avec une maestria certaine.

Elle a pris le volant à ma demande. Je veux rester plus libre de mes mouvements. Mais aussi de mes regards, je l’avoue volontiers. D'ailleurs, elle sait que je l'observe. Sa bouche s'étire légèrement. ...

Et j’ai de quoi régaler mes yeux avec ce que je vois. Ses cheveux bruns coupés courts derrière et plus longs sur les côtés dégagent sa nuque où il doit faire bon se perdre. Sur le haut de sa tête, des mèches rebelles font la fête. Cette coupe déstructurée, lui donne un air de rockeuse sortant de l’adolescence. Quelques piercings, des vêtements noirs et elle pourrait se transformer en « gothique pur jus » ! Effet garanti.

Petit est son nez ; ses oreilles également. Je peux apercevoir les traces de nombreux piercings sur ses lobes. Sur sa narine droite, je devine également une légère cicatrice. Un discret brillant décore le haut de sa lèvre supérieure. Je suis presque certain qu'il y aurait d'autres découvertes à faire... Mon esprit s'envole et mon corps réagit. Me voilà obligé de me contorsionner sur mon siège. La ceinture de sécurité va finir par me blesser !

...

Je me fais vieux, je n’avais rien vu de tout cela hier ! Il faut dire qu’avec son accueil, je n’ai guère pris le temps de l’observer. Je reconnais que mon regard avait été attiré par des rondeurs pointues bien trop dissimulées aujourd’hui.

Relâchant mon attention d’elle, je regarde devant nous. Ma chauffeuse en profite pour dire :

— Ça va, j’ai passé l’examen ? Cela t’a plu ?

Je ne réponds pas, car on se rapproche doucement de la maison de Chloé et je ne tiens pas à polémiquer avec ma partenaire ; je la sens assez tendue.

Vivement, je lui demande de tourner à droite.

— Que se passe-t-il, me coupe Nancy.

— Je viens de voir le SUV noir qui me talonnait hier soir. Ils doivent surveiller la maison.

— Ce n’est vraiment pas une bonne idée de venir par ici. Et d’abord, pour quoi faire faire ? s’inquiète-t-elle.

— Je vais à la pêche aux renseignements. Les choses ne sont pas claires. La situation s’emballe.
— On t’a dit d’attendre.

— On m’a aussi dit de la protéger, conclus-je.

Nancy laisse échapper un léger soupir. Elle se crispe derrière son volant et un pli vertical barre son front entre ses sourcils. Son regard est dur. Elle s’inquiéterait ?

— Arrête-toi devant le magasin. Je descends et me débrouille seul. Toi, tu retournes au studio. Si j’ai besoin d’aide, je t’appelle, reprends-je.

— Tu ne vas pas rentrer chez-elle, quand même. Ce n’est pas une bonne idée, me dit Nancy d’une petite voix.

— No stress. J’avise sur place. Je pars en repérage et si contact, je lui dis ce qu’il se passe.

...

Ainsi fait. Elle continue sa route et moi de même, mais dans une direction opposée…

Je décide de me rapprocher, car j’ai aperçu un bâtiment en chantier. De là, je pense pouvoir observer l’intérieur du pâté de maisons. En progressant par les jardins, j’arriverai, peut-être, à l’arrière de la maison de cette Chloé. Si les dieux acceptent d’être avec moi.

...

Eh bien non, je suis tout seul ! Ce n’est pas mon jour de chance…

D’où j’observe l’intérieur de ce quartier, les murs mitoyens sont hauts et nombreux. Il me semble même avoir vu des chiens… Le passage n’est donc possible et réservé qu’en cas d’absolue nécessité !

Par contre, par les toits, la progression peut se réaliser. Grâce à mes jumelles, je remarque chez Chloé une fenêtre ouverte au second étage et un vasistas fermé sur le toit. Avec un rétablissement, il est possible de s’introduire par la fenêtre sans trop de difficultés. Mais je n’aurai pas la possibilité de sortir par là rapidement. Il me faudra improviser. Ce serait comme jouer mon va-tout…

La situation est tendue avec les Frelons qui volent autour de moi. Je n’ai guère le choix.

« Alea Jacta Est » comme dirait Tonton Jules (César) !

...

Mes semelles en crêpe me permettent une progression facile sur ces toits. Je remercie l’urbanisme de la ville d’avoir obligé les maisons à avoir plus ou moins la même hauteur de toiture. Pour une fois, l’administration a du bon…

En suspension par les mains à la corniche, je repousse du pied la fenêtre ouverte. Un effet de balancier et me voilà dans la chambre, le nez dans le lit que Chloé aurait apparemment occupé cette nuit. Sous les draps, un peu de tiédeur subsiste encore.

Cela m’arrache un sourire qui va en s’élargissant quand j’entends le bruit de la douche.

Un foutoir dans cette chambre ! La valise ouverte, comme éventrée, des vêtements dans tous les coins… Je l’aurais cru plus ordonnée ! Je fais main basse sur un joli tanga rose en dentelle. Pas d’ordre mais du goût !

Je progresse dans le couloir et l’envie me prend de pousser la porte de la salle de bain où j’entends un bruit d’eau tombant en cascade. Mais ce n’est ni le moment, ni le lieu pour des présentations.

De l’autre côté du couloir, un secrétaire et des papiers attirent mon regard… Mais il me faut d’abord trouver mon chemin de retraite. Bingo ! La porte de droite, au fond, correspond à ma recherche… Au bureau, vite !

