3. La vitrine

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 Milieu des années 90, Une belle soirée de juin. Le genre de soirée où les gens se promènent en ville pour profiter de la douceur estivale. Les rues piétonnes de Lyon étaient animées de tout ce petit monde, installé en terrasse ou marchant une glace à la main. Nous avions donc, mon homme et moi décidé de faire de même avec cette envie de célébrer le début de l’été, en buvant tranquillement un verre en terrasse d’un troquet au cœur du Vieux Lyon.

Nous avons ensuite déambulé Christophe et moi en suivant les rues piétonnes de la vieille ville. Bien décidés à profiter de notre ballade, nous avons pris le chemin de la presqu’île, par le sud, pour ensuite remonter tranquillement à notre voiture.

Après avoir délaissé la Place des jacobins nous remontons la rue Édouard Herriot pour arriver à un croisement, où nous apercevons un peu plus loin dans la rue à droite, une belle vitrine allumée avec vraisemblablement de la lingerie.

Irrésistiblement attirés, nous nous sommes approchés sans un mot.

Le temps s’est comme ralenti au fur et à mesure de notre approche. Nous découvrons dans cette vitrine, des vêtements de cuir, de la lingerie des accessoires sans équivoque sur le côté SM du magasin.

D’abord très surprise, je contemple tout de même cette vitrine, et là, je l’aperçois.

Elle était là devant moi : enfilée sur un buste de mannequin, là, je ne puis détourner les yeux d’elle, cette guêpière magnifique... Je me suis tout de suite vue dedans. Les néons bleutés de la vitrine la mettait en valeur, elle était fuschia, type bustier sans bretelle, avec juste ce qu'il faut de dentelle pour cacher ce qu’il faut où il faut. J’ai toujours apprécié ce type de lingerie, et sans avoir osé passer le cap, je rêvais d’avoir une guêpière.

Je ne sais combien de temps je suis restée scotchée, bouche bée devant cette beauté. Christophe me regarde, et je crois qu’il remarque tout de suite mon trouble et mon envie.

- Ben dis donc c’est ce qu’on appelle du lèche-vitrine, du vrai ! Tu veux qu'on rentre à l'intérieur ?

-très gênée et bien rouge des joues- :

- Non, non, une autre fois peut être...

Ainsi cette aventure a commencé avec l’idée de se rendre dans un sex-shop, devant cette guêpière... Ce soir là, je n'ai pas osé rentrer dans ce magasin. A cette époque il n’y avait pas eu la démocratisation des boutiques pour couples, et les sex shop souffraient à plus ou moins juste titre d’une réputation très sulfureuse.

Ainsi, je vous avouerai que l'idée de rentrer dans ce genre de magasin me faisait un peu peur mais aussi m'excitait quand même un peu.

Peur d'être dans un endroit glauque, mais excitée à l'idée de voir ce qu'il pouvait se trouver dans ce genre de magasin et d'être aussi une femme qui s'assume sous le regard des clients.

Donc oui un sentiment très partagé... mais je suis comme cela, peut être ambivalente... mais vous allez apprendre à me découvrir au fil de mes écrits….

Le temps qui suspend son vol devant cette magnifique vitrine, et mon chéri qui me déconcerte avec la simple idée d’aller dans cet endroit comme si de rien n’était.

On en a reparlé dans la voiture pendant le retour, et plus tard le sujet est revenu de temps à autres dans la conversation que ce soit dans notre quotidien ou tout simplement sur l'oreiller.

Force est de constater que nous avions été troublés lui et moi. L’idée n’était pas écartée, et nous espérions, un jour, satisfaire notre curiosité.

Le tout est de se sentir prête.

La vie a suivi son cours et comme nous étions encore dans la découverte de notre sexualité, nous avancions doucement comme cette idée faisait son chemin en moi.

Ce « doucement » qui a été bien chamboulé par l’arrivée du mois de Juillet et de ses festivités.

Ce jour là nous avons été dans un pub sur les quais où s’est passée une soirée de folie. L’ambiance y avait été chaude en tous points de vue et l’alcool avait coulé à flot, et nous nous étions beaucoup amusés.

