Elle se tenait à mes côtés, forme évanescente et éthérée à l’aura bienveillante. Quelques minutes auparavant, elle m’a accueilli dans ce monde que l’on appelle L’Entre-Deux. Ni vivant, ni mort. Ni réel, ni intangible. Physique et magique à la fois. Notre état de conscience vogue entre deux eaux tout comme notre corps et notre âme. Comment ai-je fait pour me retrouver ici ? C’est flou. Je me souviens vaguement d’un coup de feu, puis de la douleur et me voilà. Etrangement, je ne ressens rien : pas de colère, pas de tristesse, de frustration. Mais un intense sentiment de sérénité, d’apaisement. Mon hôte métaphysique m’a dit qu’il fallait avoir un esprit calme et lucide pour faire un choix, LE choix. 

Dans les mains, je tiens un trousseau de clé. Un anneau d’acier autour duquel se trouve des caroubles qui n’ont rien de faux. Au contraire. Certain sont de simple morceau de fer grisâtre sans grand intérêt, une clé des plus banale en somme. D’autres sont plus ouvragées, parfois en or, un platine, gravée ou non. L’une d’elle attire mon attention depuis le départ. Elle n’a rien d’extraordinaire : petite, en alliage de zinc et de nickel. Celle que l’on ferait refaire sans mal dans une cordonnerie ou un serrurier. Elle me parait pourtant familière. Et mon hôte le remarque. Alors elle sourit, et pose la main sur mon épaule. Comme pour me demander : « Tu as fait ton choix ? ». J’opine du chef.

Le reste des clés disparaissent alors du trousseau tandis que je m’avance vers cette porte qui se dresse là depuis le départ, tel un mur infranchissable. Les crans entrent dans serrure puis le passage s’ouvre. Une lumière intense m’aveugle, je dois porter le bras devant mes yeux. Puis mon corps disparait. Lorsque je m’éveille, deux visages sont penchés vers moi. Tout autour, une effervescence particulière, des lumières blafardes et le “bip” régulier d’un respirateur.

« Vous êtes revenus parmi nous, Monsieur Anderson. Nous allons bien vous occuper de vous. Vous nous avez fait une frayeur »

La clé maintenant je m’en souviens... C’est celle de ma maison, de mon chez moi. De mon retour parmi les vivants.

De toute évidence, ce n’était pas mon heure.