Coincé dans un cycle

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 Impossible de dormir. Je suis apeuré, terrifié. Si je m’endors retrouverai-je Lily ? Où ne reviendrait-elle plus ? L’autre nuit, le vent l’avait emporté loin, du train, de la gare, du cabanon. De moi. Sans ses deux côtes, elle ne parviendra pas à marcher, jusqu’à ma folie. Cette pensée m’écrase de tout son poids. Devrai-je alors la chercher ? Non. Je me souviens. Elle ne s’était pas accrochée aux racines de ses lys. Les Ly-lys de Lily. Elle était heureuse. Peut-être de pouvoir me quitter ? Ce retour à la réalité me paralyse. Ça y est, je ne peux plus bouger. Pleutre. Voudrait-elle que je la retrouve ainsi ? Non. Je l’ai perdu. Et moi, avec elle. Intimement, je sais que ce n’est pas la première fois. Mais quand était-ce alors ? Ce rêve : le train, la gare, le cabanon. Lily. Il revenait sans cesse depuis… Je ne sais plus. Il crevait d’une telle réalité. Il semble appartenir à un lointain passé. Effacé. Puis retrouver chaque nuit, au plus profond de mes tripes, de mon être. Je veux savoir. Je veux m’endormir. Mais c’est impossible. Puisque je suis apeuré, terrifié. Je me recroqueville, coincé dans un cycle. Celui de mes pensées, tourments.

 J’aimerais crier pour en sortir. Mais je réveillerai Marion. Elle, dort avec quiétude. Elle ne sait pas. Je me suis trompé. Personne ne sait ce qu’est aimé. Pas même Claire. Aimer, ce n’est pas désirer. C’est l’être. On se fourvoie à prétendre le contraire. Par orgueil. C’est bien pour cette raison qu’existe la jalousie. Nous pouvons désirer à tout moment, de la même façon, la personne. Mais lorsqu’elle, enfreint cette règle, que le centre d’intérêt de l’aimé, ne serait-ce qu’une seconde semble se porter sur une autre. Alors, nous jalousons ce désir qui fuit. L’Homme est égoïste. Il est prêt à être aimé, sans retour.

  • Gabriel ?

Marion plisse les yeux. Le vacarme de ma tête l’a réveillé.

  • Tu ne dors pas ? me demande-elle, de sa petite voix, inquiète.

Je lui donne un baiser.

  • Non, mais toi, tu devrais. Il ne faudrait pas que tu manques mon cours demain.

Elle sourit à ma réponse.

  • Marion.
  • Oui, Gabriel ?
  • Merci, de m’aimer…

Elle n’entend rien de ce qu’il avait derrière ça. Elle est heureuse, c’est tout. Elle me prit les deux mains dans l’une des siennes. Comme Lily.

J’attends qu’elle ferme les yeux. Pour que je puisse pleurer. Je suis blessé, le cœur écorché.

J’ai perdu Lily. Celle, dont j’ai tant voulu qu’elle me désire. Que j’ai séquestré lors de mes rêves. Dans ce train, cette gare, ce cabanon. J'ai mal. Je lâche un dernier soupir :

  • Pardon, Hélène.

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