5. Confidences et montée de fièvre

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 C’est ainsi, que notre étrange trio bifurqua dans la rue, qu’il nous avait indiquée, pour arriver 100 ou 200 mètres plus loin à un petit café avec terrasse qui avait, l’air , c’est vrai, plutôt sympa.

Nous nous sommes donc installés à la terrasse dudit café, et avons commandé à boire.

J’'ai choisi un alcool bien fort sous le regard amusé de mon chéri : j’avais besoin d’un remontant.

Puis nous avons poursuivi notre conversation.

Il nous a posé des questions diverses sur nous, et petit à petit la discussion a pris un tour plus personnel, plus intime.

- Qu’est ce qui vous a donné envie dans ce sex shop ?

Moi : - Les perruques, je crois .

- Ah oui et pourquoi cela ?

- Ben le côté jeu de rôle, tu vois, on enfile une perruque, et on change de personnalité peut être que le fait d’en porter peut aider à se désinhiber.

- Oui je comprends, avec une perruque tu pourrais assouvir des envies que tu as du mal à assumer ?

-Oui, comme tout le monde je pense...

Je sentais le rouge monter très fort à mes joues, et j'ai bu une gorgée.

- Et toi Christophe, tu la verrais avec une perruque ?

- Oui, quand je l’imagine c’est tentant

- Et qu’est ce que tu préfères en Carole ?

- Physiquement ?

- Oui.

- J’adore sa poitrine .

- Et tu aimes la caresser, l’embrasser ?

- Bien sûr .

- C’est vrai que tu as un très beau décolleté, Carole.

Je ne sais pas si c'était l'alcool, ou cette fichue nuit d’été... mais j'avais très chaud… très très chaud.

Depuis un petit moment, le regard de Alain venait se posait, discrètement mais régulièrement, sur les quelques gouttes de sueur qui commençaient à perler à l'orée de mes seins.

Plus troublée que gênée, j’avais le sentiment d’être rouge comme une pivoine.

C'était très bizarre, je n'étais pas attirée par lui, mais la situation devenait si... excitante.

Cet échange a duré facilement quelques dizaines de minutes.

Il n’a pas hésité, à nous féliciter d’avoir osé franchir le seuil de ce magasin, d’assumer notre sexualité.

Aussi, en regardant Christophe : - en tout cas, Carole est très belle et sexy, Vous formez un beau couple.

Christophe me jeta un regard, me sourit : - Merci c’est gentil, c’est vrai qu’elle est superbe. Sa main chaude se posa sur ma cuisse.

J’étais très flattée par leurs compliments, mais aussi de plus en plus troublée par la situation, au point de ne plus tenir.

- Pfiou j'ai chaud moi ! Veuillez m’excuser.

Je me suis donc levée pour aller me rafraîchir.

J'étais comme hagarde, dans un état second. j’essayais de contrôler un maximum mes pensées et... ma démarche.

Arrivée devant les toilettes, j’ai accéléré le pas et vite refermé la porte derrière moi comme si j’étais suivie et que ma vie en dépendait.

Ne sait-on jamais, avec toute l’audace qu’il a déployée jusqu’alors, n’aurait-il pas eu le toupet de me suivre jusqu’ici ?

Comme pour me rassurer, je vérifie par deux fois que le verrou est bien mis.

Je sais c’est bête, mais je vous l’ai déjà dit, je suis comme ça… c’est mon ambivalence.

Toute rouge devant le miroir, la respiration un peu haletante je me regarde dans les yeux et à voix haute :

- Qu'est ce que tu fais ma fille ? Tu deviens folle ? TU vas dans un sex shop et TU parles de TA sexualité avec un inconnu, et lui qui n’hésite pas à TE mater les seins sans que TU ne dises rien !

J’étais perdue.

Et pour me ressaisir, me recentrer, je me suis passée de l'eau sur le visage, la nuque et un peu dans le cou. La fraîcheur de l’eau me fait du bien, la tension redescend doucement.

