20. Une étrange surprise

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Nous avions opté pour faire chacun une année de spécialisation avant, pour moi, de me lancer dans la vie active et, pour lui de faire son service national. La spé nous permettait de renforcer nos connaissances et de nous faire une petite expérience par le biais de divers stages en entreprise.
Ainsi, nous profitions encore de notre statut d'étudiant.
La période estivale avait été plutôt calme, même si nous avions beaucoup discuté de nos différents fantasmes réalisés, à renforcer ou à réaliser. Notamment, le pluralisme qui me tentait énormément.
Mon aventure du mois de juin avait, un peu, calmé mes envies d'ailleurs.

C'est ainsi qu'un soir de fin octobre début novembre, Christophe m'annonce qu'il m'invite au restaurant, le lendemain soir, une petit table sympa recommandée par le petit paumé. Il précise également qu'il avait une surprise pour moi.
Le seul petit indice qu'il me donne est qu'il fallait que je sois bien habillée et si possible un tantinet sexy...

Le lendemain au moment de me préparer, je ne savais que choisir comme tenue :
- Sexy... sexy tu en as de bonnes de toi, sexy comment ?
- hum, ben, sexy mais plutôt chic.

Mon cerveau bouillonne à toute vitesse, qu'est-ce qu'il a bien pu inventer pour ce soir ?
Je jetai mon dévolu sur mon chemisier noir à rayures, en voile. Il fait bien habillée et on peut jouer avec la transparence des matières, les manches le sont totalement alors que le reste l'est mais moins, on devine plus que l'on ne voit avec le voile plus sombre, un peu plus opaque.
Je prends le parti de ne pas mettre de soutien-gorge. Ça va donner un petit côté habillée déshabillée, dans lequel on devine la poitrine nue par le petit jeu de transparence mais sans qu'elle ne soit montrée. En plus, j'aime la sensation de ce tissu sur mes seins libres.
Pour le bas, j'ai une jolie jupe droite en tissu écossais. Pour ce qui est de la lingerie je choisis un slip brésilien et des bas autofixants.
De jolies bottines à talons, fermées par des zip sur le côté et lanières à boucle sur la cheville, feront l'affaire.

Alors que je prends ma douche en me posant mille questions, je ne suis pas inquiète mais je me demande quelle sera la surprise... une certaine tension excitante grimpait en moi.
Je me prépare donc comme pour un jour de grand soir, bien maquillée, bien coiffée.

Une fois habillée et pomponnée, je commence à harceler Christophe de questions pour savoir le programme de la soirée.
Pour seule réponse, il m'invite à m'asseoir dans le canapé et me propose de boire un coup avant de partir dîner.
Il restait mystérieux, sur la destination, juste un dîner dans un resto sympa et il me dirait la suite au cours du repas.
Il me sert ensuite un verre de whisky, que je bois un peu nerveuse, mais titillée car il avait son air malicieux de "jetefaisunesurprise-dont-tuvastesouvenirtoutetavie"..
Il m'embrasse et m'aide à enfiler mon manteau et nous voilà partis en ville.
Nous nous garons dans le parking de Bellecour. Jusqu'ici tout va bien, je ne suis pas en terre inconnue.
Après avoir marché quelques instants, il me fit rentrer dans un petit restaurant asiatique qui avait l'air très sympa où la déco donnait une ambiance typique et feutrée.
Il marquait des points, j'étais super emballée par le cadre.
Le serveur extrêmement gentil et agréable prend notre commande et nous apporte l'apéritif.
J'ai le cœur qui bat la chamade, j'attends encore la suite des événements.
Nous mangeons un délicieux repas, durant lequel nous parlons de tout et de rien... en fin de repas, le silence commence à s'installer...
- Alors cette surprise ?
- Bon, comment t'expliquer ? Euh,- un silence le serveur nous apporte un verre de digestif- merci. Alors hm ...
Je fais tourner le petit verre rempli d'alcool fort entre mes doigts et mon regard passe de Christophe en train de chercher ses mots, à ce monsieur tout nu en photo au fond de mon verre...
- Bébé, tu me fais confiance ?
Oula qu'est-ce qu'il a été cherché ?
- Euh, oui...
- Je te demande de me faire une confiance... aveugle pour ce soir.

