Quand la vérité éclate - partie une

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Le soleil se matérialise en un point lumineux à l'horizon lorsque Gwenn brise le silence :

- J'ignore comment tu as su que Noëmie était capable d'une telle chose, mais j'aimerais bien comprendre ce qui t'a poussée à l'encourager à se servir de ce pouvoir. Pourquoi as-tu choisi notre camp plutôt que celui des soldats de l'ASM alors qu'ils nous ont sauvés des démons ?

- Pour le don de Noëmie, c'était juste une sorte d'intuition. Je n'étais même pas sûre que ça marcherait. En ce qui concerne ta seconde question. . . Et bien. . . Je ne voulais juste pas suivre des étrangers dont je ne sais rien, même s'ils m'ont sauvée. Je vous connais mieux qu'eux, j'ai donc plus confiance en vous. Sans compter que je vous suis plus redevable qu'à eux : ils ne m'ont sauvé la vie qu'une seule fois contrairement à vous. Bref. Je me sens plus proche de vous que d'eux.

Ils me regardent d'abord avec un mélange d'étonnement et d'émotion, puis sourient. Même la capitaine a un petit sourire en coin, mais leurs regards semblent à la fois touchés et tristes.

Je dois avouer être touchée de les voir ainsi, mais le silence gênant qui suit ma déclaration me met dans l'embarras. Je sens mes joues s'empourprer et un rapide regard à la ronde suffit pour constater que tous les teints ont viré au cramoisi. Encore plus gênée, je leur lance :

- Ça va ! Ce n'est pas la peine de rougir pour si peu, je ne vous ai pas non plus fait une demande en mariage !

Cette phrase a pour seul effet de tous nous rendre plus écarlates. Je m'enfonce dans mon siège en frappant mon front du plat de ma main. Qu'est-ce qui m'a pris de dire des choses pareilles ?

- Tss ! Quelle gamine. . . Tu dis vraiment n'importe quoi. Tais-toi si c'est pour dire des absurdités pareilles, bougonne la brune.

- Non, réplique le jeune homme. Ça fait du bien d'entendre quelqu'un livrer ce qu'il a sur le coeur, surtout si c'est d'aussi belles choses.

Nous gardons le silence, évitant le regard les uns des autres, jusqu'à ce que Noëmie pointe les silhouettes de bâtiments au loin :

- Nous sommes presque arrivés ! s'exclame-t-elle. Voilà Rome.

Alors que nous sommes sur le point d'entrer dans la ville, une silhouette humaine apparaît sur la route. Gwenn enfonce la pédale de frein, s'attirant les coups de klaxon furieux des voitures nous faisant suite. Je devine cependant aux bruits de freins crissants, de chocs métalliques et de cris que certains voyageurs n'ont pas eu la même chance que d'autres, mais contrairement à mes trois escortes qui se retournent pour constater les dégâts, je ne m'en soucie pas. Je suis bien trop préoccupée par l'individu à cause duquel a eu lieu cet accident. Il se tient toujours debout au milieu de la route. Il est enveloppé d'une longue cape sombre et son visage est dissimulé sous une large capuche, mais je devine à l'éclat rougeâtre de ses yeux que c'est lui. . .

Je détache aussitôt ma ceinture et sors du véhicule. Au même moment, comme pour mieux me provoquer, il abaisse le tissu recouvrant sa tête, révélant ainsi une longue chevelure argentée maintenue par un ruban noir, puis m'adresse un large sourire.

Je fronce les sourcils, serre les dents et m'empare rapidement de l'épée de Gwenn, mue par une haine et un désir de vengeance qui n'ont fait que s'accroître au fil du temps et des épreuves imposées par cette maudite créature.

Je me précipite dans sa direction, mais n'ai pas le temps de l'atteindre : des bras viennent saisir mes poignets, m'empêchant d'aller plus loin ou d'utiliser l'arme. Je me débats de toutes mes forces en hurlant :

- Lâche-moi ! Laisse-moi le tuer ! Laisse-moi me venger !

- Nous n'avons plus la force pour affronter un ennemi en pleine forme, me rappelle la capitaine de l'ASC. N'oublie pas les paroles de l'évêque à Gap : la haine et la vengeance ne te conduiront nulle part ! Nulle part de bien, en tout cas.

Mon ennemi juré laisse échapper un rire maniaque, se pliant même en deux pour saisir son ventre entre ses bras, sous mon regard furieux. Quand enfin il se calme, c'est pour dire :

- Pourquoi n'écoutes-tu toi-même pas les conseils de ton évêque, Gwenn ? Comment oses-tu ordonner aux gens de respecter ce que toi-même tu ne suis pas ? Quelle hypocrisie !

- Silence, réplique-t-elle d'un ton qui se veut calme et maîtrisé, mais où perce une pointe d'agacement.

- Taire la vérité ? N'est-ce point une chose condamnable dans votre religion ? Je ne peux donc me permettre de le faire. . . rétorque-t-il ironiquement, m'intriguant malgré moi.

- Ça suffit, dit-elle d'une voix encore un peu plus énervée.

- Non. Jessica doit savoir. . .

- Savoir quoi ? lâché-je sans réfléchir, poussée par ma curiosité.

- Gwenn ici présente souhaite t'empêcher de te venger, alors qu'elle est la mieux placée pour comprendre ta haine et ta douleur. . . N'est-ce pas pour se venger qu'elle a elle-même rejoint l'ASC ?

Je lance un regard surpris à la brune, qui le fuit sans pourtant relâcher son emprise sur mes poignets.

- Capitaine. . . murmuré-je d'une voix incrédule. Qu'est-ce que ça signifie ?

- Tout simplement, répond le démon à sa place, que ses intentions ne sont pas aussi pures que celles de ses deux subordonnés.

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