Je pars te retrouver

2 minutes de lecture

 Montparnasse. Elle, n’est pas usée. Des blocs de pierres et des morceaux de ferrailles enchevêtrés, empilés, encastrés. Comme fixée dans le temps. Elle, est pourtant, indémodable. Toutefois, il y a bien une chose, qui depuis tout ce temps, à changer. La quantité des gares en France. Les oubliées du parisien comme les nouvelles des provinciaux. Toutes affichées sur les grands panneaux. Je suis perplexe, perdu plutôt. Je peine à me sortir de mon infernal et diurne quotidien. Quelle est donc ma destination ? Quelle est parmi toutes les vieilles gares, celle, qui lorsque j’étais enfant, semblait déjà proche de sa retraite ? En bref, celle d’où je partais avec Lily chaque nuit. Enfin, jusque la dernière.

  • Où es-tu Lily ?

 Je m’égare, j’erre. Les sonneries retentissent, les sifflets sifflent, les employés s’emploient, la foule braille, les rails qui claquent et reclaquent. Je n’y arrive pas. Je n’y arrive plus. Je manque d’air, j’ai les mains moites, le souffle court. Et ma tête tourne. Elle tourne, tourne…

  • Bonjour Monsieur, vous semblez perdu, avez-vous besoin d’aide ?
  • Non !

 L’employé inquiet, désormais frustré me laisse tomber, m’effondrer, sur un banc juste derrière moi. Non, c’est le sol.

 Je respire. J’essaye. Mes mains sur ma tête, je crée un silence artificiel. Comme cette gare, qui elle, n’est toujours pas usée. Infatigable, habituée à son cycle. Il tourne lui aussi. Tout comme les roues des trains sur les fers. Je vais mieux. Mes pensées cheminent doucement, linéairement. Je suis calme. Enfin.

  • Messieurs par ici ! S’il vous plait ! Le dernier train en direction de Chartres, exceptionnellement terminus à Pont sous Gallardon repart de façon imminente. Merci de bien vous éloigner de la bordure du quai ou de vous y installer rapidement.

 L’agent s’agite, crie. Mais cette fois, sans m’étouffer. Machinalement, sans ticket, je suis, les derniers à monter et les rejoins dans une voiture encore libre d’une place.

 A l’avant, ça siffle, je l’entends. La grande machine, lourde, pataude, démarre. Le paysage de ma belle Paris défile, progressivement. Ça y est, songe, je suis parti, je suis en cavale de mon calvaire. Et je pars te retrouver, Lily. Dans un train dont je connais le nom, mais qui pourtant, m’appela de lui-même.

  • Attends-moi, murmurai-je.
  • Pardon, vous m’avez interpellé monsieur ? dit un jeune passager, juste devant moi, sur sa banquette.
  • Non, enfin, puis-je vous demander quelque chose ?
  • Oui bien sûr.
  • Y a-t-il des champs, un cabanon, autour de là où nous nous rendons?

Il rit, gêné à cette question, qui en réalité, est stupide.

  • Et bien, oui. Comme toute gare de province. Parisien n'est-ce pas ? Sans vouloir vous offenser bien sur.
  • Oui, je ne le suis pas au contraire. Merci.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Bismuth Bi83 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0