Il m'a demandé de m'habiller sexy, je sens rapidement que nous n'allons pas cueillir des pâquerettes, alors, quoi ? Où est ce qu'il allait bien pouvoir m'entraîner le coquin ? Sex-shop ? Club échangiste ? Je ne savais pas trop mais cette destination inconnue là devenait franchement excitante...

- Ça fait quelques semaines, qu'on reparle de faire des trucs à 3 et même à plus.. j'ai donc pensé à et même organisé quelque chose ... euh...Tu sais ce que c'est qu'une "blind date" ?

Qu'est-ce qu'il me racontait là, blind date ? Rendez vous aveugle ? Je ne voyais pas trop où il voulait en venir...

- Euh non, éclaire moi s'il te plaît...
- Alors, je vais t'emmener dans un endroit que tu ne connais pas, tu y feras des rencontres et point particulier tu auras les yeux bandés.
Mon cœur tapait fort dans ma poitrine, le plan avait l'air super excitant, je regardai dans les yeux, il me fixait intensément. Je sentais le rouge me monter aux joues...
- Euh, des rencontres avec des inconnus ?
- Oui totalement inconnus.
- Et pis c'est à l'aveugle à l'aveugle ??
- Oui vraiment à l'aveugle..
Je pris mon verre et le vidai d'un trait, le feu de l'alcool me chauffa rapidement les tempes... oui ? Non ?
Au fond de moi, j'avais super peur, mais... mais j'avais super envie... c'était tellement fou... un plan à plusieurs en aveugle...
Je demandai au serveur un autre verre. J'avais besoin de courage.
- Et ne t'inquiète pas, je veillerai sur toi.
Tu es partante ?
- Euh...
Je le regardais en jouant nerveusement avec mon médaillon.
Dis non ! Dis non, Carole ! Où est-ce que tu vas encore te fourrer, dis non, bordel !
Un petit instant de silence puis :
- Ok.
Le deuxième verre de digestif arriva, je regardai à nouveau le personnage dans le fond de mon verre puis le vidai cul-sec.
J'avais la tête qui tournait un peu, et le peu d'inhibition que j'avais commençait à s'évaporer avec les vapeurs d'alcool.
- Et on va où ?
- Tout ce que je peux te dire c'est qu'on va vers St Genis Laval. Là bas, avant d'arriver, je vais te bander les yeux ... par contre, il faudra jouer le jeu, ta seule vraie contrainte est de garder ton bandeau jusqu'à ce que je te le retire ou te demande de le retirer, ok ?
- Euh ok...
- Bon dernière chose si ça va pas ou si tu veux tout stopper tu n'hésites pas tu dis un bon gros STOP je comprendrais, ok ? - j'acquiesçais- On y va ?
Silence...
- On y va.

Après avoir réglé l'addition Christophe m'aida à enfiler mon manteau. J'avais le cœur qui tapait fort dans ma poitrine.
Je la sentais pointer sous mon chemisier transparent, bien qu'un peu opaque, je le trouvai tout à coup très transparent.
Le retour vers la voiture se fit silencieusement, il faisait froid et je m'accrochais au bras de mon homme comme à une bouée de sauvetage. Mon autre main serrait fort la lanière de mon sac qui suivait le mouvement de ma hanche. Hormis le bruit des voitures et des passants de cette vie nocturne en mouvement, je n'entendais que le claquement de mes talons sur le trottoir...
Je frissonnais, mais au fond de moi j'étais en train de bouillir. J'avais des papillons dans le ventre et le cœur qui tapait intensément sous ma poitrine nue.
L'alcool faisait un peu son effet, car sans avoir la tête qui tourne, j'avais cette sensation, je pense liée à l'ébriété, d'être dans une espèce de nuage de coton, et que mes limites avaient disparues... limites morales et physiques... je me sentais presque capable de tout.
Je devais avoir une tête particulière, car les gens dont je croisais les yeux, me regardaient d'une autre manière... voyaient-ils ce que j'étais au fond de moi ?
Avaient-ils deviné tout ce désir qui était en train de me brûler l'âme et le corps ?

