Yemoya
La mer est le ciel des poètes.
La nuit, Yemoya danse sur la mer, le temps s'arrête et elle me regarde dans les yeux.
Et je vois des étoiles, elle m'a forgé les mains avec la lumière bleue de l'océan qui fait briller le cœur des femmes de bonté.
Yemoya dit qu'elle m'aime, elle m'a fait un collier de cauris. Elle danse pour que je puisse faire resplendir sur les feuilles d'autres mondes.
Alors quand j'écris, les étoiles, le soleil, se penchent pour me regarder, comme par jalousie, l'univers m'admire.
Quand j'en danse, les mondes s'inclinent pour me montrer des lueurs invisibles aux yeux.
Peux-tu toi écrire les tempêtes ?
Dans mon sang coule la mer, elle m'a donné le pouvoir sur les monstres marins.
Je plonge, à ses côtés, mon cœur ne me fait plus mal, il brûle de compassion, je fais prendre feu nos lèvres et l'on réécrit les épopées de l'Atlantide, à nous seuls, des épopées tantriques.
Yemoya est ma femme, celle qui referme mes cicatrices.
Oh, que je l'aime.
Elle m'a donné 7 puis 7, puis 7.
Et j'ai vu...
Grâce à elle, je peux écrire les dieux, je peux voir les dieux, je peux parler leurs langues.
Je n'ai plus peur de la mort.
Quand je tiens les seins de Yemoya, je ressens la mer, toutes les étoiles de mer qui palpitent, le sang de la mer, les vagues elles-mêmes qui se déchirent d'érotisme.
Laissez-moi vous écrire le teint de Yemoya, c'est la vie, c'est aussi la mort. Comme toute femme, piment et dattes. Elle me parfume de lavande, me pare de coquillages et me sourit avec les êtres de la mer toute entière.
Oh, Yemoya, je t'aime.
Un soir, pris de pleurs, j'ai touché d'encre une feuille et depuis, cela m'est resté. Je n'ai plus arrêté de voir ton visage.
L'impression de donner des coups de reins à la vie m'est restée. Je veux qu'on me brûle comme encens pour Yemoya.
À ma mort, jetez-moi dans la mer.
Oh, Yemoya, j'aime tellement les femmes, ne sois pas jalouse.
Tu es ma Maléna, ma Joconde, ma Vénus de Milo.
J'ai connu la guerre, j'y ai été avec Ogoun, j'ai été brisé, Yemoya m'a baisé les plaies et a enfoncé ses doigts dans mon cœur.
Je te composerai des hymnes, je reviendrai ici-bas t'aimer sept fois s'il le faut et si j'ai assez de temps.
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