26 Octobre

La forme encapuchonnée et gantée se fond dans le clair-obscur de la cage d’escalier. Elle efface les marches, donne l'impression d'effleurer le sol, la moquette étouffant le bruit de sa progression. Le haut plafond haussmannien contemple la pointe sombre du chaperon qui poursuit son ascension silencieuse.

Parvenue devant une porte du troisième étage, la créature découvre sa tête, libère une chevelure assez courte, chatain foncé, et un visage aussi fermé que séduisant, quoique dénué d’apprêts.

Au moment où la sonnette lui intime de venir répondre, Lionel est en train de consulter sa messagerie.

Son boss, qui se croit obligé d’appeler à n’importe quelle heure, son fils, qui veut encore le taper, la femme de ménage, qui lui annonce qu’elle ne pourra pas effectuer son passage hebdomadaire…. Que des nouvelles formidables, enfin…bref...

L’homme gagne l’entrée, entrebâille l’huis sans destiner, comme de coutume, la chaînette de sûreté à son juste emploi, puis, à la vue de la physionomie attrayante , échancre l’ouverture.

À peine a-t-il eu le temps de se dire que la journée n’était finalement pas si mauvaise que jaillit du poncho charbon une lueur argentée qui le plie en deux. L’épouvantable douleur du deuxième coup de surin dans l’abdomen le fait se ratatiner davantage. L’ombre projette alors le pantin démantibulé en arrière d’un violent appui du pied sur l’épaule. Aucun son ne s’évade de la bouche du malheureux, qui se tord sur le plancher. Son regard ne se trouble pas suffisamment pour éviter de distinguer le sourire du chaperon noir. Il perd connaissance.

La silhouette clot la porte, se penche sur la victime, enfonce la lame une troisième fois, avant de sortir d’un sac plastifié une charlotte et un objet étrange.