CH I: Fameuse nuit de Novembre
J'étais là, figée. Je pouvais sentir mes mains et mes pieds se pétrifier. J'étais impuissant, debout comme un bloc de glace, ne sachant quelle en était la cause. Était-ce ce vent glacial ou ce spectacle immonde qui se présentait devant moi ? Allongé sur le sol humide, sans vie, le sang coulant toujours. Cette dépouille avait perdu toute couleur devenant livide et dégradée. Il nageait dans une flaque de sang. Je regardais autour de moi pour m’assurer que personne n'était aux alentours. J'ai pris un profond soupir puis je me suis assis pour repenser à ce qui s’était passé. La main qui tenait l’arme mortelle, celle qui a ôté la vie de celui en face de moi, ne cessa de trembler. Comment les choses avait-il pris une telle tournure? Je ne sais pas. Nous étions simplement en train de discuter, ou plutôt je dirais que nous nous disputons, et en un clin d'œil il se retrouva par terre, ne montrant aucun signe de vie, le ventre entrouvert.
La seule chose qui résonnait dans ma tête était que je devais à tout prix cacher ce corps, ce corps qui s'avère être celui de mon frère. Oui, je venais de tuer ma propre chair, mon propre sang, mais cela était inévitable. Toute la haine et la jalousie m'avaient aveuglé. Que pouvais-je faire ? Le désir de le détruire me rongeait de l'intérieur. Autour de moi, j'étais un vaurien. Mes parents; les appelaient ainsi semblait illégal. Ils m’avaient interdit d’utiliser ce mot. Pour moi, c'étaient de parfaits inconnus avec qui je partageais un toit, et c'était réciproque. À leurs yeux, j'étais invisible. J'étais toujours dans l'ombre de mon frère. Il est parfait ; les gens me comparaient toujours à lui. Je le méprisais. Et maintenant, il est mort. Je l'ai tué. Je me suis débarrassé de la personne qui a fait de ma vie un cauchemar. Je devrais être heureux, c'est ce que j'ai toujours voulu, mais pourquoi sentait-je ce vide ? Cependant cela n’a plus vraiment d’importance à présent. Mon objectif principal est de détruire toutes les preuves sur le lieu du crime. Que devrais-je faire ? J’essayais de le tirer mais le corps était bien trop lourd.
Le ciel paraissait plus sombre que d'habitude, aucune étoile n'était visible, seule la lune éclairait cet endroit sinistre. Les longs arbres bougeaient dans tous les sens tels des silhouettes fantomatiques craquant sous le vent violent, les branches comme des mains osseuses s'étendaient vers le ciel le touchant, presque. L’ombre menaçant rendait cette forêt effrayante d’avantage, il dansait, se tordait dans tout part. Chaque bruit devient suspect, les craquements des branches, le hurlement du vent glacial, le croassement grave et sourd des corbeaux, qui devenait de plus en plus intense dans mes oreilles, un son intimidant et infernal. Ce lieu qui autrefois était mon lieu de refuge, ce lieu qui renfermait mes secrets les plus sombres, les plus obscurs devint maintenant la cause de ma souffrance. Je n’étais qu’un jeune homme, encore fort, encore beau. Que ferais-je de mon avenir?
J’étais engloutis dans mes pensées. Quand tout a coup, la terreur s’empara de mon corps, je tremblais, je tremblais telle une feuille dans cette nuit de cauchemars, mes pieds perdirent le contrôle, mon cœur battait tellement vite que j'avais crue qu' il allait s'envoler. Je voulais m'éloigner de ce cadavre mais je ne pouvais pas comme si une force maléfique ,surhumaine ,m'en empêchait. Le son aigu que j' avais entendu ne cessait de s'approcher. Je paniquais. Il se rapprochait de plus en plus. Ma tête allait exploser, devrais-je rester et accepter mon sort ou devrais-je m'enfuir? Je n'ai pas eu le temps de répondre ni d’agir. J’entendis des roues de voiture puis une lueur apparut entre les troncs. Elle s'intensifie et m’aveuglais au passage. Puis cette fameuse voiture s'arrêta nette devant moi. Une longue silhouette y sortit, je n’arrivait pas à l'identifier à cause de la lumière aveuglante, mais je savais que ce n’était pas un policier, ce qui me rassura un peu.
L’inconnu se rapprocha de plus en plus, son visage s'éclaircit, il avait une moustache assez épaisse, il m’était un bonnet rouge. Attends, ce bonnet rouge, je le connaissais, ce ne sera que lui. Il se pencha et dit: “John! C’est moi Michael! Que fais-tu ici dans ce froid ?”.
