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Pendant que nous parcourons l'aéroport milanais, je confie à ma supérieure :

- Je doute qu'elle soit ici. Comment aurait-elle pu quitter Rome sans assistance alors que nous en contrôlons toutes les issues depuis qu'elle s'est échappée ?

- Fais confiance en Sa Sainteté. Tout d'abord, il n'est pas exclu que l'un des siens lui soit venu en aide. Ils connaissaient tous sa position. Ensuite, mieux vaut être prudent et contrôler toutes les sorties d'Italie.

J'acquiesce et baisse la tête en murmurant :

- Je la plains, tout de même. La pauvre ne comprend même pas les raisons de nos agissements. Elle a dû se sentir trahie. Je l'ai lu dans son regard. . .

- Ne la prends pas en pitié, me reprend-elle. Le bien de l'Humanité en dépend. C'est aussi pourquoi il vaut mieux qu'elle ne comprenne jamais, car si elle venait à découvrir toute la vérité, elle deviendrait encore plus dangereuse qu'elle ne l'est déjà. Tu portes déjà la trace de son mal, ajoute-t-elle en passant une main dans mes cheveux blonds. Ne la laisse pas l'apposer aux autres.

J'observe ma chevelure raccourcie de moitié. Les deux hommes qui veillaient sur moi sont parvenus à éteindre le feu qui me consummait à temps, m'évitant ainsi la mort et j'ai pu soigner mon corps des brûlures qu'il a subies, mais je n'ai pu sauver les cheveux déjà partis en fumée ou noircis par les flammes. Je m'en suis tout de même bien sortie, certes. Mes cheveux repousseront, ce n'est pas une grande perte, mais que se serait-il passé si Dieu ne m'avait pas accordé le don de thaumaturgie ? Je serais restée défigurée à vie. . .

- Capitaine ! Noëmie ! nous hurle notre compagnon.

Nous nous précipitons dans sa direction pour le rejoindre dans la salle d'attente.

- Que se passe-t-il ? lui demande notre supérieure.

- Est-ce que tout va bien ? ajouté-je.

- Là ! s'exclame-t-il en pointant du doigt les grandes vitres donnant sur la piste de décollage.

Nous nous retournons pour voir un avion démarrer. Il prend en vitesse et quitte le sol pour s'élever dans les airs.

- Et bien ? demande Gwenn en levant un sourcil.

- Jessica est dans cet avion !

- Comment ? ! nous exclamons-nous en choeur.

- Je l'ai reconnue. Elle avait de courts cheveux blonds à la place de ses longues boucles rousses, mais c'était bien elle. J'ai reconnu ses yeux et les traits de son visage et je sais qu'elle m'a aussi reconnue.

- Comment faire, maintenant ? demandé-je. Même si nous prenons tout de suite un avion pour Paris, nous n'atteindrons jamais la capitale française avant eux et nous perdrons leur trace.

Elle sort son téléphone de sa poche en déclarant :

- Je vais prévenir les escouades de l'ASC présentes sur Paris. Ils les intercepteront à leur arrivée.

- C'est inutile, rétorque le jeune homme. Elle n'était pas seule. Un homme l'accompagnait. Je ne l'ai pas reconnu, mais. . . S'il est vraiment ce que je pense, même en donnant son signalement à nos camarades, ils ne le retrouveront pas, maintenant qu'il sait qu'il est repéré.

- Tu as raison, admet-elle. Aucun de nous ne pourra prévoir à quoi il ressemblera une fois arrivé là-bas et il nous passera entre les doigts. Notre seule solution est donc de nous assurer qu'aucun des deux n'arrive à Paris.

Elle semble réfléchir pendant quelques secondes, puis se tourne vers moi et déclare en posant ses mains sur mes épaules :

- Nous avons besoin de toi, Noëmie. Tu dois utiliser ton don pour les empêcher de fuir.

- Comment puis-je faire une chose pareille ?

- Si le personnel de l'avion se retrouve dans l'incapacité de maintenir l'avion en l'air, nos fugitifs ne pourront pas aller bien loin.

- Je dois. . . affaiblir le personnel pour l'empêcher de piloter et permettre à l'avion de s'écraser ? demandé-je dans un mélange de surprise, de choc et d'incrédulité.

- Oui.

- Et tous les passagers innocents qui sont à bord ? ! m'exclamé-je.

- Il existe des consignes de sécurité en cas de crash qu'ils suivront, sans compter que l'avion n'est pas encore à son altitude maximum. Tu pourras soigner les blessés aussitôt que nous aurons capturé ceux qui nous intéressent.

- Si je puis me permettre. . . intervient Enzo. Il y a quand même de grandes chances pour que certaines personnes perdent la vie dans cet incident. . .

- Je le conçois. . . J'en ai même bien conscience, mais. . . entre quelques morts et la perte de toute l'Humanité, mon choix est déjà fait. Certains sacrifices sont terribles, mais nécessaires pour le bien commun. Nous n'avons hélas pas d'autre option. Si nous les laissons partir, c'est toute la population mondiale qui est fichue ! Ceci dit, c'est ton don, Noëmie. Tu es la seule à pouvoir en user. Dieu t'en a confié la responsabilité, alors. . . C'est à toi d'en décider.

Mes yeux s'écarquillent d'horreur. Je ne pensais pas avoir un jour une telle responsabilité entre les mains. Que dois-je faire, maintenant ? Condamner quelques innocents pour sauver l'Humanité ou bien. . . leur laisser la vie sauve et condamner toute l'Humanité à un terrible destin ?

Je sens mes mains trembler de façon incontrôlable. Mon Dieu ! Quel est le bon choix ?

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