Un mauvais présage 

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La lune se leva peu à peu, assombrissant le ciel. Le jeune dieu qui se sentait épuisé par la rudesse de l’entraînement d’Alfirin, observa les convives présents dans la Salle d’Apparat. Il pensa alors que la nuit pouvait se prolonger pour certaines divinités appréciant les banquets, en particulier dans le cas de Dinyosos, le dieu de la vigne et de la démesure. Il décida de prendre congé de son paternel, lui souhaita bonne nuit. Il traversa la grande pièce, aperçut l’Amazonide, sa demi-sœur et Miryan conversant proche de la sortie. Il monta les marches et s’arrêta sur le palier, soucieux de l’état de santé du dieu des océans. La fatigue l’emportant de nouveau, il préféra se coucher directement. Il entra dans son appartement, verrouillant la serrure à clef. Il n’eut besoin d’allumer les chandeliers muraux car l’astre lunaire diffusait sa lumière dans la pièce. Il posa ses accessoires sur sa table, s’assit sur son lit à baldaquin et enleva ses sandales. Il mit un fendard, se dévêtit de son khiton, s’endormit paisiblement suite à cette longue journée.

L’aube apparut à l’horizon, réveillant Argos par la clarté du soleil. Son regard se posa un instant sur la pièce puis baissa les yeux sur le divan qu’il avait mis au centre de sa chambrée. La manche de son épée était maintenue par le meuble. Quand à son sac de voyage et sa ceinture, ils étaient posés sur la longue chaise. Il soupira, enleva la couverture, s’assit sur le bord de l’alcôve. Il remit ses sandales et ouvrit un des tiroirs de la table de chevet. Il prit un ancien miroir au cadre de bronze, le mit face à son visage en observant la pilosité qui venait d’apparaître depuis quelques jours. Il le reposa, prit une tunique blanche pliée dont il se vêtit. Il se mit debout, fit coulisser le compartiment de la table par la poignée, espéra contre toute attente que son paternel ne le verra accoutré à la manière d’un àlfar. Il s’avança vers le divan et attacha sa ceinture. Le jeune dieu glissa son arme dans son étui, ramassa son sac qu’il mit à l’épaule.

Il traversa la pièce sans omettre de se vêtir de sa cape puis déverrouilla la serrure. Il ouvrit l’entrée et aussitôt à l’extérieur de sa chambrée, ferma la porte, introduisit la clef qu’il tourna dans la ferrure. En soupirant, il la retira de l’interstice puis la mit dans la poche de sa cape. Il remarqua la présence de l’Amazonide qui porta son attention en le voyant. Elle fut à quelques mètres de son appartement, adossés au mur, les bras pliés. Elle lui adressa un sourire et s’avança vers lui, le faisant face.

- Si je ne connaissais Naranwe, je penserais qu’il t’aurait condamné à ce voyage, dit Alfirin d'un ton ironique.

- Il est certain qu'il est un àlfar à l’allure impériale, dit Argos. Malgré cela, il est un compagnon indispensable quand il s'agit de situations périlleuses.

- En effet, tu apprécieras son caractère rébarbatif au fil du temps, dit Alfirin.

Argos eut à ce moment-là un sourire qu'il ne put réprimer. Considérant sa réaction comme un signe de départ, l'Amazonide lui fit une accolade. Elle s’éloigna de l’étreinte, l’emmena en direction de l’entrée de l’Olympe. Le dieu des océans attendit qu’ils descendirent les marches afin de sortir de l’appartement. Il avait décidé de rester dans la pièce, ne voulant se joindre aux autres divinités. Il pensait à ses fils qu’Héphaïstos avait accepté de garder en son absence. Il referma la porte en douceur, ne voulant réveiller les autres résidents. Il se retourna, fut soudainement accosté par l’àlfar qui vit Poséidon prendre l’apparence d’un visage plus jeune, la pointe de la lame sur son torse.

- Je suis stupéfait de remarquer la vélocité à laquelle une créature terrestre telle que toi as découvert mon identité, dit Hadès.

Les iris bleuâtres de Naranwe étaient enduits d'une plante nommée symbelmyne qui lui permit de montrer la véritable apparence du dieu.

- Je ne suis guère semblable à ces mortels irrévérencieux, dit Naranwe d'un ton irascible.

- Je suis en regret de t'annoncer que ta réaction est tardive, dit Hadès en l'observant. La toxine ronge la nature d'Argos en ce moment. La progéniture de Zéus étant à présent mienne, tu ne pourra garantir la sécurité des terres d' Àlfheim ainsi que celle de ton cher partenaire d'arme.

Naranwe transperça brusquement le dieu des Enfers en percevant l'allusion de l'àlfar capturé, ne pouvant contrôler sa fureur. Qu’attendait-il pour pourfendre ce cœur sombre pour qu’il cesse de battre ? Il se trouvait face à l’être qu’il haïssait principalement, celui qui avait jadis provoqué une hécatombe afin de prendre possession du Royaume terrestre.

- Je suis à bout portant de ton épée et pourtant tu hésite à m’abattre, dit Hadès. Serais-ce un lien d’attachement qui serait apparenté avec le fils de mon frère qui te ferait douter ?

- Vous vous méprenez, dit Naranwe qui garda ses mains sur la manche de l’arme. Argos n’est guère qu’une vulgaire divinité parmi tant d’autres. Cependant ce nectar mortifère que vous lui avez offert ne sera nocif car c'est votre fatalité qui advient.

Il retira tout à coup la lame ensanglantée du corps de son ennemi, visant le visage d’Hadès.

- Naranwe !

La garde son arme perça le mur à l’endroit où se trouvait la divinité quelques secondes auparavant.

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