Renoncement

Fut un temps, je passais mes soirées sur Instagram. C'était une habitude, presque un rituel. J'évitais soigneusement les stories qui m'interpellaient trop dans ma manière de vivre, voir mon identité, pour me plonger dans le contenu de certains comptes qui pour être choisis étaient hétéroclites.

Pendant plusieurs mois j'ai ainsi fréquenté l'un d'entre eux qui était à destination de jeunes femmes catholiques. Les posts avaient une dimension d'enseignement sur les différentes situations notamment amoureuses et maritales que ces jeunes femmes pouvaient rencontrer. Fréquenter est un bien grand mot, mais j'y passais le plus clair de mon temps.

Je me souviens particulièrement d'une publication concernant les ex. Vous me direz qu'au regard de ma situation amoureuse, ça ne me concernait que peu. Certes, mais lisez-moi jusqu'au bout.

L'auteur s'appuyait sur une histoire de la Bible que j'ai toujours trouvée trop cruelle. Un mari, sa femme. Ils fuient une ville de péché. Elle se retourne. Et la voilà tranformée en statue de sel.

On peut interpréter ce châtiment comme une punition au manque de volonté de cette femme. En vérité, il s'agit de bien plus que cela. L'histoire dont il est question, c'est celle de cette attente à tout épreuve qui continue de nous habiter même après une rupture. C'est le vertige né de l'absence qui nous pousse à nous retourner pour apercevoir une fois de plus, rien qu'une fois, notre passion se détacher sur un ciel d'orage, malgré le dénouement depuis lontemps écrit, et que peut-être nous avons appelé de toutes nos forces. Ne pas se retourner. C'est plus que de résister à une banale curiosité, c'est accepter un futur inconnu quand le passé, aussi noir qu'il soit, nous rassure.

Peut-être que pour une fois de plus, rien qu'une fois, j'irai ce soir sur Instagram pour jeter un coup d'oeil à la ronde des stories qui m'entraînent dans leur vertige.

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03/06/2025