Je n'aime pas trop cette expression mais je n'en vois pas d'autre, je... je devais avoir ce qu'on appelle les yeux qui sentent le sexe... même les femmes que je croisais, savaient de quoi il en retournait, c'est obligé...
Vous voyez de quoi je parle comme sensation ?
J'avais comme l'impression de marcher nue dans la rue.

Un peu la peur au ventre, je m'installe donc nerveuse sur le siège passager.
Nous quittons le parking et nous voilà donc partis vers St Genis.
Une drôle d'impression monte en moi rue de la charité, en route vers le peloton d'exécution... mais quel peloton ? Quelles armes ? Quel truc de fou est en train de monter en moi !!
Est-ce ce que je n'aurais pas un trop bu ? Je suis un peu dans les vap', quai de Perrache, l'A7, il se met à pleuvoir, je pose ma main fébrile sur la cuisse de mon homme sans quitter des yeux ce pare-brise balayé par les essuie-glaces.
Il serre ma main dans la sienne. On passe devant la prison, puis toutes les caravanes garées sur le quai... si ça parle à quelqu'un..
On passe donc vers la confluence, qui n'était pas encore le quartier qu'il est devenu.
Christophe roule doucement, il pleut un peu plus fort, pas question de cartonner sur le pont de la Mulatière.
Je respire doucement, par moment on échange un regard.. il me sourit tendrement, il a l'air sûr de lui.
J'ai quand même l'impression d'être l'agneau qu'on amène à l'abattoir..
J'agite nerveusement les jambes... je ne sais que m'imaginer...
On est déjà à Pierre Bénite puis l'échangeur pour aller vers l'ouest...
Il n'y a pas beaucoup de circulation sur le boulevard qui remonte vers Brignais...

Arrivés dans le centre de St Genis, Christophe se gare sur le côté, me regarde :
- Bon tu es prête ? On va passer aux choses sérieuses...
Il me regarde en souriant, prête ? Pas vraiment, mais je le regarde droit dans les yeux :
- Je te fais confiance. Tu me laisses le temps de fumer une cigarette et on y va ?
- Ok.
Je sors mon paquet de mon sac à main et allume nerveusement ma cigarette que je fume en silence...
Elle se consume à une vitesse ! J'écrase le mégot, je me penche vers lui pour l'embrasser... soupir.
- On y va ?
- Allez. C'est parti.
Il sort un bandeau de sa poche, un large bandeau noir en satin et me bande les yeux. Les premiers temps, j'essaie de voir, s'il y a du jour au niveau du nez comme parfois... mais non. Alors je joue le jeu, et prend le parti, de fermer réellement les yeux...
Là pas de doute, ça y est, nous y sommes. L'aventure peut commencer.
Mon rythme cardiaque doit être à 260, j'ai l'impression d'entendre cogner mon coeur dans ma poitrine.
Il redémarre, je suis très vite azimutée. Je ne sais combien de fois il tourne à gauche ou à droite. Je serre fort sa cuisse et sa main quand celle-ci rejoint la mienne.
Il recommence à pleuvoir fort, je n'entends plus trop la musique mais plutôt la symphonie des gouttes sur le pare-brise cadencée par le bruit des essuie-glaces balayant celles-ci.
De temps à autre le clignotant.
La pluie semble se calmer.
J'ai l'impression que cela dure une éternité.
Un dernier tic-tac et nous passons un petit trottoir, nous roulons quelques dizaines de mètres. Il se gare.
- Ne bouge-pas.

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