Je prends quelques minutes pour moi à me passer de l’eau sur le visage et les poignets.

Je souffle doucement en me regardant puis, pour moi-même :

- Bon je respire un bon coup et j'y retourne…

Je me regarde une dernière fois dans la glace... et je ne sais pas ce qu’il me prend, je défais deux boutons de ma robe. Et je suis sortie.

J'avançais un peu ragaillardie au milieu du bar en direction de la terrasse et petit à petit, la confiance revenait.

Une fois à l’extérieur je sens un peu de fraîcheur qui effleure ma peau.

Quand je me rassois, les hommes discutent tranquillement. Ils avaient commandé un autre verre.

Christophe me regarde avec un drôle de regard, un regard bien brillant. De la fierté ? De l'amour ? Du désir ? Ou le mélange de tout cela ?

Alain, quant à lui, marqua un temps d'arrêt en voyant mon décolleté un peu plus ouvert...

- Ah ça fait du bien de se rafraîchir !-un temps- De quoi parliez vous ? Demandai-je d'une voix étonnamment légère.

Alain : - on parlait fantasme.

Et la discussion reprit de plus belle.

Les questions fusent de part et d’autres sur le désir et le sexe.

J’osai avouer que je pouvais, entre autre, être un peu soumise à mon copain. Mais que parfois nous aimions bien inverser les rôles ou plutôt se les disputer (le fameux combat de titans).

Lui nous expliqua qu’en tant que prof, à l’approche des exams, certaines de ses étudiantes lui trouvaient une attirance soudaine et étaient prêtes à tout pour une bonne note. Il nous avoua en avoir profité, non sans avoir « durement »lutté et vainement tenté de repousser leurs avances ! Quoi ? Une petite fellation qu'est ce que c'est ?

Cette dernière anecdote nous fit sourire, et étrangement un silence s’installa. Nous en profitions pour siroter nos verres.

Alain fut le premier à le rompre :

- Tiens j’ai une question : Avez-vous déjà fait l'amour devant d'autres personnes, des inconnus ?

Il formula sa question avec un regard perçant, qu’il posa longuement sur moi.

Je posai mon verre doucement, et j’échangeai un regard avec mon chéri puis : - Non, jamais fait l’amour devant des inconnus ni d’autres personnes. Le seul truc qui aurait pu s’en approcher c’est une fois sur la plage, Il y avait un type qui nous a matés, lorsque Christophe me passait de la crème solaire sur le corps.

Christophe renchérit : - oui, dans les Landes sur une plage quasi déserte.

- Il vous passait de la crème sur le dos ?

Je voyais où il voulait en venir, il faisait déraper la conversation, il voulait du croustillant le coquin. Je décidai de jouer le jeu de la vérité :

- Oui mais pas que, aussi les jambes et, et la poitrine

- Et ça vous a fait quoi d'avoir été ainsi matés ?

Christophe : - Ben...euh.. le gars était loin donc ça va. Mais j’étais fier quand même, Carole est très belle et, et c’est moi son mec !

Moi : - J'étais partagée... gênée mais... aussi un peu excitée...

J’étais un peu sur la réserve car nous en avions pas vraiment parlé, ce jour là, on avait échangé un regard coquin. Le soir même nous avions fait l’amour intensément.

- Je n’ai jamais avoué à Christophe que j’avais imaginé ce mateur en train se caresser derrière les volets de notre bungalow, -baissant la voix, gênée -ça a décuplé mon plaisir.

Je n’en revenais pas car j’étais en train de me livrer à un illustre inconnu alors que certaines choses, Christophe ne les savait même pas, il me regardait en souriant. Alain avait le regard brillant et toujours aussi perçant.

- En tout cas, moi, j’aurais aimé être votre voyeur, Carole tu devais être super sexy en monokini sur cette plage .