N’a-t-il pas encore vu le sang. Je me tournis et regarda vers la direction de mon défunt frère. Il vit. Il vit l’art que j’ai créé. Je pouvais sentir son souffle s'accélérer. Il me regarda avec un air inquiet et bouleversée. Il commença à pleurer hystériquement, il exprimait sa peur de telle. On s’est tous deux assis, fixant le sol, seul le hululement des hiboux interrompit le silence. Michael me regarda tout a coup s'interrogeant sur ce que j’avais l' intention de faire avec ce corps. Bizarrement il ne parlait pas, il faisait juste des signes avec ses mains. Est-il encore sous le choc ? Je baissais la tête. Il compris. Il s’est levais me tendis la main et me tira vers la scène du crime, m’ordonna d' aller chercher une pelle et une hache dans le coffre de sa voiture. Je fis ce qu’il me demandait sans dire un mot. Je ne savais pas ce à quoi il pensait, tant pis je n’avais pas besoin de savoir et je me résolus à suivre ses ordres à la lettre. Il coupa le corps en huit. N’importe qui serait dégoûté de voir cette horreur, mais j’y trouvais un certain plaisir, un plaisir très sucré. C’étais quelque chose que je n'avais jamais sentis auparavant. La haine avait-t-elle rongé ma raison? Ou étais-je vraiment en train de savourer chaque instant de cette agonie?
Nous creusâmes un trou de quelques mètres et y jetâmes une partie. Je ne me rappelais lequel, j’étais submergé par les émotions. Je ne savais où on avait enterré les autres. Du rouge, de l’orange et du jaune, evailla mes sens. Des flammes gigantesques. L’arme s'était transformée en cendre. Michael me regardait encore bouche bée et se dirigea vers sa voiture. Je le suivis. Elle prit longtemps avant de démarrer. Nul ne connaissait notre destination. Je ne pouvais pas retourner chez moi après tout ce qui s’est passé. Nous continuâmes notre route pendant des heures et des heures. On s’est arrêté devant une maison abandonnée. Ce lieu m’inspirait la trouille. Nous sortîmes de la voiture. Soudain, un vent me frappa et me donna des frissons dans le dos. J'hésitais à entrer, mais je n’avais nulle part où aller. On entra, investiga les lieux, l’endroit était dans un sale état, des bouteilles de bière étaient éparpillées par terre, des cafards erraient dans la saleté. J’etais degouté. Il n'y avait ni matelas ni lits.
-Ou allons nous dormir? Répliquai-je.
Il sortit, et revint après quelques minutes, emportant dans ses mains un matelas et des couvertures. J’étais perplexe. Jusqu'à maintenant il n’avait pas encore parlé, je trouvais cela étrange pour une personne bavarde comme lui.
Ce pauvre vieux Michael, qui est-il ? Disons que c'était un marchand qui m’avait recueilli et sauvés du froid le jour où j'ai essayé de fuguer. Il m’avait pris sous son aile. C'était mon ange. Mon sauveur. Je ne l’avais plus revu depuis mes dizaines. Le temps l’avait bien changé. Il avait toujours ce sourire doux, des yeux qui brillaient de milles éclats, un regard et une énergie capable de tout optimiser. Il vivait joyeusement même avec tous les problèmes auxquels il faisait fasse. Et je peux vous assurer que ces soucis sort de l’ordinaire. La personne devant moi ressemblait à cet ange tombé du ciel. Pourtant je ne pouvais pas le reconnaître. Ces yeux avaient perdu leur lueur, ils devinrent fades et livides avec un regard qui inspirait la peur et l'effroi. Les ondes qu'il émanait avaient carrément changé, ils sont devenus lugubres et mélancoliques. Que lui est-il arrivé pendant tout ce temps?
Plongée dans mes pensées et mon subconscient, un bruit sourd me conduisit vers la réalité. La vitre s'était brisée. Et je l’ai vu. Je l’ai vu. La silhouette de ma victime. De l’autre côté de la fenêtre, couverte de sang, il murmuré des mots, je ne sais quoi, je n’ai pû déchiffrer que quelques expressions qui m'avaient brisé tels la vitre : «qu’a tu fais? » , «crois-tu qu’il t’aimeront » et un mot qui se répétait sans cesse entre eux : «meurt». J’avais des vertiges. Mes pieds, je ne les ressentais plus. La dernière chose dont je me rappelais était mon ami se ruant vers moi jetant les sacs de provisions par terre.
Quand j'ai repris conscience, j'étais allongé sur le lit les mains moites et avec une sale migraine. Il était endormis dans un coin de la salle. Je me leva pour chercher un verre d’eau et j’ai trouvé ce fameux sac de provisions, il contenait tout ce qu’il faisait pour nourrir une famille pour des semaines et des semaines. Ce que je trouva un peu intrigant. De retour dans mon lit exécrable, je repensa a ce qui venait de se passer et je réalisa que j'avais raté un détail très important. Comment m’ a-t-il trouvé? J’étais au beau milieu de la forêt à minuit. Cette question me tracassa la tête et je n’arrivait pas à dormir.
