L'heure, c'est l'heure

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« - Tout d’abord, je voudrais vous remercier pour cette interview. Vous savez, vous êtes difficiles à saisir et je pense que nos lecteurs brûlent d’en savoir davantage sur votre énigmatique personne ! Quand on y songe, votre travail obsède chaque homme et chaque femme de ce monde. On pourrait remplir des bibliothèques entières de volumes consacrées à vous. Est-ce que cette célébrité vous grise ?

- Tout comme le soleil brille et la terre est ronde, je suis connu de tous. C’est ainsi depuis la nuit des temps : toujours attendu, souvent craint, mais parfois désiré.

- Justement, parlons-en de ce désir morbide  ! Les fans ont occasionnellement des réactions inappropriées. Encore ce matin, mon train a été retardé par un “incident voyageur”. Par mon expérience et mon parcours matinal, je constate ce type d’actions au moins une fois par semaine sur Paris. Si je multiplie cela par le nombre de lignes ou le nombre de métropoles, mon Dieu ! Comment faites-vous ? Comment gérez-vous un tel rythme au quotidien, une telle effervescence ?

- Les hommes sont étranges. Certains me côtoient pour mieux apprécier leurs vies et d’autres m’appellent de leurs vœux. C’est dur de répondre à tous et je ne vais pas mentir, certains doivent persévérer. À ceux-là, je leur dis : n’ayez crainte, la mort finit toujours par frapper.

- Votre dévouement est tout à fait remarquable. Pourtant, nous savons tous deux que vous tombez parfois sur des récalcitrants. Comment vous occupez-vous de ces derniers ? Ont-ils un traitement spécial ?

- L’heure, c’est l’heure. Quand vient le moment du grand voyage, on ne tergiverse pas. Je sais les efforts déployés par beaucoup pour repousser ce moment et en toute honnêteté, je salue l’ingéniosité dont certains font preuve. C’est vain évidemment, mais l’homme est ce qu’il est : naïf.

- Vous semblez très sûr de vous. Ne craignez-vous pas les dernières avancées scientifiques ? La cryogénisation ou le transhumanisme nous rapprochent peu à peu de la vie éternelle. Imaginons un instant ce monde sans mort. Que feriez-vous ?

- Je jardinerai.

- Vous êtes un passionné de jardinage ? C’est un scoop ! Quel genre de plantes cultiverez-vous ?

- Des pissenlits. L’homme finit toujours par les bouffer par la racine !

- Vous exagérez ! Vous avez le monopole sur ce marché et je vous reconnais sans mal un talent certain pour vos activités. Néanmoins, la retraite est peut-être plus proche que vous ne le pensez malgré vos certitudes.

- Non. Le monde est une pyramide. Au sommet, une minorité s’est élevée sur le sang de la majorité. Pour dompter la mort, il vous faut apprivoiser beaucoup d’autres valeurs et mon emploi du temps me permet d’affirmer qu’en cela, il vous faut encore progresser.

- Le monde est-il condamné ?

- Qu’en saurais-je, je ne suis que l’exécutant de la Destinée. Vous devriez l’interviewer !

- C’est une amie à vous ? J’ai déjà eu un mal à vous avoir, pensez-vous pouvoir m’arranger un rendez-vous ?

- Ô très cher, vous avez déjà rendez-vous avec elle. »

TCHAC.

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