Ton souffle, je le sens toujours caresser les quelques cheveux contre le lobe de mon oreille. Je le connais ce sentiment et je savoure cette émotion qui se crée, brève, excitante, terrifiante quand elle croise mon regard. Pourquoi, me fais-tu cet effet ? cet effet que seul toi es capable de créer avant de l'étouffer ? Je l'apprécie, surtout quand tu me chuchotes des mots, des mots qui me remettent le sourire peu-importe où ce dernier est enfoui.
Réverbération comme la douce lumière qui caresse à son tour le reflet de l'eau cristalline avant de rejoindre les plis du sable. Sable ou champ de mais en plein été ?
Avec l'étouffement que tu crées, je vis dans une bulle où nos êtres sont liés à tout jamais, liés, parce que chacun de nous a pu atteindre et surtout posséder cette partie qui ne nous appartient pas : intacte comme nos êtres, inviolable comme nos essences et notre plaisir sourd, profond et poignant. Quand ton regard plongeait dans le mien, un frisson me parcourait le corps à une vitesse lumière, et je sentais mon corps raidir. Toi, qui me connaissais sûrement mieux que je ne me connais, qui me regardait autrement, avec qui je me sentais en harmonie. Tu es parti en un soupire. Un soupire a d'un coup remplacé mon souffle, ton souffle, ce souffle que tu me soufflais pour naître et renaître à perpétuité.
Je te veux apaisé, je te veux heureux, même si je ne sais plus ce que voudrai dire être heureux. Je me sens nue sans toi, je me sens étrangère sans toi, je me sens éperdument perdue sans toi, que vais-je devenir ?
Où es-tu ? je te cherche dans la pénombre, je te cherche dans les lueurs du soleil, je te cherche dans l'ombre, je te cherche dans la buée sur le verre et cela me rappelle des sensations fortes que je suis incapable d'expliquer aujourd'hui. Je te cherche dans les grains de sable, fins et moins fins, je cherche un signe dans l'alignement des étoiles, un son dans le ruissèlement des eaux, les notes de ton parfum dans la fraicheur de la terre, cette même terre qui nous accueillait dans son giron plus d'une fois. Elle t'a choisie et tu es parti. Inspire-moi, montre-moi le chemin pour te rejoindre. La vie m'insupporte sans toi. Une musique mélancolique, nostalgique est merveilleusement orchestrée par chaque partie de mon être.
Pourquoi ne m'as-tu pas emmené avec toi ? Je ne te sens plus et c'est plus douloureux que de me rappeler ta perte.
Inspire-moi pour que je respire à nouveau.
Chaque nuit, je plonge dans les méandres de nos souvenirs enfouis à tout jamais dans mes entrailles, à tout jamais ne veut finalement rien dire.
Une nuit, je t'ai senti tout près, mais je n'ai pu t'atteindre, alors une brise s'est emparée de mon corps frileux et je t'ai senti, tu m'as déchiré le coeur, brulé le corps et je m'en suis réjouie.
Je me suis rendue à toi mais tu m'as vite quitté pour repartir je ne sais-où.
Déchirée entre mes peines et tes souvenirs, nos souvenirs, déchirée de mon ennui, déchirée comme la nuit qui court après le matin, ou encore comme l'eau qui enveloppe divinement le sable mais qui ne peut jamais le contenir.
Les jours et les nuits se succèdent et me séparent de ce que nous avons été mais je peux apprendre à me montrer patiente pour ressentir ta présence dans une texture, une couleur, une senteur, une sensation, un rêve ou tout simplement que tu me guides jusqu'à toi.
Il est presque minuit et une fois de plus je trinque avec le diable. Nous nous délectons du pinot gris, tu t'en rappelles ? Corsé, harmonieux, fruité, léger, sec, je t'imagine l'eau à la bouche, les yeux rivés sur mes lèvres qui profitent de chaque note de ce vin dans lequel je noye mon chagrin.
Le diable me lorgne sans rien dire et je devine chacune de ses intentions. Il est minuit, exactement l'heure où tu es parti et où je ...