Le soleil se leva presque. Mes yeux me picotaient. Je n’avais pas encore trouvé ni le sommeil ni une réponse convaincante. Et pourquoi n'avait-il pas ouvert la bouche depuis hier? J’attendais impatiemment qu’il ouvre ses yeux pour le bombarder de questions. Et c'est ce que j’ai fait, à peine a-t-il ouvert ces yeux, je lui ai dit :
-«Enfin, es-tu prêt à répondre à mes questions? »
Il me fixa intensément avant de pointer sa bouche et de faire des signes. Et quand je compris ce qu’il insinua par ces actes. Je m'effondrai par terre. Je ne savais si c'était par peur ou par choc. Ce qu’il avait mimé signifie qu’il avait perdu l’organe avec lequel il parlait. Sa langue. Quelle horreur. J'étais en ce moment-là devant un dilemme. Devrais-je continuer à le questionner ou devrais-je juste laisser tomber? Je méritais quand même de savoir la vérité. Je n’étais pas stupide mais pas intelligent non plus. Je cherchais une façon pour comprendre ces gestes. Je sortis mon téléphone, j’avais carrément oublié que je l’avais encore sur moi. En y pensant, si je l'avais éteint quand j’avais pris la route et avant de faire mon chef-d'œuvre, cela paraîtrait un peu trop suspicieux à mon goût. Quand je l’ouvris enfin, l’appareil était inondé de messages. Ce que je trouvai anormal puisque, à part mes deux amis et ma petite copine, je ne parlais à personne. La plupart des textes avait des mots tels: «ton frère », «chercher », «police». J’ai pris peur.
Ma petite amie, croyez-le ou non et l’a vu dans cette fripouille que je suis, ce que les gens ne voient pas. Elle m’aimait. Elle m’a aimé. Mes parents n'arrivaient pas à le croire, et mon frère avait tout essayé pour me la voler. Il voulait s’emparer de ma future femme. Il m’avait tout volé, et j’avais encaissé en silence toute ses années de souffrance, toutes ces humiliations, tous ces sourires satisfaits mais ma patience avait des limites que moi-même j’ignorais. Le fait qu’il s'intéresse à ma Sophie, était la goutte qui a fait déborder le vase. Oui, j’avais tout supporté, tout accepter, jusqu'à cette nuit ou cette patiente s'était dissipée et transformée en rage meurtrière, en irréparable. Elle était belle ma Sophie, blonde, de gros yeux bleus qui capturer ton cœur et le retenait prisonnier de son charme. Et sa beauté s’est emparé de moi, et m’a gardé prisonnier tels des lianes. Elle était plutôt proche de ma famille-plus que je l’étais, et il lui racontait tout car il la considérait déjà comme leur belle fille pour leur fils pas pour le raté que je suis. Je pris cela à mon avantage. Le message qu’elle m’avait envoyé était assez long:
« John, mon chérie, tes parents m’ont appelaient en pleurant ils m’ont informé que ton frère avait disparu il y a quelques heurs, ils voulaient déposer plainte mais la police leur a dit qu'il devait attendre que 24 heures s’écoule, ils ont essayé de persuader un détective privé mais il les a rejeté. Ils sont venus me chercher. Ils pensent que quelque chose de grave s'est produit. Et je commence à flipper aussi. Peut-tu venir me récupérais je ne peux pas supporter de rester ici une minute de plus. Je veux être à tes côtés pas avec tes parents »
Juste quelques heures et ils ont fait tout ce bordel, alors que quand j’avais disparu pour une semaine il n’avait même pas pris la peine d’informer la police. Je fixai ce message, des souvenirs vagues de nous deux ont commencé à refaire surface. Je savais que je risquais de la noyer avec moi dans les profondeurs de cet océan obscure qui m’avait déjà engloutie. Je lui répondis avec une phrase assez vague qui déciderai de notre future : « M’aimerais-tu même si j’étais un criminel »
Étonnement elle avait vu le message directement, comme si elle n'attendait que cela. Sa réplique m’avait réchauffé le cœur. C’était novembre, n'importe qui tremblerais de froid, mais je ressentais une certaine chaleur traversé mon abdomen. Quelque chose de salé et chaud ruisselait sur mes joues, un liquide transparent. Etait-ce des larmes qui coulaient? Oh, ma tendre et belle Sophie, je suis tellement désolée. Elle m’avait dit : « Oui, je t’aimerais toujours donc laisse-moi à tes côtés,et viens me sortir de là. Fuyons ensemble! »
J’avais carrément oublié la raison pour laquelle j’avais ouvert ce téléphone. Je me tournis vers Michael. Puis je le lui ai tendu, et lui ai ordonné d'écrire comment avait il perdu sa capacité à parler. Je n'étais pas mentallement prêt à entendre ce qu’il avait à dire.
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