Chapitre 9 — Une part de pizza et un peu plus
On marche dans la rue, côte à côte.
Pas trop près. Pas trop loin non plus.
Le trottoir est un peu défoncé. Je regarde mes pieds pour éviter de trébucher.
— Tu veux quoi ? me demande-t-il.
— Un truc pas trop dégoulinant, je réponds. Sinon ça tombe toujours sur mon jean.
Il rit.
On prend nos parts et on s’installe sur un banc, pas loin du vieux kiosque de la place. Il y a quelques ados qui traînent, des enfants qui jouent encore même s’il fait presque nuit.
On ne parle pas beaucoup. Mais ce n’est pas gênant.
À un moment, il dit :
— Moi aussi j’ai du mal à faire confiance.
Je le regarde. Il mâche tranquillement. Ne me regarde pas. Il laisse juste tomber la phrase comme on laisse tomber un caillou dans l’eau.
— Tu sais pourquoi ? je demande.
Il hausse les épaules.
— Je crois que ça vient de mon père.
Silence.
Il ne développe pas. Je ne demande pas plus.
Je crois que c’est ça, la confiance.
Ne pas forcer.
Juste… être là.
Et ce soir, sur ce banc, entre deux parts de pizza tièdes, j’ai l’impression qu’on commence à écrire quelque chose.
Quelque chose qui n’a pas besoin d’étiquette.
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