Des Ly-Lys pour Lily

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 Des sueurs froides coulaient le long de mon dos. Mon cœur s’emballait. Je ne pouvais y croire. Près des mouchoirs brodés, deux côtes, encore ruisselantes du sang de Lily, étaient étendues. Comment était-ce possible ? Je me tournais vers Lily. Elle semblait interdite.

  • Ce n’est pas sa faute.

J’aurais voulu crier, vomir aussi. Je tombais à genoux devant elle. « Que se passe-t-il ? » Pas un instant, la mère se retourna, elle terminait sa besogne avant de s’effacer dans le cabanon.

  • Je vais bien, regarde.

 C’est vrai, elle ne tremblait plus. On ne décelait rien sur son corps qui puisse laisser croire qu’on luit eut arraché des os. Elle semblait même, s’être débarrassée d’un lourd fardeau qu’elle aurait traînée des années durant. Maintenant elle souriait. Sa robe volait au gré du vent. Lily semblait devenir aussi légère que cette dernière. Elle quitta ses ballerines pour s’avancer pieds nus sur l’herbe fleurie du pré. Elle me tendait l’une de ses mains, tandis que l’autre empêchait son chapeau de paille de s’envoler sous la brise insistante.

 Je défis alors mes chaussures de ville, pris sa main et m’avançai dans ce pré que je ne reconnaissais plus. Des larmes coulèrent alors sur mon visage. Je ne comprenais plus rien. Je me perdais.

 À ce même moment, des lys poussèrent parmi les sillons des champs et des prés autour de nous. Ils poussaient à n’en plus finir, devenant aussi hauts que possible. Cette vision était aussi belle que terrifiante. Lily se mit à rire, elle devint même euphorique. Le ciel d’été, bleu jusque-là, lui s’assombrissait, le vent lui, soufflait de plus en plus fort.

 Elle se mit à chanter :

  • Des lys pour Lily, des Ly-lys pour Lily !

 Elle dansait, courait dans tout les sens, s’éloignait. J’avais peur. Vraiment peur.

  • Arrête Lily ! Reviens maintenant !
  • Regarde, Gabriel ! Des Ly-lys pour Lily !

 Elle ne m’écoutait pas. Ses paroles ne devenaient plus qu’un seul refrain. Un refrain incessant, qui comme l’euphorie de Lily, comme le vent, s’intensifiaient. Bientôt les lys furent aussi grands que des platanes, ne laissant nulle part où fuir. Bientôt le vent souffla si fort que je du m’accrocher aux racines des lys pour ne pas être emporter.

  • Arrêtes Lily !
  • Des Ly-lys pour Lily !

 Je n’existais plus. Un dernier et violent auster fit les pétales et Lily s’envoler au loin, ne laissant plus que la pluie s’abattre sur moi.

 Je pleurais, incapable de bouger. Incapable de la sauver. Je la perdais une fois encore et je me perdrai encore sans elle. Cette pensée me terrifia, a l’agonie, je criai alors dans un dernier sursaut, sans le savoir pourquoi :

  • Pardon, Hélène !

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