Sur place, j’actionne le mode vidéo de mon smartphone et laisse courir les lentilles de la caméra sur les feuilles.

Apparemment, la jeune fille se questionne, pour ce que je peux lire.

Je glisse sur un dossier d’audit apparemment. Je ne m’attarde pas mais la dernière page me semble annotée. Je lis « menaces ». Je prends l’autre pile de documents et scanne les premières pages lorsque je n’entends plus que le silence. Le bruit de la douche n’est plus. Danger !

Je me retranche derrière la porte et vois ainsi la jeune femme se diriger vers la chambre en serrant la ceinture d’une sortie de bain. Je profite de son mouvement pour me précipiter vers ma retraite. Je referme doucement la porte derrière moi. Je grimpe les escaliers et me retrouve sous le vasistas. Un jeu d’enfant pour l’ouvrir et d’adolescent pour grimper sur le toit. Je referme le plus délicatement possible ce dernier, mais je ne peux l’empêcher de m’échapper des mains et de tomber lourdement sur les derniers centimètres.

Bonjour, la discrétion !

...

Je reviens à mon point de départ avec l’espoir que personne ne lèvera trop le regard vers les toits et n’ameute les « frelons »…

C’est le cœur saturé d’adrénaline que je me retrouve dans la rue. Options casquettes et lunettes, le regard baissé, comme enrhumé, je remonte les boulevards.

Ne voulant pas emprunter les grands axes et autres transports en commun, je mets plus de deux heures pour revenir au studio.

La porte est verrouillée mais pas à ma manière. Serait-ce, Nancy qui serait passée ?

Si oui, elle aurait donc un double des clés… Mais alors, pourquoi avoir frappé ce matin ?

...

Dans l’appartement, le silence.

Dans le coin à dormir, une forme sous la couette. Une jambe nue dépasse de la parure de lit ainsi qu’une belle portion de fesse. Belle, disais-je, tant par la quantité que par la beauté.

La jeune endormie me laisse ainsi perdre mon regard sur ses courbes. Je devine un mollet nerveux aux attaches fines, une cuisse plus longiligne que ne laisserait penser son fessier que l’on pourrait qualifier de charnu. La taille semble se resserrer assez bien. La position de la belle ainsi couchée la flatte très assurément. Le temps s’écoule et alors que mes yeux la caressent sans fin, à la découverte de chaque pli et vallons, je glisse dans mes souvenirs d’une autre naïade ainsi étendue. Kate…

Ma Kate. Cela fera bientôt trois ans que tu es partie, emportée par ce fichu « crabe » qui te rongeait le cerveau. Je n’avais que six mois pour me préparer à ton départ. Mais je n’en ai reçu que deux…

Oui, je sais que c’est une réaction bien égoïste, mais je voulais vraiment finir ma vie auprès de toi. Maintenant, je suis par monts et par vaux à courir après je ne sais quelle chimère ; toujours plus osée, toujours plus risquée. Je me perds sans Toi.

Comme si ma vie n’avait plus la même valeur.

Depuis que tu es partie…

La Vie est dure.

...

Mais, je dois me ressaisir. Il le faut. Tu n’aurais pas apprécié…

Une douche s’avère indispensable après ma promenade de santé - bien physique - sur certaines toitures de la ville. Sans oublier les autres émotions plus sensuelles que je traverse maintenant. Mon corps trahit d’ailleurs mon état…

Serait-ce Nancy qui me réveille les sens de cette manière ?

Sortant de cette douche plus froide que chaude et pressé d’analyser mes découvertes, je reviens dans le salon où je suis accueilli par une voix assez grave.

— Pas mal pour un vieux !

L’Endormie était en mode réveil. Plus de jambe fuselée qui se prête aux regards mais bien un sein rond et ferme à la pointe arrogante qui se montre à la place.

Nancy émerge de son sommeil et des draps. Émouvant. Troublant.

Je bats en retraite, sous un rire moqueur, pour mieux masquer mon trouble qui se montre par trop – et à nouveau – derrière ce court essuie de bain.

Je reviens plus habillé dans le séjour où la jeune fille arbore maintenant un sourire moqueur. Je m’installe sur la table pour transférer la vidéo prise et l’analyser sur le PC.

Serrant la couette contre elle, Nancy réclame de la place près de moi. Je lui refuse.

— Tu prends trop de place !

Choquée, elle se tourne vers la salle d’eau tout en abandonnant le drap qui la recouvrait encore sur son passage.

— Pas mal pour une nymphette ! Ne puis-je m’empêcher de commenter en regardant le creux de ses reins et sa croupe callipyge juste bien proportionnée.

Un tortillement de son popotin me sort d’un début de coma…
— Attention à tes hormones, l’Ancêtre, ajoute-t-elle avant de disparaître pour s’habiller.

Me rejoignant par après, elle me remercie de l’avoir attendue pour faire défiler la vidéo.
— Nous formons une équipe, non ? Répliqué-je.

Pendant que je scanne l’enregistrement pris presque image par image, la jeune fille note tous les questionnements de Chloé en y ajoutant les nôtres.

– Pourquoi la Sûreté se mêle-t-elle au problème ?

– Que vient faire Armand le Détective dans cette affaire ?

– Et qui l’a tué ?

– Pourquoi la confection de ces dossiers ?

- Qui est Ferraille ?

Plus on avance, plus les questions deviennent nombreuses.

J'ai l'impression d'être sur la toile d'une araignée ? En équilibre...

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