Y a-t-il quelqu'un ?

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    Le soleil se couche. Je n’aime pas voir le jour partir. Il s’éloigne avec mes bons souvenirs de la journée et ne laisse derrière lui que l’angoisse d’être rattrapé par le sommeil.

    Depuis quelques temps, je suis pris de terribles insomnies. Dès que je ferme l’œil, j’ai l’impression d’une présence près de moi. Son regard est si lourd qu’il m’écrase de tout son poids. Dès que j’ouvre les yeux, plus rien. Le néant. Rien d’autre que ma chambre dans l’état exact où je l’avais laissée. J’ai l’impression de perdre les pédales.

    Ce soir, comme tous les soirs après mon dîner, je veille jusqu’à n’en plus pouvoir. Je veille jusqu’à ce que mes paupières deviennent trop lourdes pour être maintenues ouvertes. Je veille jusqu’à ce que mon corps me supplie de l’abandonner à la nuit.

    Je raccroche le téléphone. Ma mère m’a rassuré pendant une heure. Je vis seul, mais j’ai besoin de sa compagnie. Elle sait toujours trouver les mots qu’il faut. Elle m’assure que je me fais des idées : si mes affaires ne sont pas fouillées, si rien n’est jamais déplacé, alors personne n'entre chez moi. Je me sens bête d’avoir tant besoin d’être épaulé par ma maman à vingt-et-un ans, mais je pense que nous demeurons des enfants face à nos peurs. Ces peurs irrationnelles qui n’existent que parce que le jeune « nous-même » n’a pas affronté ses démons.

    Prêt à me glisser sous les draps, je pousse un soupir. Du regard, je fouille ma chambre une dernière fois. Porte ouverte sur le couloir sombre. Penderie fermée. Réveil affichant une heure quarante-deux. Sa faible LED verte éclaire le pan de mur d’en face. La vieille chaise en bois sur laquelle je pose mes vêtements se trouve dans le rayon de lumière coloré. Rassuré par cette énième précaution, je ferme un œil, puis l’autre.

    Mais mon pire cauchemar recommence dès que je ne surveille plus. Je sens qu’on m’observe. J’ai peur d’ouvrir les yeux. Je ne les ouvre jamais tout de suite. Je ne veux pas risquer de croiser le regard de l’intrus.

    Dès que le puissant regard s’éloigne un peu de moi, je soulève mes paupières. Tout est identique à la minute précédente. La porte ouverte sur le couloir. La penderie. Le mur. Le réveil qui affiche une heure quarante-trois. La chaise éclairée par la LED. Mais je ne me sens qu’à moitié en sécurité.

    Epuisé, je referme les yeux. L’oppression revient. J’ouvre les yeux. Rien.

    Ce petit jeu dure jusqu’à trois heures du matin et je finis par tomber dans les bras de Morphée.

    Cette fois, je suis réveillé par un petit « clac ». Je sursaute. Je sens un léger courant d'air sur ma peau. Mes yeux se posent sur mon réveil. Il est quatre heures et demie. Il me semble que l’entrebâillement de la porte est moins important. A-t-elle été fermée par le courant d'air ? Ou bien le courant d'air n'est-il qu'une conséquence de sa fermeture ? La fenêtre est close. Je prends peur. Cette fois, je suis certain d'être épié pendant mon sommeil. Je me saisis de mon téléphone pour appeler la police.

    Et là, je manque de m’évanouir. L'image de mon fond d'écran a été changée : c’est une photo de moi en train de dormir.

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