- Et bien... merci, dis-je un peu gênée.

Christophe, lui, souriait mais avait l’air un peu ailleurs, perdu dans ses pensées. Cela m’intriguait, il était ailleurs, mais pas si loin, comme si tout avait un sens pour lui. Mais pourquoi ?

L’échange continua un petit moment, pendant lequel nous avons parlé exhibition, pour ou contre le port de la culotte, le recensement serait trop long à énumérer !

La discussion prit fin naturellement. Nous réglons nos consommations et marchons tous les trois en direction la place des Terreaux pour retrouver notre voiture au parking souterrain situé à proximité.

Christophe me prend par la taille : - Ça va ma chérie ?

- Ça va, je suis peu toute chose si tu veux le savoir, je crois que j’ai un peu trop bu et puis cette situation...

- Oui je comprends

Je le regarde, il a encore cet air un peu pensif : - Et dis moi, qu’est ce que vous vous êtes dit quand je suis partie me rafraîchir tout à l’heure ? Tu avais changé d’attitude à mon retour.

Il hésite un instant, le temps de faire quelques pas puis me glisse doucement : - Alain m’a proposé de l’argent pour qu’on s’exhibe devant lui .

- Quoi ?

- Il m’a proposé 200 Frs pour nous regarder faire l’amour.

Je n’en revenais pas… tout tournait dans ma tête… j’en avais le souffle coupé.

- Et tu as accepté ?

- Je n’ai rien répondu, ça dépend de toi.

J’étais estomaquée, choquée, il ne lui avait pas foutu son poing dans la gueule, mais...en même temps, la situation était si étrangement érotique et dans un sens comme dans l’autre, oui, Christophe aime bien diriger les choses, mais toujours avec mon entier consentement.

Des milliers d’images défilent devant mes yeux, la panique, le désir, la gêne, le trouble, l’envie.

Dans mon ventre, une chaleur bien connue prend place.

Maudite chaleur, je te hais en cet instant précis.

Est ce que tout s’écroulait ou se mettait en place ? Je ne sais plus.

En fait, c’était clair, j’avais envie de sauter le pas et j’en avais super honte.

Nous arrivâmes sur la place des Terreaux devant l’entrée du parking. La tension grimpait encore.
- Bon ben notre voiture est dans ce parking…

- La mienne aussi, vous savez, vous êtes un couple très charmant, Carole tu es très belle, et sincèrement ma proposition tient toujours. Vous n’avez rien à craindre, et, si la somme ne vous suffit pas, je peux toujours….ce n’est pas un souci. » dit-il en passant le revers de sa main sur mon bras.

J’ai chaud, sa caresse me fait pourtant frissonner. Je ne sais quoi répondre, j’ai envie de partir en courant, mais quelque chose au fond de moi fait que mes pieds restent figés dans le sol.

D’ailleurs, pendant juste une demi seconde je ressens les lacets en cuir de mes spartiates qui m’enserrent les mollets. Je ne sais pas pourquoi à ce moment je me suis fixée là dessus.

Les seuls mots qui sortent alors de ma bouche sont : - C’est pas ça mais.. je, je sais pas...

Je jette un coup d’œil à Christophe qui me regarde avec bienveillance, et je lui demande doucement : - Tu crois que ?

- Là c’est comme que tu veux, c’est ton ressenti. Ne t’inquiètes pas pour moi, je te suis sur ce coup là, me souffle-t-il.

Je me mords les lèvres, si j’accepte, je sens que je vais le regretter, cet homme prêt à me payer pour me voir prendre du plaisir.. et cela ferait-il de moi qu’une femme qui accepte les choses si on la paie.. une prostituée ?

Je respire un bon coup, j’ai la tête qui tourne un peu, j’ai chaud. Alors je m’écarte de mon chéri, je passe entre les deux sans un mot, j’avance d’environ 2 mètres, je sens le poids de leurs regards.

Inspiration-expiration.

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