Voyage en terrain connu

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  • Euh... Sara ? Tu es sûre que c'est une bonne idée ? C'est pas que j'ai pas confiance, mais... Je sais pas trop quoi penser de ton truc.
  • Mais si, t'en fais pas ! répondit sa sœur d'un ton qui trahissait son amusement.

Sur ces mots, elle plaça un casque anti-bruits par dessus le masque qui empêchait son frère de voir la lumière du jour. Rendu ainsi aveugle et sourd, Samuel se laissa faire bien malgré lui.

Guidé tant bien que mal, il fit quelques pas en dehors de l'appartement, descendit tant bien que mal les escaliers et s'arrêta quelques secondes pour reprendre son souffle. Ils étaient désormais à l'extérieur.

  • Je la sens mal, ton idée...

Sara leva les yeux au ciel et fut tentée de baillonner son frère avec le petit foulard qu'elle portait autour du cou mais l'invita plutôt à s'assoir dans une voiture qui venait de se garer devant eux. Après un temps qui lui paru interminable, Samuel ne savait plus où il était, ni combien de temps il était resté à l'intérieur du véhicule à se faire balloter dans tous les sens. Désorienté, il fut cependant invité à descendre avant que quelqu'un ne lui retire son casque anti-bruits ainsi que son masque.

Quand il ouvrit les yeux, un immense sourire se dessina sur son visage avant qu'il ne se mette à rire jusqu'à en avoir mal aux côtes. Face à lui, Setsuna se tenait à quelques centimètres à peine de son visage et affichait la grimace la plus affreuse qu'elle connaisse - et elle savait s'y faire, en grimaces !

Elle lui sauta au cou sans prévenir. Déstabilisé, Samuel faillit tomber à la renverse mais se rattrapa juste à temps grâce à sa sœur qui avait tendu un bras vers eux.

  • C'était donc ça que vous complotiez, toutes les deux !
  • Je ne vois pas du tout de quoi tu parles, répondit Sara qui s'en allait déjà, un grand sourire aux lèvres.

Setsuna se décrocha de son cousin un peu à contrecœur après quelques secondes et les invita tous les deux à avancer vers un endroit que le jeune homme n'avait plus visité depuis une éternité. Sur le pas de la porte se tenait un homme d'une cinquantaine d'années. Sa barbe fournie et grisonnante dissimulait un grand sourire et ses yeux, aussi bleus que ceux de son neveu, pétillaient derrière d'épaisses lunettes rondes. A ses côtés, une femme presque aussi grande que lui passait une main dans ses cheveux roux avant d'accueillir ses invités à bras ouverts.

  • Salut, Sam ! Salut, Sara ! Vous avez fait bonne route ?
  • Euh... Pour ce que j'en ai vu... répondit Samuel.
  • Tout s'est déroulé à merveille, tatie ! Setsuna n'a écrasé personne sur la route pour une fois ! répondit Sara en tirant la langue à sa cousine.
  • Hé ! fit l'intéressée en faisant semblant de s'offusquer.

La maison était restée exactement comme dans les souvenirs du jeune homme. Elle était immense en comparaison de son petit appartement et comportait une petite pente qu'il fallait gravir avant de pouvoir pénétrer à l'intérieur. Ensuite, il fallait pénétrer par un court mais large vestibule dans lequel on rangeait ses chaussures pour ne pas salir le parquet.

Après avoir enfilé des chaussons, toute la petite troupe se dirigea vers le salon. Au fur et à mesure qu’il avançait, Samuel se revit étant plus jeune en train de se débarrasser de ses chaussures et de faire claquer ses tatanes juste pour le plaisir de les entendre taper contre le sol. Combien de fois avait-il accompli ce geste ? Il ne saurait le dire.

  • Sophie, on a de la visite ! héla sa tante.

Un grognement retentit dans la pièce d’à côté, puis un petit bruit de roues se fit entendre tandis qu’une jeune fille tout aussi rousse que sa mère venait à leur rencontre.

  • Salut Soso, comment te sens-tu ? demanda Sara.
  • Comme sur des roulettes, répondit l’intéressée en immobilisant son fauteuil roulant devant sa cousine.
  • Tant que ça roule c'est l'essentiel, ajouta son cousin en lui faisant un clin d'œil.

Sophie soupira mais afficha un petit sourire. Elle avait beau faire partie de la famille - ses yeux bleus en attestaient malgré ses cheveux roux flamboyants - et cotoyer son cousin depuis des années, elle n'arrivait tout simplement pas à se faire à son humour.

La grande horloge du salon sonna dix-neuf heures. Sophie tourna son fauteil et se dirigea vers la cuisine.

  • Sam, Sara, allez déposer vos bagages à l'étage. Vos chambres sont déjà prêtes, déclara leur tante en échangeant un regard entendu avec sa nièce. Pendant ce temps, les filles et moi allons préparer le repas.

Dans un concert de pas et de roues résonnant sur le parquet ancien, Sam et Sara transportèrent toutes leurs valises à l'étage, aidés de leur oncle. Sur le chemin, qu'ils connaissaient par cœur jusque dans les moindres recoins d'ombre, ils reconnurent tout le mobilier ainsi que les tableaux qui n'avaient jamais changé de place malgré les années. Seule la couleur du couloir avait été changée sur un coup de tête, Sophie ayant un jour fait remarquer qu'elle avait l'impression de circuler dans une maison de vieux. La semaine suivante, toute la tapisserie avait été enlevée et remplacée par une peinture fushia.

Bien plus tard, Samuel finit par s’allonger sur un énorme lit qui avait été préparé spécialement pour lui dans la chambre d’amis. Avec un grand sourire aux lèvres, il replongea presque instantanément dans ses souvenirs de chasseur d’étoiles et autres explorations faites en compagnie de Setsuna, puis avec Sara et Sophie. Cette maison, c’était celle de ses rêves et dans laquelle il avait passé la plus grande partie de son enfance. C’est bien simple : à eux quatre, ils étaient le roi et les reines de leur petit monde.

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