Dans la voiture, sur le chemin du retour, j’étais bercée par les vibrations du moteur et de la route, et les lumières de la ville éclairaient à intervalles réguliers l’habitacle et nos visages.

Et puis avec mon esprit embrumé par les vapeurs éthyliques, j’étais comme hypnotisée.

Petit à petit, je ne sais qui m’a pris mais des idées un peu folles sont montées en moi, et le désir a grimpé en flèche. A peine garés je me suis jetée dans ses bras, je me sentais pousser des ailes. Nous sommes sortis rapidement de la voiture pour ensuite grimper quatre à quatre les marches de la maison.

Une fois dans la chambre, Christophe commence à m’enlacer et m’embrasser. Je le repousse vers le lit sur lequel il se laisse tomber.

- Ferme les yeux.

L’excitation est à son comble, mes inhibitions semblent s’être envolées. Rapidement, j’enlève mon débardeur et mon soutien gorge, puis je me débarrasse de ma culotte par dessous ma jupe que je garde et j’attrape le perfecto de mon homme sur le dossier de la chaise.

Je l’enfile.

Le cuir froid du blouson sur ma poitrine nue me fait frissonner mais quelle sensation !

Je me suis approchée fébrile du lit et lui ai demandé d'ouvrir les yeux, je me suis avancée timidement un peu gênée mais lui avait des yeux brillants d'excitation.- j'avais mis dans le mille- je me suis mise à genoux et avancé à quatre pattes sur le lit pour m’asseoir sur lui.

Nous nous sommes embrassés passionnément. N’y tenant plus, je lui tire la tête en arrière et lui mordille la lèvre inférieure... Il a démarré au quart de tour, m'a embrassée puis m'a fait pivoter pour m'allonger sur le dos.

J’avais le souffle coupé par l’excitation de cette situation. L'avoir, lui, en train de m'embrasser le ventre et les seins et, tout ça, nue dans mon blouson cuir. Je ne m'étais jamais autant sentie chienne, à la merci des désirs de mon homme.

J’ai sentie mon tempérament rebelle monter en moi et j’ai montré beaucoup de répondant. Nous étions déchaînés ce soir là et nous avons fait l'amour comme des furies, en prenant tour à tour le dessus sur l’autre, en se mordant, se tirant les cheveux. Son t-shirt n’a d’ailleurs pas survécu à l’épreuve.

Après ce combat de titans (comme il aime à appeler ces moments là), nous étions enlacés, nous nous sommes mis à parler de de ce petit jeu un peu brusque mais tellement délicieux auquel nous venions de nous livrer.

Au fil de la discussion, on a plaisanté en se disant qu’on allait être bon pour acheter plein d’accessoires SM, et, petit à petit, je me suis mise à repenser à cette vitrine du mois de juin et mon esprit a dérivé sur nos discussions à propos ce type de magasin.

- Tu sais mon amour, je crois que je me sens prête à faire un tour dans un sex shop si ça te dit toujours...

- Ah oui ? Ok -silence-, mais tu veux aller dans un comme celui de la guêpière ? me demande-t-il.
- Non, c’est pas ça, mais en fait, pour commencer je préférerais un magasin moins branché SM… un magasin, comment dire ? Un magasin un peu plus classique. Juste pour voir comme on avait dit. Et, après, on verra, si on devient des habitués de ce genre de lieu.

- Oui bien sûr. Je comprends. On va partir à la découverte alors.. mais dans un endroit cool…. on devrait bien trouver cela, il doit bien y en avoir à notre convenance.

Et c'est comme cela que nous sommes partis à la recherche d'un sex shop. Nous avons feuilleté notre « petit paumé » à la recherche de la bonne adresse, avec personnel accueillant et ambiance pas trop glauque.

Nous avons jeté notre dévolu sur une boutique qui d’après notre petit livre présentait tout ce qui convenait. De plus l’adresse ne nous semblait pas inconnue car située à deux pas (un pas et demi!) de la fameuse guêpière.

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